Potence
Screamo / Crust

Cinq Années De Nuit
01. La Terre Des Hommes Providentiels
02. Nouvelles Normes En Vigueur
03. Meurs Et Ressuscite Encore
04. Influencé/Manipulé... Répéter
05. Le Monde D'Après
06. Nombrilisme Et Décadence
07. Cinq Années De Nuit
08. En Marche Arrière
Chronique
Il aura fallu ces cinq ans depuis Le Culte des Bourreaux avant de pouvoir entendre son successeur. Autant de mois, de jours et d’heures pendant lesquelles certains et certaines ont subi, perdu, se sont retrouvés à terre, sans réelle bouffée d’air. Constat fataliste, mais quand on se prend en pleine poire Cinq Années de Nuit, on comprend que Potence n’a que peu d’espoirs. Encore moins qu’avant.
On dansera sur vos ruines, s’il en reste. Potence se fait berceau de désillusions (« Le Monde d’Après »), s’enferme dans un étouffoir (« Nombrilisme et Décadence ») et se fait braillard, avec un son ultra agressif (« Nouvelles Normes en Vigueur ») qui peut tellement décourager de vouloir l’apprécier.
Parce que c’est l’un des défauts de Cinq Années de Nuit : son côté grinçant, abrasif. La prod de Le Culte des Bourreaux était moins virulente, même si on les tonalités sonores de Potence n’ont au final pas changé. Ici, c’est brut. Le message et le contenant.
C’est ce qui fait de ce nouvel album un disque qu’il m’a été douloureux d’accepter et d’apprécier pendant plusieurs semaines. Parce qu’il est plus brut, que les paroles semblent te plonger la tête sous l’eau, parce que l’environnement dans lequel j’étais ne s’y prêtait pas. « Les romans d’anticipation c’est dépassé » qu’ils disent.
Si tu aimes le combo Crust / Screamo, Ici tu as les deux, un peu plus à chaque écoute. Le très bon « Meurs et Ressuscite Encore » illustre le tout : un chant hurlé sur le côté larmoyant, une partie instrumentale qui flirte entre les deux (alternance entre des passages à fleur de peau et un côté bien lourd) et des paroles qui emballent un mal-être d’un joli papier cadeau.
« Chaque soir dans la tombe. Dans la tombe.
Chaque jour, je traîne mon cadavre jusqu’au soir
Mon cerveau est froid, je ne suis plus qu’une vieille machine
Et pourtant, chaque fois, je ressuscite et je revis un peu »
On pourra reprocher des noms de titre un peu faciles (« En Marche Arrière » ou « Le Monde d’Après »), mais le côté cash du combo fait parfois du bien : « Crève, parodie de République, crève » qu’ils crient à la fin.
Autant sur les deux opus précédents, on pouvait avoir quelques temps morts, passages plus posés, autant Cinq Années de Nuit ne prend même plus la peine de vouloir nous ménager. Même lorsqu’on prend le « Influencé/Manipulé...Répéter » ou « Le Monde d’Après » et son mid-tempo, le chant d’Aurel préfère te piétiner jusqu’à la fin que t’accorder un véritable répit. Ca part parfois instrumentalement dans tous les sens, avec des cassages de rythme récurrents (« Nombrilisme et Décadence », pour lequel je trouve un côté Black Metal sur sa fin) mais la musique garde comme un fil rouge tout du long, étouffant parfois le chant.
Je pensais avoir encore un peu d’espoir, mais au final me reste juste la potence.
Merci à Euka pour sa critique, c'est exactement ce que je reprochais à cet album qui aurait pu être l'un des bijoux de 2024: cette production trop abrasive et qui ne met pas les morceaux en valeur. Ce groupe français méritait mieux, la prod du culte des bourreaux était pourtant parfaite.