Les tympans délicats peuvent rebrousser chemin. Psyopus ne fait pas ici dans la dentelle, et délivre avec ce premier effet discographique un amalgame de grind, de métal et de hardcore dans la plus pure lignée de The Dillinger Escape Plan. La jeune formation vient alimenter l’importante horde amatrice de musique alambiquée émergeant ces derniers temps, y faire son trou constitue par conséquent un challenge des plus difficiles.
Depuis les prémices de Psyopus, la technicité a fait l’objet de toutes les attentions, ce qui est crucial dans ce style mathcore il faut bien l’avouer. Mais là où le bât blesse, c’est que la virtuosité des musiciens est l’unique centre d’attraction de cet Ideas Of Reference. On subit passivement une surenchère/superposition de riffs brutaux dissonants et autres déboulades de manche stridentes et agaçantes, ne durant pour la plupart pas plus de 15 secondes. Quelques passages parviennent malgré tout à accrocher l’oreille comme le break heavy de The Long Road To The 4th Dimension, ou encore l’accès death métal de Mannequin. Sur la longueur, il est cependant difficile d’échapper à cette sensation de brouillon chaotique dépourvu d’âme et d’ambiances, si ce n’est les courtes embardées jazzy loin d’être mauvaises, mais au final si caricaturales (Ephel Duath le fait déjà si bien).
Si le fond pâtit de ces excès démonstratifs, il faut reconnaître que Psyopus s’en tire plutôt bien dans ce domaine. Outre la frénésie du guitariste Chris Arp, l’épileptique batteur Corey Barnes est ahurissant de violence mais aussi d’inventivité, que ce soit dans les terribles blasts "grindeux" ou les arythmies casse-tête. Le chant d’Adam Frappolli se doit naturellement d’être à la hauteur de la fureur de ses collègues, et c’est ce qu’il parvient à faire de sa voix grasse et monocorde dans une saturation proche de celle de Norma Jean.
Loin d’être un album totalement raté, les neufs titres d’Ideas Of Reference manquent hélas de profondeur, de cohésion, et souffrent de cet aspect "performance" presque sportif. Il ravira cependant les inconditionnels de Dillinger ou d’Ion Dissonance, et plus largement les amateurs de brutalité technique et chirurgicale.
A écouter : The Long Road To The 4th Dimension, Death I...