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Biographie
Formé par la force des choses pour caser une première partie lors du passage de Gâtechien à Tours, Pneu en est à sortir son premier album après à peine plus d'un an d'existence. Le duo (composé du batteur de Canadair et Whale ainsi que du guitariste d'Apollo Kreed) assure des dates avec Envy et Nomeansno avant de parcourir les routes de France avec seulement une poignée de titres en poche. Jouant au milieu de public façon Lightning Bolt, les tourangeaux mise sur une approche mélodique et directe pour se différencier d'une scène Math Rock grandissante. Un premier objet sort en 2006 (Pince Crocodile) et installe d'emblée la personnalité nonchalante et déconneuse de Pneu. En 2008 débarque Pince Monseigneur, premier véritable album qui fera exploser le duo, enchaînant alors les dates partout où il est possible de jouer. S'ensuit un split avec Revok en 2009, puis un autre avec Nervous Kid en 2010, ainsi qu'un association audacieuse avec trois autres formations extraites de nos sous-sols (Papier Tigre, Marvin et Electric Electric) effectuée sous le nom de La Colonie de Vacances. Une colonie commencée sous forme de réunion entre potes sur quelques dates, transformée en concerts quadriphoniques au fil du temps. De cette réunion naîtront un split-cd et un DVD.
Pneu revient en 2011 avec Highway To Health et s'offre les services de Kurt Ballou (Converge) à la production, ainsi que la participation d'Eugene S. Robinson (Oxbow) sur un titre. Le duo tourne alors comme si sa vie en dépendait (ce qui est un peu le cas en tant que musicien précaire) et prendra son temps pour sortir Destination Qualité en début d'année 2015, produit par Andrew Schneider (Sofy Major, Unsane), invitant cette fois Pete Simonelli (Enablers) sur un titre, et tendant vers plus d'expérimentations, toujours chez Head Records.
line-up: JB - Batterie Jey - Guitare
Nommer son album Destination Qualité est particulièrement osé pour un Pneu qui ne semble pas craindre la pression, surtout si l’objet en question succède au pétaradant Highway To Health. Tâche compliquée que de surpasser ce qui semblait être la quintessence discographique du duo tourangeau. La présence d’Eugene S. Robinson (Oxbow) sur un titre et de Kurt Ballou aux manettes est sans doute un facteur aggravant, mais pas tant que ça puisque les bonhommes n’ont pas cherché à reproduire le passé, sans pour autant bouder ce qui les définit intrinsèquement, le « tac tac poum tac » noise.
JB et Jey s’en foutent un peu, engrangent les concerts, affinent leur souplesse de jeu, et recrachent le dernier fruit de leurs efforts en ce Destination Qualité, aux intentions bruitistes développées, toujours animés par autant de convulsions créatrices que de vélocité obscène. Municipal Geographic déboule sans crier gare et assume tout à fait son rôle qui consiste simplement à nous péter la gueule d’entrée, sans qu’on n’ait pu encore franchir totalement le pas de la porte. Un accueil néanmoins chaleureux qui permet de constater une précision accrue dans les mouvements, qu’il s’agisse des roulements ultra frénétiques de l’un ou des envolées mélo-noise de l’autre.
Le difficilement prononçable et formidable Catadioptre Ambidextre est le pont instable qui mène au titre le plus long jamais composé par Pneu : Gin Tonique Abordable (un mythe), presque dix minutes de « poum poum poum » excessivement minimaliste se muant en « tac tac tac » à la septième pour finir en orgie de basses, relativement pénible au premier essai mais capable de se révéler joliment hypnotique si l’on choisit d’y retourner, et dont les discrètes dissonances peuvent évoquer Battles au loin. Car malgré ses contours foutraques ce troisième format « long » est en fin de compte le plus réfléchi, peut-être le plus construit bien qu’Highway To Health tenait la dragée haute de ce point de vue. Les très fameux Futur Plus Tard et Temple Machine (clin d’œil au Temps Machine, lieu de résidence tourangeau) confirment les fulguro-capacités du duo à nous en foutre plein les esgourdes en quelques secondes, tandis qu’Astronomism termine le boulot un peu de la même manière qu’un Wagy’s Cup, synthétisant tout ce joyeux bordel avec une véhémence libératrice. On peut évidemment citer la participation inspirée du chanteur/narrateur d’Enablers, Pete Simonelli, qui apporte son délicieux grain de voix sur Hinges, n’atteignant pourtant pas la valeur ajoutée de Robinson sur Knife Fight du précédent objet.
Destination Qualité mérite son blase pour tout un tas de raisons. Pneu reste fidèle à ses pratiques, qui tendent naturellement vers davantage d’expérimentations, tout en affinant son sujet. On se retrouve toutefois avec un goût d’inachevé qui tranche avec le généreux Highway To Health, garni de sommets frénétiques, moins présents ici. Mais le meilleur moyen d’apprécier Pneu reste le direct, à quelques centimètres des cymbales, afin d'en ressentir le souffle incandescent.
A écouter : en faisant son jogging, ou en concert.
Autant vous prévenir... cette chronique va sentir le caoutchouc et le mauvais jeu de mot. Oui car en effet, Pneu est parti en pole position, laissant derrière lui une belle trainée de fumée blanche et n’a certainement pas l’intention de se faire doubler à la première chicane. Arrêtons-là ces jeux de langue sans intérêt et attardons-nous une nouvelle fois sur ce duo rock mathématisant instrumental désormais bien connu sur le territoire sous-jacent français. Après deux premiers efforts spontanés balayant d’un revers de manche (de guitare) ou de baguette à peu près tout ce qui était susceptible de se faire dans le genre en 2008 -une véritable réussite quand on connaît la nature de la réunion de ces deux allumés- , après des "milliards" de dates en France et en Europe à jouer les connards arrivistes et bruyants au milieu des fosses, les revoilà donc en 2011 avec un second vrai disque sous le coude.
Highway To Health s’impose d’ors et déjà comme la suite logique de Pince Crocodile et Pince Monseigneur. D’autant que cette fois, les gars se sont payé le luxe d’aller enregistrer au Godcity Studio de papa Ballou, chose qui s’est révélée plus que bénéfique dans le développement de leur son. Le guitariste de Converge, également producteur aujourd'hui incontournable dans le milieu rock/hardcore excité, est parvenu à accentuer la puissance et l'aspect viscéral de la musique générée par le duo sans en trahir l’essence. Et comme si cela ne suffisait pas, Mr Eugene S. Robinson (Oxbow) en personne vient pousser l’inquiétante chansonnette sur Knife Fight.
La fureur punk’n’roll originelle est toujours bien présente (Autosafe Unicorn, Highway To Health, Grill Your Eyes, …) grâce aussi à un batteur (JB) faisant une nouvelle fois preuve de sa rapidité fulgurante par ses roulements Zach Hilliens affolants et sa rythmique bordélique mais toujours précise (Choux Crâne, Batatanana, Wagy’s Cup). Le guitariste (Jey) est loin d’être en reste puisqu’il nous balance ses mélodies surprenantes et déglinguées à la même cadence que le jeu de son acolyte, en lorgnant davantage sur la noise (Autosafe Unicorn, Grill Your Eyes, Knife Fight, …) et en titillant volontiers du looper. Au milieu de toute cette débauche de rock spontané plus ou moins alambiqué, Pneu nous laisse un (trop court ?) répit tropical (Tropicon, bien vu) rafraîchissant et lumineux, le temps d’éponger la sueur qui coule dans nos yeux. Le morceau final (Wagy’s Cup), quant à lui, synthétise parfaitement l’ensemble de l’album.
Voilà, maintenant les deux tourangeaux sont déjà partis pour de nouvelles aventures, à base de Colonies de Vacances (en compagnie des non moins talentueux Papier Tigre, Electric Electric et Marvin) et autres dates/tournées européennes bien chargées... Si vous n’avez toujours pas eu l’occasion d’assister à l’une de leurs sauvages prestations, vous aurez toujours cette opportunité à l'infini puisqu’ils tournent quasiment constamment, partout. Increvables les machins.
Disque en écoute absolument intégrale ici.
A écouter : et à voir, et à danser.
Depuis leur improbable formation pour palier l'absence de première partie pour un concert de Gâtechien, Pneu a bien roulé sa gomme sans se dégonfler d'un poil (promis c'est la première et la dernière). Entre une kyrielle de prestations scéniques mettant tout le monde d'accord et la sortie de ce premier album chez Head Records, Pneu est devenu LE véritable projet de ses deux instigateurs.
D'un revers, Pince Monseigneur grille la priorité à bon nombre de groupes étiquetés post-math-noise-bidule rock. La raison est simple, Pneu condense l'essentiel en 25 minutes : le groove et l'énergie. Point barre. Exit les compositions pseudo-intellectuelles et faussement complexes pénibles comme la mort; les 2 gars de Tours rentrent dans le lard vite fait bien fait à travers des morceaux courts et concis balancés comme un galet acéré qui ricoche. Caisse claire martyrisée à blanc, cordes distordues mais débouchant toujours sur les mélodies qui vont faire la différence. L'équation est simple et efficace, x + y = Punk Rock. Ca transpire à bloc et la technique, bien rodée, est pleinement au service des multiples trouvailles que le duo se garde bien de répéter. Alors certes, dans ses à-coups bondissants, la guitare lorgne bien vers le son de Lightning Bolt ou Hella, mais Pneu tire son épingle du jeu par son approche finale clairement mélodique qui rend l'ensemble immédiatement accessible et appropriable, que ce soit par les clients habituels du genre ou par les kids encore en rôdage au transit difficile.
Dans sa pochette rose bonbon joliment sérigraphiée, Pince Monseigneur est de ces disques qui bouclent sans qu'on s'en aperçoive et dont on se lasse difficilement. A ranger pas bien loin de l'excellent Astero de 37500 Yens ou des moments de bonheur que sont les salves de Goodbye Diana, dont le deuxième album sort tout juste sur Head Records, encore.
A écouter : Neige - A Coup De Couteau Dent� - Neuf
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