perfect
Pryapisme
Metal Expérimental
Diabolicus Felinae Pandemonium
Chronique
S'il est encore besoin de préciser en 2017 que les chats sont depuis toujours de sordides et perfides créatures - pour utiliser un vocabulaire convenable - voici pour vous les sceptiques Diabolicus Felinae Pandemonium (orgie de chat pour ceux qui n'ont pas pris latin au collège), le troisième LP de Pryapisme, l'album de l'immaturité, le dernier avertissement avant l'avénement de l'ère du chat, l'histoire de l’Élu qui soumettra l’humanité à l’aide de son pentagramme de croquettes.
- « Mais c'est pas bientôt fini tes conneries Jean Louis ? Y’en a marre, sur le prochain album, tu vas me mettre moins de chats, moins de 8 bits et surtout moins de blast beat. Voilà ! »
- « Miaou…. »
- « Bon d’accord, fais comme d’habitude… »
Ce troisième LP des fêlés du bocal clermontois est à l'instar des précédents opus du groupe : une franche réussite. Techniquement irréprochable, bien produit, et artistiquement toujours aussi à l'ouest des modes et des tendances... Quelque part entre Hyperblast Super Collider et Futurologie, les deux derniers méfaits en date du groupe, Diabolicus Felinae Pandemonium mélange leurs colorations sensiblement différentes, pour un résultat toujours aussi extrême, jusqu'au boutiste, dense et indescriptible, certes un peu moins zozo que le premier, mais un peu plus dynamique que le second, avec un vrai travail de cohérence qui n'était jusqu'ici pas toujours le point fort du combo.
En bons pharmaciens du bonheur, metalorgie vous propose donc la prescription suivante : 10 écoutes étalées sur cinq jours, une le matin, une le soir, avec un lavage des oreilles le midi en écoutant quelque chose de fade (vous n'avez que l'embarras du choix). A défaut de vous sentir mieux - le résultat de l'ordonnance étant très aléatoire selon les individus - vous serez repu, diverti et rien de moins que fasciné. Effet garanti. Car c'est le résultat incontestable de ce petit traitement face à l'ennui et l'impression de (trop) souvent tourner en rond niveau musical ces derniers temps. Une fascination morbide, maladive face à ce bordel de pavé pas si désorganisé que ça, ô combien habile et synonyme d'accoutumance aiguë. La notice de l'album devrait d'ailleurs mettre en garde contre le quadriptyque "La Boetie stochastic process / 100% babines, pur molossoïde / A la Zheuleuleu / Tau Ceti Central", nous déclinons d'ailleurs toute responsabilité quant à l'overdose possible si la posologie n'est pas respectée. C'est important la posologie.
On nous avait annoncé le retour de l'humain au premier plan : sans avoir abandonné la programmation d'instruments saugrenus ou le placement d'au moins une bonne demi douzaine de détails techniques sur chaque plan, le recadrage de composition et d’exécution autour de quelques instruments plus traditionnels est bien perceptible. Riffs bas du museau ou arpèges "tendinite", les guitares sont à l’honneur et l’album regorge de repères appréciables pour la santé mentale : breaks, montées en puissance, jolis arrangements, tout y est. C’est la première fois que Pryapisme enregistre un album avec la formation live actuelle (cinq musiciens au lieu de trois précédemment) ; plus chalereux et moins artificiel, le résultat ne tarde pas à se faire ressentir, notamment grâce à cette dualité omniprésente de guitares très différentes et à l’utilisation de nombreux synthétiseurs analogiques.
Evidemment l’album déballe toujours avec un plaisir non dissimulé son lot de samples débiles, de nappes 8 bits cradingues, use et abuse de vieilles consoles, de modems 56k, et autres synthétiseurs improbables. Tout cela contribue grandement à la folie ambiante, et un album de Pryapisme ne serait pas ce qu’il est sans ces artifices de vieux sorcier, mais à quelques exceptions près, c’est toujours bien fait et rarement dénué d’intérêt.
Moins oppressant et plus facile à digérer, ce dernier opus a largement de quoi séduire, mentions spéciales aux titres évoqués plus au dessus, parmi les meilleures compositions du groupe à ce jour.
Et puis, à force de nous en mettre plein la gueule gratuitement, à grand coup de blast beat et de guitares grasses, on en vient vraiment, mais vraiment, à apprécier les délires hard tech, 8-bits, dub-step ou jazz disséminés ça et là, qui une fois pour toutes terminent de définir le style Pryapisme. Leur meilleur album à ce jour : 3 ans de travail, 10 titres, 57minutes, 88 gigas octets d’audio, et 861 pistes, ils ont vraiment bien bossé, ont réussi à faire du Pryapisme sans tomber dans la redite, ce serait bien dommage de passer à côté !
A écouter : 1
Les critiques des lecteurs
perfect
Pure curiosité, je vais voir à quoi ressemble ce fameux Pryapisme, persuadé que deux petites minutes d'écoute suffiront à me convaincre que ce n'est pas mon truc... dix fois plus de temps plus tard, j'y suis encore, et finalement c'est peut-être bien mon truc. Alors je me prends le CD, je l'enfourne, et je me choppe un mal de crâne. Je n'étais pas dans de bonnes dispositions, pas suffisamment préparé.
Trente jours et douze nuits de méditation en pagne et en haut de l'Everest plus tard, l'illumination s'est emparée de moi : je suis prêt pour Diabolicus Felinae Pandemonium.
Après un tension si longue, la jouissance n'en est que plus libératrice.
Et puis d'un coup d'un seul, me voilà envahi par tous les chats du quartier, ils ont pris ma Master System en otage et entament des rituels démoniaques dont je suis au centre. Je ne sais pas exactement à quoi ça rime, mais voilà des heures que ça dure. C'est que je commence à avoir faim, moi... Et puis il y a ce pentagramme de croquettes, autour, peut-être que si je... Tiens, qu'est-ce que...?
Miaou.