"Génèse et Agonie" : la paire de mots toute trouvée synthétisant les clameurs tempétueuses et les visages marqués aujourd'hui toujours retentissants de Portraits Of Past.
1994, les San Franciscains accouchent dans la douleur et l'urgence d’une dérivation maladive et intense du punk que l’on baptisera screamo hardcore. Dans leur insouciance juvénile, les Américains distribuent les cartes de l'hystérie poétique de Saetia, de la fureur Orchidienne et des mélodies à vif de The Spirit Of Versailles. Parmi les premières sorties du label Ebullitions Records (Orchid, Yaphet Kotto, Reversal Of Man), l'unique album de Portraits Of Past n'est ni plus ni moins qu'une des pièces maîtresses de l'édifice "emotional hardcore". Les fondations depuis lesquelles prennent racines une multitude de nervures et de digressions.
D'un départ en trombe emprunt d’emo violence ("Journeyman"), la faute à ces râles hystériques à se briser la nuque et à ce tempo entêtant tout en contretemps, Portraits Of Past introduit son univers à la fois rude et touchant porté par un son terriblement abrasif et une interprétation sans compromis aucun. Que ce soit en se cramant les ailes sur des brûlots à la violence exacerbée ou lors de frasques davantage nuancées ("Bang Yer Head") parcourues par un chant clair en toile de fond, Portraits Of Past conserve intacte une authenticité touchante et une capacité à aller doit au but sans être pour autant superficiel. Le combo distille une quintessence dans laquelle on retrouve dans chaque goutte les réminiscences de la plupart des tendances inhérentes à l’emo hardcore passé, présent, futur (?).
Au-delà de ces aspects précurseurs et fondateurs, Portraits Of Past creuse une tranchée véritablement inimitable car à la croisée d’un lieu, d’un temps et de ressentis personnels. Le parcours est ainsi marqué de cette faculté typique à temporiser pour n'imploser que plus vivement. Les notes pleuvent et s'abattent alors dans un effet de balancier saisissant dont l'effet hypnotisant est accru par la granularité des guitares. Un aspect rêche ancré dans le son post hardcore du début des années 90, le son de Maximillian Colby et définitivement celui de Portraits Of Past.
2008, Portraits Of Past apparaît au sommet d'une voute emo hardcore nourrie et encombrée comme un des points les plus remarquables et les plus étincellants.
A écouter : oui et oui