Planes Mistaken For Stars
Post Hardcore / Emo

Prey
01. Dementia Americana
02. Til’ It Clicks
03. Riot Season
04. Fucking Tenderness
05. She Who Steps
06. Clean Up Mean
07. Black Rabbit
08. Pan In Flames
09. Enemy Blinds
10. Alabaster Cello
Chronique
Après dix ans sans aucune nouvelle sortie du groupe, même si ses membres sont restés très actifs et que le combo a tourné sporadiquement ces dernières années, c’est dans un train en marche que l’on doit s’efforcer de grimper lorsque démarre Prey, le nouvel album de Planes Mistaken For Stars. Dementia Americana donne en effet l’impression de commencer à mi-morceau, une façon pour les Américains de nous attraper par le col et de nous entraîner avec eux, sans nous laisser le temps d’hésiter une seconde. Une manière aussi, certainement, de montrer que cette pause d’une décennie n’a en rien entamé la détermination et la sincérité d’un groupe à la personnalité toujours plus affirmée. Si Chuck French et Neil Keener ont grandement contribué aux somptueux derniers albums de Wovenhand et que Gared O’Donnell a employé sa voix rocailleuse chez Hawks and Doves, l’excitation était cependant montée d’un cran à l’annonce de l’arrivée du successeur du superbe Mercy.
En moins de 40 minutes, Planes Mistaken For Stars démontre à ceux qui auraient encore des doutes sa classe et sa capacité à se mettre à nu sans jamais tomber dans la facilité et le racolage. Si le qualificatif « émo » a souvent été accolé au nom du groupe, oubliez tous les clichés récurrents et inhérents à ce mouvement. Prey joue autant avec nos sentiments qu’avec notre nuque, réussissant à écrire une musique tendue et abrasive, mais qui transpire toujours sous une chaleur générée par une énergie composée à part égale de joie fragile et de mélancolie. La fluidité qui se dégage de ce disque, dont les morceaux s’enchaînent sans temps mort, lui donne une efficacité qui laisse rêveur. Trempés dans le Hardcore et le Punk (Riot Season), les compositions de Prey n’oublient jamais de garder une certaine rondeur qui à aucun moment ne dessert le propos, mais accentue encore davantage leur effet addictif. Variant le tempo, Planes Mistaken For Stars est aussi à l’aise dans l’immédiateté (Fucking Tenderness et ses faux airs de Hot Water Music) que lorsqu’il s’agit de nous faire ressentir progressivement et lourdement le poids de notre existence (Clean Up Mean, Enemy Blinds).
L’ensemble est servi par une production relativement « compacte » qui met en valeur la cohésion et la maîtrise du groupe, avec un son sale et poussiéreux mais qui conserve suffisamment de tranchant pour ne pas faire évoluer l’album dans un climat irrespirable. Le groupe se charge de toute façon lui-même de nous offrir quelques passages plus apaisés, mais derrière lesquels le danger semble constamment aux aguets, comme à l’écoute de ces hurlements au milieu de She Who Steps. La ballade désabusée Black Rabbit le confirme, c’est une histoire de survie qui semble avoir inspiré Prey. Vivre les mauvais moments comme les bons, avec la même honnêteté, tel est le message qui semble être délivré à la fin de chacun de ces morceaux. Tout en tension, Alabaster Cello clôt l’album avec la même rage menaçant à tout instant d’éclater. Planes Mistaken For Stars peut bien attendre encore dix nouvelles années avant de nous offrir un autre disque, Prey sera toujours là pour nous rappeler que l’on peut déjà s’estimer heureux que ce groupe existe.
A écouter : 1