Ce nouveau disque des jeunes Pretty Mary Dies, à la pochette bien classe, dont les tons et la matière me rappellent l'unique disque de feu G77, est ce qu'on appelle un paradoxe musical. Il faut dire que se lancer dans le "chaos hardcore metal" ne revient pas forcement à se donner des ailes pour sortir son épingle du jeu, c'est le moins qu'on puisse dire. Il y a toutefois quelques formations qui y parviennent, même de part chez nous, lorgnez vers Comity ou I Pilot Daemon par exemple. L'espoir est donc toujours légitime.
Sur les 8 morceaux de Then The Locusts Came, on trouve autant de naïveté rageante que de parties pas forcement mémorables mais qui développent une énergie sauvage fort appréciable. A son avantage, le quatuor ose un bon lot de pirouettes. Entre les mosh parts coups de poing bien hardcore, les parties Metal "Evil" qui viennent noircir le tableau, les relents screamo et mélodiques ("The Worst Song", c'est pourtant la meilleure ohoh !) qui font affleurer une certaine mélancolie au sommet d'une colère omniprésente, Pretty Mary Dies en distribue pour tout le monde. Le problème étant qu'à trop vouloir en faire, le ciment n'a malheureusement pas le temps de saisir toutes les briques de compositions complexes mais sans réels fils conducteurs (ou alors qui se termine en queue de poisson quand il y en a un). Souvent alambiqués, les morceaux pêchent par des transitions qui arrivent un peu trop fréquemment comme un cheveux sur la soupe. A côté de cela, Pretty Mary Dies parvient tout de même à installer une atmosphère furieuse et obscure et à prendre racine grâce à un son puissant et agressif servi par un mixage efficace.
Bref, si tu es déjà passé par les cases Coalesce, Botch, Converge et les premiers efforts de Dillinger Escape Plan, ce sympathique disque de Pretty Mary Dies a peu de chance de retenir ton oreille. Quoi qu'il en soit, l'envie et le potentiel sont bien présents, les influences bien collantes le sont également. Reste à s'en défaire et pondre des compositions personnelles, car même si ce premier véritable album se révèle un tantinet disparate, il comporte clairement assez de bonnes choses pour mettre la puce à l'oreille.
Belle initiative, le disque est en libre téléchargement sur leur site.
A écouter : The Worst Song