4: un EP, 10" et 2 face(tte)s d’un bonhomme. 4 pour autant de titres et 1 comme le nombre d'intervenants qu'auront nécessité la composition et l’enregistrement de ce bout de plastique, comme beaucoup d'autres, anecdotique.
John Sharkey est seul, absolument seul et démuni. Sa musique, déplumée comme jamais, recroquevillée mais pleine, riche, presque à l'étroit dans cette enveloppe famélique qu'il lui offre et nous dévoile sur ce premier EP.
La basse au centre, une batterie au minimum de ses capacités, un synthé du pauvre aux mélodies scintillantes mais fatiguées et une voix profonde, désespérée, posée avec un maniérisme forcené, voici là l'ensemble des éléments composant 4. Trois fois rien en somme. Presque une blague 80's d'étudiants dépressifs et fauchés. Mais voilà, Puerto Rico Flowers n'a rien d'une blague. Ce dépouillement terrible, quelque part, sonne horriblement vrai. Débarrassé de tout, que peut-il rester hors de la sincérité et de l'intelligence pour essayer de convaincre?
Tout se joue là, dans l'instant. Et à ce moment précis Puerto Rico Flowers frappe juste faute de frapper fort. L'ex Clockcleaner convoque dans sa cave poussiéreuse les accents les plus graves de Depeche Mode, laisse planer sur ses quatre titres hors de rythme et hors du temps l'ombre menaçante de Joy Division, brille d'un dandysme cheap, usé, aux coudes de vestons rapiécés. 4 pue la dépression et la fin de mois, manque encore der fermeté dans son propos mais 4, à ce petit jeu, se révèle captivant dans son acharnement au delà du raisonnable à sonner terne. Tout simplement parce qu'il n'est pas vraiment question d'autre chose ici et que Sharkey amène une profondeur réelle à la nuance de gris. De la différence entre une vision, même singulière, capable de charrier son sens propre, d'affirmer une esthétique et le mimétisme trop répendu, tout aussi bon puisse-t-il être.
Du bruit un jour, de la passion toujours: à peine le certificat de décès de Clockleaner délivré, le voici déjà embarqué sur une nouvelle aventure. Et par nouvelle, entendons bien « différente », dans tous les sens du terme. A défaut d'être révolutionnaire. Car le bonhomme semble bien être définitivement resté bloqué aux portes du millénaire, marqué par ces artistes que nous connaissons tous (à raison).
On applaudira autant la qualité de "Not my idea" autant que l'on regrettera sa position dans la tracklist, écrasante, appuyant exagérément sa supériorité en comparaison des autres titres. Mais tant pis, 4 par Puerto Rico Flowers c'était bien malgré tout.