Je l’aurai attendu ce Potence, avec L’Amour Au Temps de la Peste. Sorti à quelques heures près en même temps que le split de Géranium et le premier opus de Jeanne, ce disque devra reprendre le rythme ravageur de la Démo (à laquelle il emprunte trois titres) s’il estime pouvoir s’imposer avec autant de ferveur.
En se laissant porter par ces rythmes, on (re)découvre un mélange entre Hardcore / Crust et quelques soupçons de Screamo. Un bien bon mélange sur le principe, sachant que l’on retrouve en plus le songwriting de Daïtro. On pourrait ne rien demander de plus, mais justement, c’est l’écueil majeur de L’Amour Au Temps de la Peste : n’offrir que peu de choses en sus que cet enchevêtrement, cette hydre musicale qui assimile les différents aspects de groupes originels : Daïtro (notamment sur « Le Conte du Fascisme Ordinaire »), Géranium ou encore Black Code. Ecrasé entre ses références, Potence est tiraillé, meurtri, et mis à mal à chaque titre. Difficile de ne pas faire la parallèle avec Jeanne, de ne pas avoir envie d’y retrouver les mêmes choses. Potence a pourtant capté l’essence de ce que l’on peut attendre ; Un engagement musical , des arpèges amenant ces éclats de fougue sans jamais délaisser une poésie ambiante au travers notamment du choix des mots. En creusant, j’y retrouve même quelques sonorités proches du dernier Nine Eleven (sur « L’Amour Au Temps de la Peste » notamment) ou du Bis Deine Hülle Bricht de Kishote.
Loin d’être lié à un constat sombre, ce disque a pourtant de belles idées : outre le titre déjà évoqué - qui reste à mon sens le point central de l’album - il faut compter sur « La Leçon du Pointeur de Doigt » ou « Cercle Vicieux, Eternel Retour » pour faire vibrer, retrouver des thèmes politico-sociaux, scander quelques mots en c(h)oeur. A défaut de le toucher, Potence l’effleure, y fait germer quelques sensations qui reviennent, pour certaines enfouies depuis quelques années.
« Y’a trop de gens qui ont mal à la tête,
Y’a trop de gens qui parlent plus haut que leur voix
Y’a trop de gens qui ont peur de leurs ombres,
Y’a trop de gens qui n’aiment pas, qui n’aiment rien
Y’a trop de gens qui croient savoir mieux que toi »
Malheureusement, en se retrouvant un peu le cul entre deux chaises, L’Amour Au Temps de la Peste n’arrive à trouver de position assumée permettant d’apprécier le disque à sa juste valeur. Potence semble y mettre du coeur, mais il manque un truc pour arriver à capter l’attendu espéré de ce premier opus, même si l’essentiel est là au travers de titres forts comme « Le Conte du Fascisme Ordinaire ». Ou peut être est-ce moi qui reste bloqué sur des attentes passéistes …
A écouter : Le Conte du Fascisme Ordinaire