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Biographie

Primus

Trio formé en 1984, Primus nous sert une musique indéfinissable et étrange, mélange de metal progressif, funk et musique country, accompagnée souvent par des textes très droles, pastiches de la société américaine.
A sa tête, Les Claypool, chanteur déjanté et bassiste de génie, accompagné par Larry Lalonde à la guitare et de Tim Alexander, puis Brain à la batterie.
En près de 20 ans de carrière le groupe ne s'est jamais essoufflé et a su, dans son style musical unique, évoluer, en donnant par exemple une place plus importante à la guitare dans leurs derniers albums.
Et bien que livrant une musique difficile d’accès, Primus connait un succès assez important : festival Loolapalooza en 1993, Woodstock en 1994, grammy award en 1994 pour la chanson Wynona's Big Brown Beaver, composition du thème du générique de la série South Park en 1997 et participation au Family Values Tour 99, et plusieurs albums certifiés disques d'or.

Viendront 12 longues années sans qu'ils ne  sortent de nouvel album sous l'étiquette Primus. Douze ans pendant lesquels ils s'éloignent, Les Claypool vivotant deci delà dans différents side projects musicaux (le très bon Colonel Les Claypool's Fearless Flying Frog Brigade ou le Bucket of Bernie Brains avec Bucket Head notamment) et vidéos (Electric apricot en 2006, docu fiction racontant les déboires d'un batteur d'un groupe improbable façon roadies movie) qu'il réalise et dans lequel il joue le rôle principal, quant à Larry Lalonde, le guitariste blond, il s'essaye avec Brian "Brain" Mantia à la musique expérimental dans le groupe No Forcefield de 2000 à 2002 avant de rejoindre Serj Tankian en concerts pour l'album Elect the Dead.
Mais c'est en 2010 que tout recommence vraiment, avec cette fois ci non plus Brain ni Tim Alexander aux futs, mais Jay Lane (le batteur d'origine). Ils enregistreront un Ep pas très intéressant (June 2010 Rehearsal, avec 4 titres remixés) puis commenceront vraiment à travailler sur un nouvel album (Green Naugahyde) qu'ils commenceront à jouer en concert à l'occasion d'une grande tournée mondiale durant l'été 2011.

15 / 20
5 commentaires (16/20).
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The Desaturating Seven ( 2017 )

Réaliser des chroniques est une activité à risques. Il en faut peu pour faire le pas de trop, celui qui nous emmène irrémédiablement à devenir accro d’un album ou d’un groupe. Primus est la représentation parfaite de cette contradiction où il est si facile de laisser le son posséder puis prendre le contrôle de notre cerveau … et puis de le laisser faire avec un certain plaisir. The Desaturing Seven ne fait bien entendu pas exception à la règle.

Connaissez-vous l’histoire des 7 gobelins qui traversèrent de nombreuses contrées et épreuves pour se nourrir des couleurs de l’arc en ciel ? Eh bien écoutez le gourou Claypool et sa clique de joyeux drilles. Nous suivons donc les gobelins désaturés dans leur quête loufoque durant les 7 morceaux qui composent cette histoire. Car oui durant 34 minutes c’est bien une histoire qui nous est contée, absurde et délirante mais tout à la fois drôle et attachante. Le concept pour le moins original pourra en rebuter certains dès la première écoute. Primus n’a jamais eu pour habitude d’être accessible au plus grand nombre et a toujours délivré ses substances auditives avec efficacité. Il n’a jamais été précisé que le trip était sans danger.
Le talent de Les Claypool en tant que bassiste mais également en tant que narrateur d’histoires n’est plus à prouver. Une fois encore, on se laisse embarquer dans cet univers. Plusieurs péripéties viennent agrémenter le récit, entre l’orage (The Storm) et le rêve (The Dream), toujours traduits avec brio par les musiciens. Car oui, il n’y a pas que Claypool dans Primus, Larry LaLonde à la 6 cordes fait un travail gigantesque pour créer des ambiances éthérées, angoissantes ou comiques. The Trek est sans aucun doute le morceau le plus marquant de l’album et c’est en grande partie grâce à son efficacité en tant que créateur de mélodies. Il s’adapte avec un immense talent aux délires de Claypool. Tim Alexander n’est pas en reste et distribue toujours avec autant de classe son groove si caractéristique notamment dans The Scheme.
De nombreux gimmicks viennent rendre le tout cohérent. La post production est titanesque, le travail sur les effets de la voix et des instruments est représentatif de l’importance qui est accordée aux détails. Si tout semble déstructuré, il n’empêche qu’une précision chirurgicale est accordée à la moindre transition. Chaque note est chargée d’une émotion forte, traduction d’un délire qui s’est transformé en art. Une fois passé son apparence indigeste, on peut en comprendre les mécanismes et se laisser emporter par sa sensibilité et son intelligence.

Primus est bizarre. C’est une nouvelle pour personne et ce n’est pas prêt de changer pour le meilleur comme pour le pire. The Desaturing Seven est un album conceptuel et inaccessible pour beaucoup. Perdu quelque part entre la Funk cassée et le Psychédélisme à outrance il s’agit d’une œuvre étrange et redoutable d’efficacité pour qui a le courage de tenter l’aventure.

A écouter : Souvent
16 / 20
8 commentaires (15.69/20).
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Green Naugahyde ( 2011 )

Un album de Primus en septembre, c'est un peu noël avant l'heure : les enfants terribles de la fusion sont de retour pour leur septième album studio et ce cadeau va très certainement ravir les fans d'un des groupes les plus déjantés de la côte ouest des États-Unis. Au programme de cette nouvelle escapade au pays incroyable de Les Claypool et de ses compères : une petite heure de fusion furieuse dont nous avions eu un extrait probant en concert cet été, pour leur re formation. Ils n'avaient rien sorti de nouveau depuis 1999 et le très bon Antipop, hormis quelques chansons inédites pour la parution de best of et autres EP's de 2003 à 2006, ils nous reviennent donc avec du contenu exclusif, un nouvel album fraichement sorti et intitulé Green Naugahyde (pour cuir artificiel vert...).

Les Claypool annonce cet album comme une sorte de réminiscence du cultissime Frizzle Fry, leur premier album studio, beaucoup diront leur meilleur album. Qu'en est il donc de ce nouvel album du trio déjanté ? Pétard mouillé ? Un Frizzle Fry 2 ? Ou un énième come back d'un groupe des 90's ?

Ce que l'on peut dire de prime abord, c'est qu'effectivement, ce Green Naugahyde possède pas mal de points en commun avec Frizzle Fry, c'était annoncé, et on constate une ambiance similaire : des titres qui vous mettent dans l'ambiance (Eyes of the Squirrel, Eternal Consumption Engine, Green Ranger), d'autres qui secouent un peu (Hennepin Crawler, Jilly's on Smack), et cette patte si caractéristique du groupe : un groove alambiqué et travaillé, qui explose toujours au moment où on s'y attend le moins. Mais là où Frizzle Fry déployait un nombre incalculable de pistes énergiques et rock 'n roll, ce nouvel album déçoit un peu dans ce sens à la première écoute. Le groupe se serait assagi ? Exit les perles brut de décoffrage comme Mr Knowitall, Jerry was a race car driver, ou Tommy the Cat. Ici, tout semble plus réservé, plus timoré. On sera plus frappé par l'ambiance qui règne sur l'album. Bizarre, glauque, de l'humour noir plein les poches, Claypool nous assène de lignes de basse truffées d'effets, de textes pince sans rire très cartoonesques, le tout agrémenté par les riffs si particuliers de Lalonde, qui semble s'amuser à nous faire voyager de tableau en tableau, plus pittoresques les uns que les autres. Depuis toujours dans les albums de Primus, les animaux les plus improbables se côtoient dans des fables et autres farces acides dépeignant la société américaine, ce nouvel album ne déroge pas à la règle et nous propose son florilège de textes absurdes (HOINFODAMAN, Last Salmon Man, Moron TV) et de textes un peu moins légers qu'auparavant témoignant, sinon un changement d'humeur, une certaine volonté à vouloir parler de sujets plus sérieux (Eyes of the Squirrel et sa critique des reality show, ou Jilly's on Smack abordant le sujet de la drogue avec une amie récemment perdue).

On sera bluffé sur certaines chansons par la contradiction qu'il y a entre la mise en scène complexe, et l'efficacité des refrains et riffs : Last Salmon Man et Jilly's On Smack sont à ce sens les deux meilleures pistes de l'album et témoignent de la mutation qu'avait commencé le groupe avec Antipop : un peu plus de technicité, des ambiances plus étoffées mais moins de sauvagerie dans la démarche. On est très très loin de l'efficacité d'un "My name is Mud" par exemple. Mais ne vous y trompez pas, cet album reste un très bon album, et on se laisse facilement immerger dans l'univers unique de Claypool. Vous trouverez votre compte de riffs dévastateurs sur Last Salmon Man, Jilly's On Smack ou HOINFODAMAN, sourirez à l'absurde de certaines chansons comme Extinction Burst ou Moron TV, serez époustouflés par le niveau de technicité tant à la basse qu'à la guitare et les artifices utilisés sur certaines chansons, donnant une richesse hallucinante aux compositions. On savait les trois compères friands d'effets en tout genre, et bien cet album en regorge à foison. Même la batterie n'est pas en reste, le retour du batteur d'origine (Jay Lane) nous donne l'occasion d'entendre un jeu de baguettes subtil et précis (Hennepin Crawler, Eyes of the Squirrel), nous faisant presque oublier l'excellent Tim Alexander. Tout cela couplé à la voix et aux paroles délirantes de Claypool, on se surprend à jouer une deuxième fois l'album et à chantonner et dodeliner de la tête en cadence, et cela même si la première écoute laissait présager un album chiant et mou.

Au final, Green Naugahyde nous procure l'exacte dose de Primus qui nous manquait depuis dix ans, sans être exceptionnel, l'album a largement de quoi se défendre et se révèle au fur et à mesure des écoutes plus que plaisant : une once d'humour noir, des palettes d'ambiances exceptionnelles dont seul Primus connait la recette, et une musique presque parfaite si les compositions avaient été plus énergiques. Ceci est un bien un album de Primus, si vous aviez des réticences quant à la re formation du groupe ; loin d'être le meilleur album du trio, celui-ci fait office de transition vers un groupe qui vieillit un peu, mais qui sait toujours composer des pistes originales et sacrément bien foutues. A écouter.

A écouter : Last salmon man, Jilly's on smack, Eyes of the squirrel, HOINFODAMAN, Tragedy's A Comin
18 / 20
9 commentaires (18/20).
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Pork Soda ( 1993 )

Primus ! La simple évocation du nom fait esquisser un sourire entendu et complice. Un groupe à part, au son unique et à la démarche décalée, qui réussit à proposer une musique radicalement différente tout en restant accessible. Un groupe que l’on aime aimer, auquel on s’attache jalousement. Les héros de l’alternatif, les freaks triomphants, les sauveurs de l’ombre dans un paysage musical trop souvent formaté.

Mené par le chanteur/toon vivant/bassiste Les Claypool, le trio avait mis la barre très haut avec ses deux premiers albums studio, Frizzle Fry et Sailing the seas of Cheese. Alors qu’il semblait impossible d’aller plus loin dans le bizarre, la virtuosité et le groove, le groupe accouche en 1993 du monstre Pork Soda et repousse par là même ses propres limites, explorant les zones les plus sombres de son univers étrange.

Pork Soda est un album à la noirceur profonde, mais il s’agit là de ténèbres traversées de rires stridents, de cris exaltés et de pensées inavouables. Primus explore certains recoins de l’esprit humain qui flirtent avec la folie pure. L’album parle de la normalité aliénante, du fait divers terrifiant car anonyme, de ces moments précis où l’impitoyable et morne réalité fait chavirer l’esprit. Lorsqu’un détail de trop fait tout basculer, et que la réalité la plus quotidienne devient horriblement menaçante.

Les premières secondes de Pork Soda symbolisent bien cette plongée soudaine dans les abysses. Un petit air enjoué au banjo émerge doucement, et est violemment interrompu par un riff de basse ultra lourd. Les Claypool avait déjà utilisé sa basse à six cordes sur Sailing the seas of Cheese, mais elle devient ici omniprésente, donnant à l’ensemble une lourdeur glauque, ceci particulièrement sur My Name is Mud et DMV. Ce dernier, avec son riff en tapping et son break pachydermique, parle de folie et d’aliénation, tandis que My Name is Mud parle de meurtre, se situant du point de vue d’un assassin qui n’a pas conscience de la signification de ses actes. Le ton de l’album est à la fois décalé et désabusé. Bob parle de suicide, Nature Boy de désillusion, mais d’autres chansons, comme The Air is getting slippery ou Mr Krinkle, abordent le bizarre de manière plus légère et absurde. Les textes écrits par Claypool sont teintés d’un humour noir ravageur et extrêmement caustique. Cette touche particulière est à double tranchant, car si elle peut aider à faire passer la pilule dans certains cas, dans d’autres le décalage peut aussi accentuer la violence latente des textes. Le meilleur exemple en est le titre même de l’album, où deux concepts à priori inoffensifs sont associés pour un résultat bizarre, voire malsain. Pour Primus, la normalité n’est qu’un point de vue parmi d’autres, et la rationalité du monde ne tient pas à grand-chose. Tout dépend de la manière dont on le regarde.

La virtuosité est aussi de mise dans Pork Soda. La basse de Claypool, au son et au style tellement uniques, est la caractéristique majeure du son du groupe. Elle est une fois de plus mise en avant et capte l’attention avec des plans à la fois complexes et ultra groovy, comme ceux du mélancolique The Ol’ Diamondback Sturgeon ou de DMV. Le bassiste/chanteur n’hésite pas non plus à varier les plaisirs, utilisant une contrebasse sur plusieurs morceaux, dont Mr Krinkle et son rythme lancinant (le clip, un plan fixe cauchemardesque, est à voir absolument). Cependant, trop se focaliser sur la basse serait occulter l’immense talent des deux autres piliers de Primus. Tim Alexander, au jeu de batterie subtil et puissant, signe ici l’interlude tout en douceur de Wounded Knee. Le guitariste déjanté Larry LaLonde, quant à lui, étoffe ici son jeu incroyable d’originalité, jouant énormément sur les dissonances et l’aspect bruitiste de son instrument. Combien de guitaristes peuvent déclarer qu’ils sonnent comme des poulets hystériques? L’apothéose est le frénétique Hamburger Train, hallucinant morceau instrumental au rythme surprenant de presque dix minutes. Chacun des musiciens y montre l’étendue de sa technique, tout en allant droit au but et en restant irrésistiblement groovy.

Cependant cette virtuosité ne se met pas en travers de la musique elle-même, et l’album, avec son atmosphère à couper au couteau, conserve une cohérence et une fluidité rare.

Au final, Pork Soda est un pavé d’originalité et de maîtrise qui parle de l’horreur banale, et dont chaque écoute révèle de nouveaux secrets.

A écouter : tout, et plus particuli�rement My Name is Mud, Mr Krinkle, The Pressman et Hamburger Train. En BO d'un film de Lynch.
18 / 20
11 commentaires (18.05/20).
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Sailing the seas of cheese ( 1991 )

Vous en avez marre de la musique stéréotypée, d'écouter des trucs que vous avez l'impression d'avoir déjà entendu des dizaines de fois, alors voici surement l'album qu'il vous faut.
Avec Frizzle Fry, leur 1er album studio, Primus avait posé les bases d'une musique résolument novatrice, presque expérimentale tant elle mélangeait les genres, et avait placé la barre très haut. Avec Sailing the seas of cheese, Primus passe la vitesse supérieure, au niveau du rythme, au niveau du chant, les guitares sont plus présentes, on sent le groupe plus relâché : les compos sont encore plus barrées que sur Frizzle Fry.
Il suffit d'écouter Jerry was a race car driver, un des morceaux clé de cette galette, pour s'en rendre compte : la rythmique réalisée en tapping à la basse est incroyable, ça sonne comme... rien d'autre, il faut l'entendre ! Et par dessus se superpose la guitare toute en dissonnance de Larry Lalonde. Magistral. La même recette fonctionne à merveille sur Is it luck : une rythmique bétonnée à la basse et des gimmicks dissonnants à la gratte. Et ils remettent une dernière fois le couvert pour Tommy the Cat, LA pièce maîtresse de ce disque, chanson qui raconte les turpitudes d'un matou à travers laquelle transparait toute la virtuosité des 3 musiciens, avec des slaps et des solos à gogo.
Primus joue aussi sur les ambiances, tantôt oppressante (comme sur Eleven dont l'intro à la basse vous broie la tête tel un rouleau compresseur ou encore Here come the Bastards et Los Bastardos, morceaux qui servent d'intro et de fin à cet album et qui reprennent la même rythmique lancinante ), mélancolique (Fish On, chanson un brin nostalgique qui raconte une partie de pêche, ainsi que American life, critique de la société américaine) ou légère (Is it luck ? et ses paroles complètement décalées, Sgt Baker qui se moque de l'armée).
Le trio californien ne se contente pas seulement de coller une claque technique à l'auditeur, mais lui sert ce que l'on pourrait facilement considérer comme 13 bombes à retardement, car il faut du temps et plusieurs écoutes pour pouvoir apprécier pleinement ce chef d'oeuvre qu'est Sailing the seas of cheese.
 
Prêt pour une croisière sur la mer de fromage ?
Vous en reviendrez transformés.

A écouter : Jerry was a race car driver - Tommy the cat - Is it luck ? - Fish on - Sgt Baker