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Biographie
Trio formé en 1984, Primus nous sert une musique indéfinissable et étrange, mélange de metal progressif, funk et musique country, accompagnée souvent par des textes très droles, pastiches de la société américaine. The Desaturating Seven ( 2017 )Réaliser des chroniques est une activité à risques. Il en faut peu pour faire le pas de trop, celui qui nous emmène irrémédiablement à devenir accro d’un album ou d’un groupe. Primus est la représentation parfaite de cette contradiction où il est si facile de laisser le son posséder puis prendre le contrôle de notre cerveau … et puis de le laisser faire avec un certain plaisir. The Desaturing Seven ne fait bien entendu pas exception à la règle. Green Naugahyde ( 2011 )Un album de Primus en septembre, c'est un peu noël avant l'heure : les enfants terribles de la fusion sont de retour pour leur septième album studio et ce cadeau va très certainement ravir les fans d'un des groupes les plus déjantés de la côte ouest des États-Unis. Au programme de cette nouvelle escapade au pays incroyable de Les Claypool et de ses compères : une petite heure de fusion furieuse dont nous avions eu un extrait probant en concert cet été, pour leur re formation. Ils n'avaient rien sorti de nouveau depuis 1999 et le très bon Antipop, hormis quelques chansons inédites pour la parution de best of et autres EP's de 2003 à 2006, ils nous reviennent donc avec du contenu exclusif, un nouvel album fraichement sorti et intitulé Green Naugahyde (pour cuir artificiel vert...). Pork Soda ( 1993 )Primus ! La simple évocation du nom fait esquisser un sourire entendu et complice. Un groupe à part, au son unique et à la démarche décalée, qui réussit à proposer une musique radicalement différente tout en restant accessible. Un groupe que l’on aime aimer, auquel on s’attache jalousement. Les héros de l’alternatif, les freaks triomphants, les sauveurs de l’ombre dans un paysage musical trop souvent formaté. Mené par le chanteur/toon vivant/bassiste Les Claypool, le trio avait mis la barre très haut avec ses deux premiers albums studio, Frizzle Fry et Sailing the seas of Cheese. Alors qu’il semblait impossible d’aller plus loin dans le bizarre, la virtuosité et le groove, le groupe accouche en 1993 du monstre Pork Soda et repousse par là même ses propres limites, explorant les zones les plus sombres de son univers étrange. Pork Soda est un album à la noirceur profonde, mais il s’agit là de ténèbres traversées de rires stridents, de cris exaltés et de pensées inavouables. Primus explore certains recoins de l’esprit humain qui flirtent avec la folie pure. L’album parle de la normalité aliénante, du fait divers terrifiant car anonyme, de ces moments précis où l’impitoyable et morne réalité fait chavirer l’esprit. Lorsqu’un détail de trop fait tout basculer, et que la réalité la plus quotidienne devient horriblement menaçante. Les premières secondes de Pork Soda symbolisent bien cette plongée soudaine dans les abysses. Un petit air enjoué au banjo émerge doucement, et est violemment interrompu par un riff de basse ultra lourd. Les Claypool avait déjà utilisé sa basse à six cordes sur Sailing the seas of Cheese, mais elle devient ici omniprésente, donnant à l’ensemble une lourdeur glauque, ceci particulièrement sur My Name is Mud et DMV. Ce dernier, avec son riff en tapping et son break pachydermique, parle de folie et d’aliénation, tandis que My Name is Mud parle de meurtre, se situant du point de vue d’un assassin qui n’a pas conscience de la signification de ses actes. Le ton de l’album est à la fois décalé et désabusé. Bob parle de suicide, Nature Boy de désillusion, mais d’autres chansons, comme The Air is getting slippery ou Mr Krinkle, abordent le bizarre de manière plus légère et absurde. Les textes écrits par Claypool sont teintés d’un humour noir ravageur et extrêmement caustique. Cette touche particulière est à double tranchant, car si elle peut aider à faire passer la pilule dans certains cas, dans d’autres le décalage peut aussi accentuer la violence latente des textes. Le meilleur exemple en est le titre même de l’album, où deux concepts à priori inoffensifs sont associés pour un résultat bizarre, voire malsain. Pour Primus, la normalité n’est qu’un point de vue parmi d’autres, et la rationalité du monde ne tient pas à grand-chose. Tout dépend de la manière dont on le regarde. La virtuosité est aussi de mise dans Pork Soda. La basse de Claypool, au son et au style tellement uniques, est la caractéristique majeure du son du groupe. Elle est une fois de plus mise en avant et capte l’attention avec des plans à la fois complexes et ultra groovy, comme ceux du mélancolique The Ol’ Diamondback Sturgeon ou de DMV. Le bassiste/chanteur n’hésite pas non plus à varier les plaisirs, utilisant une contrebasse sur plusieurs morceaux, dont Mr Krinkle et son rythme lancinant (le clip, un plan fixe cauchemardesque, est à voir absolument). Cependant, trop se focaliser sur la basse serait occulter l’immense talent des deux autres piliers de Primus. Tim Alexander, au jeu de batterie subtil et puissant, signe ici l’interlude tout en douceur de Wounded Knee. Le guitariste déjanté Larry LaLonde, quant à lui, étoffe ici son jeu incroyable d’originalité, jouant énormément sur les dissonances et l’aspect bruitiste de son instrument. Combien de guitaristes peuvent déclarer qu’ils sonnent comme des poulets hystériques? L’apothéose est le frénétique Hamburger Train, hallucinant morceau instrumental au rythme surprenant de presque dix minutes. Chacun des musiciens y montre l’étendue de sa technique, tout en allant droit au but et en restant irrésistiblement groovy. Cependant cette virtuosité ne se met pas en travers de la musique elle-même, et l’album, avec son atmosphère à couper au couteau, conserve une cohérence et une fluidité rare. Au final, Pork Soda est un pavé d’originalité et de maîtrise qui parle de l’horreur banale, et dont chaque écoute révèle de nouveaux secrets. A écouter : tout, et plus particuli�rement My Name is Mud, Mr Krinkle, The Pressman et Hamburger Train. En BO d'un film de Lynch.Sailing the seas of cheese ( 1991 )Vous en avez marre de la musique stéréotypée, d'écouter des trucs que vous avez l'impression d'avoir déjà entendu des dizaines de fois, alors voici surement l'album qu'il vous faut.
Avec Frizzle Fry, leur 1er album studio, Primus avait posé les bases d'une musique résolument novatrice, presque expérimentale tant elle mélangeait les genres, et avait placé la barre très haut. Avec Sailing the seas of cheese, Primus passe la vitesse supérieure, au niveau du rythme, au niveau du chant, les guitares sont plus présentes, on sent le groupe plus relâché : les compos sont encore plus barrées que sur Frizzle Fry. Il suffit d'écouter Jerry was a race car driver, un des morceaux clé de cette galette, pour s'en rendre compte : la rythmique réalisée en tapping à la basse est incroyable, ça sonne comme... rien d'autre, il faut l'entendre ! Et par dessus se superpose la guitare toute en dissonnance de Larry Lalonde. Magistral. La même recette fonctionne à merveille sur Is it luck : une rythmique bétonnée à la basse et des gimmicks dissonnants à la gratte. Et ils remettent une dernière fois le couvert pour Tommy the Cat, LA pièce maîtresse de ce disque, chanson qui raconte les turpitudes d'un matou à travers laquelle transparait toute la virtuosité des 3 musiciens, avec des slaps et des solos à gogo. Primus joue aussi sur les ambiances, tantôt oppressante (comme sur Eleven dont l'intro à la basse vous broie la tête tel un rouleau compresseur ou encore Here come the Bastards et Los Bastardos, morceaux qui servent d'intro et de fin à cet album et qui reprennent la même rythmique lancinante ), mélancolique (Fish On, chanson un brin nostalgique qui raconte une partie de pêche, ainsi que American life, critique de la société américaine) ou légère (Is it luck ? et ses paroles complètement décalées, Sgt Baker qui se moque de l'armée). Le trio californien ne se contente pas seulement de coller une claque technique à l'auditeur, mais lui sert ce que l'on pourrait facilement considérer comme 13 bombes à retardement, car il faut du temps et plusieurs écoutes pour pouvoir apprécier pleinement ce chef d'oeuvre qu'est Sailing the seas of cheese. Prêt pour une croisière sur la mer de fromage ?
A écouter : Jerry was a race car driver - Tommy the cat - Is it luck ? - Fish on - Sgt Baker Vous en reviendrez transformés. |
Primus
Style : Fusion Tags : Fusion Origine : USA Site Officiel : primussucks.com Amateurs : 216 amateurs Facebook : |