Avec Sleeping With Ghosts Brian Molko avait voulu explorer de nouvelles sonorités en se rapprochant de la musique électronique, et même si le mélange s'était montré convaincant l'album avait quelque peu déboussolés certains de par son côté expérimental. Aujourd'hui Placebo revient avec un cinquième album studio dans la continuité du dernier, Meds poussant en effet plus loin ce qui avait été amorcé avec l'album précédant, exploitant toujours plus l'efficace mélange des guitares saturées et de la musique électronique.
On reste donc en terrain connu avec ce Meds, mais bien heureusement ce dernier n'est pas qu'un Sleeping With Ghosts remanié, loin de là. Brian Molko a pris soin de développer des ambiances spécifiques pour chaque titre, de la chaotique Space Monkey et son côté Rock Industriel, au Rock plus conventionnel de ses débuts avec Drag ou Because I Want You, en passant pas les langoureuses Pierrot The Clown, Blind et In The Cold Light of The Morning où le chant de Molko apporte une dimension intimiste et lénifiante.
Meds est donc un disque varié qui repose toujours autant sur la voix si particulière du chanteur androgyne, plus touchante que jamais avec ses variations, ses chuchotements soufflés au creux de l'oreille. Qui plus est, sa voix est souvent portée par de petits pianotements qui ne font que renforcer l'aspect émotionnel qui se dégage du disque.
Pour ce nouvel album Molko s'est offert le luxe d'inviter deux artistes prestigieux : VV de The Kills sur Meds, et Michael Stipe de R.E.M sur Broken Promise. Le premier titre joue beaucoup sur le contraste entre les deux voix, ce qui se révèle fort intéressant, surtout sur le passage saturé où les deux comparses susurrent simultanément « And the sex, the drugs, and the complications » avant que Molko ne parte en crescendo. Seul regret sur cette piste, les respirations on ne peut plus bruyantes de VV dont on dira que c'est le style.
Le duo avec Michael Stipe en faisait piaffer plus d'un d'impatience, malheureusement celui-ci est plutôt classique avec un passage tout calme au piano précédant une grande envolée. Pour ce qui est de l'émotion véhiculée par la superposition des voix mélancoliques, on reste loin du duo avec David Bowie sur Without You I'm Nothing. Sans être vraiment mauvaise, Broken Promise déçoit donc un tantinet, sans faire pour autant oublier la fraîcheur que Meds procure.
Brian Molko poursuit son évolution musicale avec un disque d'une richesse rare qui a fait l'objet d'un travail important sur tout ce qui est ambiance grâce aux nombreuses possibilités offertes par la musique électronique. Pour le reste, Meds ne marque pas un profond tournant dans la carrière du groupe, les éléments principaux étant toujours présents : guitares saturées, basse omniprésente, textes intelligents et bient sûr, la voix inimitable de Molko, plus ensorcelante que jamais dans un registre autre que ses précédentes réalisations.
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A écouter : Space Monkey, Follow the Cops Back Home, Post Blue, Blind, Song to Say Goodbye...