Primus

Fusion

États-Unis

Green Naugahyde

2011
Type : Album (LP)

Chronique

par lelag

Un album de Primus en septembre, c'est un peu noël avant l'heure : les enfants terribles de la fusion sont de retour pour leur septième album studio et ce cadeau va très certainement ravir les fans d'un des groupes les plus déjantés de la côte ouest des États-Unis. Au programme de cette nouvelle escapade au pays incroyable de Les Claypool et de ses compères : une petite heure de fusion furieuse dont nous avions eu un extrait probant en concert cet été, pour leur re formation. Ils n'avaient rien sorti de nouveau depuis 1999 et le très bon Antipop, hormis quelques chansons inédites pour la parution de best of et autres EP's de 2003 à 2006, ils nous reviennent donc avec du contenu exclusif, un nouvel album fraichement sorti et intitulé Green Naugahyde (pour cuir artificiel vert...).

Les Claypool annonce cet album comme une sorte de réminiscence du cultissime Frizzle Fry, leur premier album studio, beaucoup diront leur meilleur album. Qu'en est il donc de ce nouvel album du trio déjanté ? Pétard mouillé ? Un Frizzle Fry 2 ? Ou un énième come back d'un groupe des 90's ?

Ce que l'on peut dire de prime abord, c'est qu'effectivement, ce Green Naugahyde possède pas mal de points en commun avec Frizzle Fry, c'était annoncé, et on constate une ambiance similaire : des titres qui vous mettent dans l'ambiance (Eyes of the Squirrel, Eternal Consumption Engine, Green Ranger), d'autres qui secouent un peu (Hennepin Crawler, Jilly's on Smack), et cette patte si caractéristique du groupe : un groove alambiqué et travaillé, qui explose toujours au moment où on s'y attend le moins. Mais là où Frizzle Fry déployait un nombre incalculable de pistes énergiques et rock 'n roll, ce nouvel album déçoit un peu dans ce sens à la première écoute. Le groupe se serait assagi ? Exit les perles brut de décoffrage comme Mr Knowitall, Jerry was a race car driver, ou Tommy the Cat. Ici, tout semble plus réservé, plus timoré. On sera plus frappé par l'ambiance qui règne sur l'album. Bizarre, glauque, de l'humour noir plein les poches, Claypool nous assène de lignes de basse truffées d'effets, de textes pince sans rire très cartoonesques, le tout agrémenté par les riffs si particuliers de Lalonde, qui semble s'amuser à nous faire voyager de tableau en tableau, plus pittoresques les uns que les autres. Depuis toujours dans les albums de Primus, les animaux les plus improbables se côtoient dans des fables et autres farces acides dépeignant la société américaine, ce nouvel album ne déroge pas à la règle et nous propose son florilège de textes absurdes (HOINFODAMAN, Last Salmon Man, Moron TV) et de textes un peu moins légers qu'auparavant témoignant, sinon un changement d'humeur, une certaine volonté à vouloir parler de sujets plus sérieux (Eyes of the Squirrel et sa critique des reality show, ou Jilly's on Smack abordant le sujet de la drogue avec une amie récemment perdue).

On sera bluffé sur certaines chansons par la contradiction qu'il y a entre la mise en scène complexe, et l'efficacité des refrains et riffs : Last Salmon Man et Jilly's On Smack sont à ce sens les deux meilleures pistes de l'album et témoignent de la mutation qu'avait commencé le groupe avec Antipop : un peu plus de technicité, des ambiances plus étoffées mais moins de sauvagerie dans la démarche. On est très très loin de l'efficacité d'un "My name is Mud" par exemple. Mais ne vous y trompez pas, cet album reste un très bon album, et on se laisse facilement immerger dans l'univers unique de Claypool. Vous trouverez votre compte de riffs dévastateurs sur Last Salmon Man, Jilly's On Smack ou HOINFODAMAN, sourirez à l'absurde de certaines chansons comme Extinction Burst ou Moron TV, serez époustouflés par le niveau de technicité tant à la basse qu'à la guitare et les artifices utilisés sur certaines chansons, donnant une richesse hallucinante aux compositions. On savait les trois compères friands d'effets en tout genre, et bien cet album en regorge à foison. Même la batterie n'est pas en reste, le retour du batteur d'origine (Jay Lane) nous donne l'occasion d'entendre un jeu de baguettes subtil et précis (Hennepin Crawler, Eyes of the Squirrel), nous faisant presque oublier l'excellent Tim Alexander. Tout cela couplé à la voix et aux paroles délirantes de Claypool, on se surprend à jouer une deuxième fois l'album et à chantonner et dodeliner de la tête en cadence, et cela même si la première écoute laissait présager un album chiant et mou.

Au final, Green Naugahyde nous procure l'exacte dose de Primus qui nous manquait depuis dix ans, sans être exceptionnel, l'album a largement de quoi se défendre et se révèle au fur et à mesure des écoutes plus que plaisant : une once d'humour noir, des palettes d'ambiances exceptionnelles dont seul Primus connait la recette, et une musique presque parfaite si les compositions avaient été plus énergiques. Ceci est un bien un album de Primus, si vous aviez des réticences quant à la re formation du groupe ; loin d'être le meilleur album du trio, celui-ci fait office de transition vers un groupe qui vieillit un peu, mais qui sait toujours composer des pistes originales et sacrément bien foutues. A écouter.

16

Les critiques des lecteurs

Moyenne 15.69
Avis 8
Foxpro February 10, 2018 18:20
Un de mes albums favoris de Primus !!

Jilly's on smack est le meilleur morceau de l'album tandis que last salmon man ,moron tv et extinction burst sont eux aussi a couper le souffle...

" Les claypool est le meilleur !!!"
16 / 20
UmeaSound August 5, 2013 21:47
Super délirant, frais, space et reposant !

Vraiment cool ce skeud :)
15 / 20
Hebus January 8, 2012 12:40
Du bon Primus comme on l'aime! Une bonne surprise
16 / 20
Renard666 December 20, 2011 16:02
J'aime bien Primus mais je ne crois pas que cet album soit indispensable.. Toujours fun, cela dit.
14 / 20
Freddadx October 3, 2011 10:43
Excellent retour de mes chouchous. Ils sont revenus à un style un peu plus énergique et j'ai envie de dire plus "fun". Des chansons comme Tragedy's a comin sont un peu plaisir. Des années que j'attendais ça.



@iam_trying_to_belive : The residents fait en effet partie des influences du groupe. Ils ont d'ailleurs fait des concerts ensemble.
16 / 20
iam_trying_to_belive September 26, 2011 08:14
Je continue mon petit délire de re-commenter des albums que j'avais déjà commenté il y a plusieurs années, histoire de voir si mon opinion a changé depuis tout ce temps! Mon commentaire initial est sous la ligne.

Bon, pas besoin d'en parler 45 minutes, cet album est super, je l'apprécie même plus qu'avant! Du coup hop je monte ma note de 14 à 16 (ce qui est plutôt rare, j'ai plus l'habitude de baisser mes notes après coup)...

The eyes of the Squirrel are watching...

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Je ne connaissais pas Primus avant il y a trois jour et je trouve ca énorme! cet album est juste une perle, tous le titres se valent, et apparemment ils n'ont pas changé de style, toujours fidèle à se son lourd(presque crade),des ligne de basses à faire péter la stéréo et toutes les fenêtres de l'immeuble. Et pour dire que leur dernier album en date est vieux de onze ans, on peut dire que Primus est toujours aussi efficace.

PS la voix de Claypool est clairement influencé par celle du groupe The Residents



Note initiale 14/20 le 26.09.2011
16 / 20
korkx September 15, 2011 10:20
une bombe!!! je le conseille à tout ceux qui ont du goût!

primus sucks!
16 / 20