Avec un tel nom et un tel artwork, Polar Bear Club ne remportera pas la palme du groupe le plus attirant au premier coup d’œil. Et pourtant…
Si le coup de foudre n'est pas visuel, il sera certainement auditif et c’est bien là l’essentiel. Polar Bear Club a ce côté "next big thing" qui transpire de ses compo, qui démontre sans s’en donner l’air, une capacité assez incroyable à mettre sur pied en seulement dix titres (il ne faut pas trop en donner, c’est le secret du succès) une musique qui semble aller naturellement de soi. C'est comme ça. Je crois qu’on appelle ce phénomène l’évidence. Car il s’agit bien du premier argument des new yorkais : jouer sur l’affect et trouver le moyen de soutirer un "oui" d’approbation aux plus réfractaires d’entre nous. Pour ce fait, Sometimes Things Just Disappear s’est doté de la puissance de ces oeuvres sonores qui agissent sur les corps, qui crispent les diaphragmes, dressent les poings et métamorphosent les auditeurs en choristes.
Polar Bear Club est issu de la phase historique dite de l’après hardcore, celle qui continue d’écumer les sols des caves tout en faisant tomber l’armure pour laisser apparaître l’ensemble des failles humaines. Reprenant donc le sillon des grands Hot Water Music, le quintet joue avec l’électrique comme fil conducteur et souffle sur les braises rutilantes de l’ampli une pléiade de cris rauques nous rappelant au bon souvenir de Chuck Ragan ("Eat Diner, Bury The Dog", "Our Ballads"). Sometimes Things Just Disappear sort donc les as par carré, alternant les plans catchy post-hardcore 90's way avec des structures indies finement ciselées, faisant rimer coups de batterie âpres et épanchements emo ("Burned out in a jar-butt"), usant ainsi de toutes les combinaisons pour servir un opus ultra diversifié et au demeurant salement efficace ("Hollow Place", "Convinced I’m Wrong").
Placé sous le patronage de grandes formations comme Hot Water Music ou Texas Is The Reason, rappelant par touches éparses quelques fois Small Arms Dealer quelques fois Rise Against, Polar Bear Club est un groupe hybride et équilibriste, qui jongle avec les différentes disciplines pour en faire jaillir le meilleur cocktail. Un album quasi didactique en somme, destiné à rappeler que le punk, l’hardcore et l’emo ne sont ni plus ni moins que les branches d’un même arbre.
A écouter : "Eat Diner, Bury The Dog", "Hollow Place", "Convinced I�m Wrong"