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Biographie

Pulling Teeth

Formé d'ex membres de Slumlords, The Spark, Desperate Measures et Never Enough, Pulling Teeth donne dans un Hardcore furieux et sombre à forte influence métallique depuis ses débuts, reprenant ainsi de manière plus ou moins volontaire le flambeau de groupes tels qu'Integrity. Alors signés chez Deathwish, l'écurie prolifique de Jacob Bannon (Converge), les gars de Baltimore semblent ne jamais devoir se calmer et nous reviennent en 2007 avec un Martyr Immortal faisant suite au très acclamé Vicious Skin... en attendant la suite au cours d'une année 2008 qui s'annonce d'ores et déjà chargée. Le groupe revient en 2009 avec un EP surprenant qui laisse présager une évolution notable de leur son pour leur prochain album, chose que vient confirmer Funerary début 2011.

16.5 / 20
3 commentaires (16.83/20).
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Funerary ( 2011 )

Un jeu de pistes. Voilà à quoi ressemble, avec le minimum de recul, le parcours de Pulling Teeth.
Un temps rapide héritier d'un Crossover Thrash furieux avant de bifurquer plus rapidement et avec plus de démesure que quiconque vers les plaines du Holy Terror à la poursuite du fantôme d'Integrity, le combo de Baltimore s'extirpait cependant rapidement de la mêlée deux ans plus tard avec un EP plus discret, tout en rage contenue, mais d'une importance, nous allons le voir, capitale. Incompréhension et/ou déception. Exit l'urgence absolue, finis les raids thrashisés ultra véloces. Pulling Teeth était amer, comme écœuré d'avoir manqué de se laisser enfermer dans un cadre trop étroit pour ses prétentions, navré de ce mouvement hardcore à la vue courte et nous envoyait Paranoid Delusions / Paradise Illusions à la gueule, en ayant néanmoins prévenu poliment qu'il n'était de toute façon pas question de faire un Martyr Immortal bis ni de se laisser formater méthode Kurt Ballou. Et s'en retournait dans la pénombre.

Pulling Teeth venait en cinq titres d'envoyer bouler sans vraiment s'en défaire les codes d'un genre qui n'était pas le sien et la cuvée 2011 débarquait donc dans le flou le plus total. Qui sont réellement ces types? Où vont il mener leur barque? Personne ne le sait mais tout le monde espère encore. Jusqu'au moment où Funerary vous tombe sur le coin du crane sans prévenir. Pas le temps de réagir. Quarante-cinq minutes plus tard lorsque le brouillard se dissipe, Pulling Teeth apparait, seul, au bord du nervous breakdown mais apaisé, entouré des cadavres mutilés de ses œuvres passées, oscillant entre le rire nerveux et les larmes. Plusieurs écoutes seront nécessaires pour comprendre. Autopsie d'un massacre.

Le commanditaire est connu. Il n'a jamais cherché à se dédouaner de ses actes préférant même, en 2009, tuer le père plutôt que de devoir suivre une école qui, dans le fond, n'était pas la sienne. Pulling Teeth était hargne, Pulling Teeth était violence, et désormais Pulling Teeth est aussi tourment. Le sien, le notre. Les armes sont toujours les mêmes mais leur maniement s'est affiné, complété de techniques nouvelles. La victime est, elle, en revanche plus inédite pour la simple raison qu'elle ne fait qu'un avec son bourreau.
L'attaque est brutale, vicieuse, introduite par "A Bitter Harvest", courte piste instrumentale en trompe l'œil. Les gars de Baltimore se poignardent violemment, dans le dos, et s'accrochent, menant un rodéo sanglant avec leur propre identité musicale entre Hardcore haineux et, désormais, Death/Thrash/Sludge. La production, Metallisée à pleurer, dérange et Pulling Teeth vacille, titube écrasé par le poids et la violence des coups de son puis de ses assaillants (beaucoup de guests viennent prêter main forte - voir la tracklist), s'automutile, patauge dans son propre sang. Loin des fulgurances passées qu'un démarrage tout en virulence aurait pu laisser espérer, ce disque part en hors piste et installe l'inconfort. Funerary est un album douloureux, vomi, que l'on sent déjà plus dirigé vers lui même, introspectif dans le chaos, que destiné à distiller une hargne communicative. Un disque qui finit d'ailleurs par se briser en son milieu: après deux ultimes minutes de lutte ("Plastic Tombs", thrash comme jamais), le groupe s'écroule au ralenti et vient se crasher dans la fange.
Arrive le temps de "Funerary", titre lugubre, interminable, empruntant tout à la fois la tristesse de Rwake, le jusqu’au-boutisme de Will Haven et les moments les plus sombres de l'histoire de Converge et Ceremony reconvoquant et dynamitant dans la même dizaine de minutes les sonorités entraperçues sur Paranoid Delusions / Paradise Illusions. Commence alors un second album, loin, très loin du disque de Hardcore typique, nourri de mille influences, débordant de mélancolie et de participations venant augmenter encore la richesse (vocale) d'un disque déjà atypique qui se révèle en deux temps: tout d'abord autodestructeur puis déchirant. Là bas, un violon ("Funerary"), par ici un chant clair ("Whispers") ou des chœurs ("Waiting") et, partout au milieu de cette seconde moitié d'album poisseuse plombée, étrangement mélodique car totalement ravagée, cette sensation de voir une entité nouvelle se dresser, s'extirper d'une carcasse usée. Il faut parfois disparaître pour mieux renaitre.

Pulling Teeth a vaincu ses démons. Œuvre suicidaire et cathartique qui doit autant écœurer que fasciner, Funerary vient d'émanciper, de sortir ses auteurs du droit chemin, de les positionner un cran plus haut. Au dessus de la masse, loin des considérations stylistiques et des non-débats éthiques de mon cul. L'avenir du combo s'écrira désormais à la marge. Beaucoup en ont un jour rêvé. Pulling Teeth l'a juste fait.
Ce groupe peut aujourd'hui danser sur ses propres cendres et il n'y a rien à y redire.

A écouter : et à retenir.
13.5 / 20
3 commentaires (16/20).
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Paranoid Delusions Paradise Illusions ( 2009 )

Pulling Teeth nous revient en ce début d'année 2009 avec un nouveau bébé sous le bras. Répondant au doux nom de Paranoid Delusions / Paradise Illusions, ce 5 titres flirte tout de même avec les 25 minutes. Etonnant lorsque l'on jette un œil à la discographie du groupe, qui nous avait plutôt habitués à des compos tournant aux alentours de 2 minutes. Alors quid de ce dernier né ?

Un rapide survol de Paranoid Delusions / Paradise Illusions et l'on se dit que la machine s'est enrayée, que Pulling Teeth a perdu de sa verve depuis le Witche's Sabbath. "Ritual" peine à démarrer, "Paranoid Illusions" semble nourrit au hardcore doomisé et "Bloodwolves" s'oriente plus vers un métal lourd et torturé qu'un véritable hardcore comme "Heretic". En somme, les premières écoutes laissent un goût bien amer, Pulling Teeth ayant mis de l'eau dans son vin.
Pourtant, et c'est là la grande force de Paranoid Delusions / Paradise Illusions, lorsque l'on se penche à plusieurs reprises sur ces 5 nouveaux morceaux, on est pris à la gorge. Contrairement à ses comparses de Converge ou Trash Talk, la violence apparait maintenant plus détournée, creusant son chemin malade via des riffs malsains. Exit la furie dévastatrice, les cordes s'insinuent au tréfonds de l'âme sur "Paranoid Illusions", se font plus lourdes sur "Unsatisfied" tout en gardant un chant certes moins speed, mais baignant dans une violence toujours bien présente. De plus, des résidus de cette scène Holy Terror semblent parsemer certains passages ("Bloodwolves") même si trop peu présents pour les amateurs d'acharnement musical.

Paranoid Delusions / Paradise Illusions est un joli pied de nez de la part de Pulling Teeth. On reconnait la griffe du groupe sur chaque compo, mais elles restent la plupart du temps en cassure avec les productions précédentes. Ce disque semble être à double sens, comme le packaging qui l'accompagne. Ceux qui attendaient un Martyr Immortal bis seront déçus, mais Paranoid Delusions / Paradise Illusions est, avec le recul et une fois la première déception passée, un bon album, moins direct que les précédentes productions.

A écouter : Paranoid Illusions - Bloodwolves
16 / 20
5 commentaires (16.2/20).
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Martyr Immortal ( 2007 )

Octobre 2007 : revoilà les fous furieux de Pulling Teeth… Certains les attendaient de pied ferme. D’autres (nombreux) non, et la mandale n’en fut que plus monumentale.

Martyr Immortal est une vraie petite bombe lancée à 2000 à l’heure, sans freins ni direction,  une machine folle lâchée sur les rails du Hardcore Métal, à la poursuite du train hanté Integrity passé par là quelques années plus tôt. Car, ne nous mentons pas, c’est clairement dans les traces des masters of Holy Terror (ce Hardcore très typé Métal, rugueux, très sombre, et fortement vindicatif) que Pulling Teeth a fait ses premiers pas. Cela s’entend et se ressent énormément. Rien de très étonnant finalement à les voir signés chez Deathwish qui, encore une fois, aura eu le nez creux…
Ceci dit, il serait injuste de réduire Pulling Teeth à un simple rip-off d’Integrity. Certes le propos est là, les attaques métalliques et  autres forts relents de soli thrash également ("Dead is dead", "Sick and tired", "Ashes and dust"…) et l'affiliation est évidente sur "Black skies" laissant éclater toute sa noirceur dans l'utilisation d'un tempo fortement ralenti, plus pernicieux, sur lequel le chanteur s’arrache les poumons à se pâmer. On pensera bien sûr aussi à Converge… Mais Pulling Teeth ce n’est pas que ça.
PT fait partie avec Trash Talk, Cursed, Rise And Fall ou encore Trap Them de cette génération de groupes qui place un cran au-dessus le seuil de tolérance à l’agression musicale, sans tomber pour autant dans la Power Violence. Moins fulgurants que les premiers cités, moins massifs « à la suédoise » que les deux derniers mais d’une âpreté quasi sans égal et plus corrosifs par ces riffs acérés et via ce vocaliste qui martèle et vomit sa haine, les gars de Baltimore démontent avec un acharnement imperturbable individualisme, religion, consumérisme et hyperproduction ("With averice"), conformisme ("Basically dead") ou standardisation forcée ("Shiteaters"). Pulling Teeth plie le Monde en même pas une demi-heure de temps, dépotant les cartons à la sauvage quitte à faire une croix sur la caution. Ras le bol général, explosion fulgurante : la charge est frontale, sans fioritures et déstabilise. A moins d’y prêter attention, la réflexion sociétale du combo passerait assez vite totalement inaperçue, noyée derrière l’attentat sonore chargé d'un écoeurement total craché par les enceintes.... Un peu comme pour deux éléments indépendants victimes d’un effet d’entrainement une fois réunis, le propos ne fait que gagner en puissance dans son association avec la musique qui, pourtant, se suffit presque à elle-même. C’est dire la force évocatrice de cette dernière. Entre montées d’hystérie épileptiques (double pédale foudroyante sur "Rains"), guitares thrashisées, beatdowns fracassants ("Shiteaters") et accalmies mélancoliques (les instrumentales "Mori vincent omnes" ou "Dissmised in time" qui clôture l’album), Pulling Teeth lacère, burine, agresse,  plein de cynisme et de rancœur. Totalement fou et addictif.

Pulling Teeth sort le grand numéro avec ce Martyr Immortal et, en dépit d’influences clairement identifiables, marque son passage au fer rouge. Le groupe joue un Hardcore Métal résolument moderne et le fait plus que bien en tranchant dans le lard sans vergogne, et en se montrant peu avare en efforts. Le combo fait  un tel boucan qu’il est de toute façon impossible de l’ignorer. Pari réussi : cet album est une boucherie dont on se souviendra surement longtemps  après y avoir posé une oreille.

A écouter : Poings serr�s et muscles band�s, pr�t � en d�coudre.