Toujours de bon goût, Prostitute Disfigurement traîne depuis quelques années déjà son brutal death façon hollandaise sur les scènes européennes (et arrive même parfois bien en retard, comme l'atteste cette chronique un peu forcée), et remporte un franc succès auprès du public brutal. Qu'est ce qui compose donc la musique de Prostitute Disfigurement ?
Hé bien le combo batave est un banal groupe de brutal death comme on en trouve par paquet de vingt de nos jours. Du gros blast quasi-permanent (sans tomber dans la surenchère, ce qui est un bon point), des compos toujours similaires, bien rapides et techniques, avec beaucoup de changements de rythmes restant toujours dans l'optique brutale. On retrouve ça et là des grosses influences américaines, Cannibal Corpse, Suffocation voire Morbid Angel venant à l'esprit lorsqu'on écoute la musique des hollandais. Ils disposent cependant de deux armes leur tailladant une personnalité propre : les guitares bien heavy (les solos mélodiques sont des petites merveilles) jouant un peu dans le registre death old school, bourrées d'harmonisations efficaces et groovy, ainsi que d'un sens poussé du riff qui fait mouche. Les six cordes de la bande de chevelus se font même sautillantes dans quelques passages.
La deuxième arme de Prostitute Disfigurement, et accessoirement celle qui fait sa renommée, c'est cette ignoble voix de porc qu'on égorge, tout droit sortie d'un groupe de goregrind tchèque à la NCC ou Jig-Aï. Le puissant chant reverse du grogneur, bien qu'en décalage avec le death pratiqué par les musiciens, colle étrangement au côté groovy et brutal des morceaux, et ajoutant une petite originalité au brutal death du groupe. Le tout forme une masse épaisse de brutal death efficace et groovy, certes pas original mais assez prenant aux premières écoutes.
Mais le gros défaut de Prostitute Disfigurement, comme beaucoup de groupes de brutal death, c'est la platitude de son death metal. La bande batave tombe dans le piège du blast sans aucune ambiance, bourrant juste pour bourrer, et oubliant complètement de donner une réelle saveur à sa brutalité. Là où un Nile use d'ambiances égyptiennes et où un Devourment rajoute un côté poisseux et gore pour colorer leur son, Prostitute Disfigurement choisit la facilité et donne dans un death basique, commun, blastant sans âme, faisant remuer la tête mais n'accrochant pas les tripes ou les c*******... Un beau gâchis lorsqu'on se rappelle des qualités du groupe.
Left In Grisly Fashion est donc un de ces albums de brutal death sans saveur qu'on retrouve par paquets de 30 sur la scène death metal actuelle. Malgré des voix originales et de très bonnes guitares, Prostitute Disfigurement tombe dans le piège du brutal death et finit par ennuyer. Un album efficace, mais sans réelle portée. A réserver aux fans de brutal death, ou à ceux qui se sont ennuyés de Cannibal Corpse.
A écouter : Freaking On The Mutilated, Shotgun Horror