On a souvent tendance à ne pas imaginer une seule seconde la présence du hardcore en-dessous d'une certaine latitude. Durant des années le Portugal a été considéré comme une nation incapable de vivre autrement qu'au rythme des vocalises d'Amalia Rodrigues ou d'Alfredo Marceneiro. Cette assertion comprenait certainement une part de vérité qui aujourd'hui n'a plus cours. L'émergence récente de formations de qualité, telles que TwentyInchBurial (récemmment signé chez GSR), For The Glory ou Killing Frost, l'atteste.

Aux Etat-Unis, on appelle "milestone" le fait d'atteindre un objectif bien précis, de franchir une étape. Aussi, ce n'est certainement pas un hasard si le premier album de Pointing Finger s'intitule ainsi. Milestone, sorti l'été dernier chez Goodwill (Values Intact, Argetti, Radio Days), apparaît comme l'aboutissement de quatre années de labeur durant lesquelles le groupe portugais a su acquérir les armes pour s'imposer comme le fer de lance du hardcore youth crew lusitanien.
De fait, les premières notes de "Comeback" semblent confirmer cette première impression. Si Best Bruises, sorti en 2004, faisait état d'un hardcore dynamique mais de qualité inégale, et pour cause, cet album regroupant tous les ep du groupe jusqu'à Transcend, Milestone marque véritablement un tournant. Aidé par la production aux petits oignons de Domingues et Martines (Easyway) ainsi que par le sacrosaint mastering d'Alan Douches, le hardcore de Pointing Finger, en plus d'être enthousiaste et énergique, se fait désormais plus précis et beaucoup moins hésitant que par le passé même si l'on sent parfois quelques accrocs sur les changements de rythme.
Certes l'influence des Gorilla Bicuits, Youth of Today et - surtout - Chain of Strength reste toujours omniprésente, notamment dans le flow de Diogo, très proche de celui de Ray Cappo et de Curt Canales. Toutefois, on sent chez les portugais la volonté de mettre un bon coup de torchon sur le hardcore d'obédience 88. Ce nettoyage revitalisant est surtout le fruit d'une section rythmique véloce et dynamique qui, sans faire de folies, imprime à Milestone une bonne carburation dont le mérite est de ne jamais baisser en intensité, même sur les tempos en apparence moins rapides ("What Answer ?", "Set In Stone", "Said & Done"). Mais assurément le point fort de Pointing Finger se situe dans cette capacité à doter les morceaux d'une forte dose de mélodies inspirées, dans la droite lignée de Miles Away ou de Comeback Kid qui, loin d'être superflues, constituent l'atout majeur de cet album ("Milestone", "Far Too Close", "Best Left Alone").

Bref, mission accomplie pour Pointing Finger qui accouche enfin d'une production à la hauteur de ses ambitions. Même si la filiation aux Anciens est encore un peu trop flagrante, Milestone fait montre d'une maîtrise et d'une inspiration autorisant tous les espoirs. A suivre.