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Biographie

Pink Floyd

Pink Floyd est au départ l'association de Syd Barrett, Roger Waters, Nick Mason et Rick Wright. Ces derniers nous livrent rapidement leur premier album The Piper At The Gates Of Dawn. Barrett, complètement drogué, est un véritable génie mais va malheureusement quitter le groupe pour jouer en solo puis pour intégrer un espace psychiatrique. Le ton est donné. Dave Gilmour le remplace, et le nouvel architecte du groupe devient Waters. Toujours des albums très psyché sont à la clé : A Saucerful Of Secrets, Ummagumma, Atom Heart Mother, ou encore Meddle. Puis en 1973, le groupe devient définitivement mythique avec le très reconnu Dark Side Of The Moon, lequel dispose de nouveaux relents jazzy et qui restera une des plus grosses ventes de tous les temps. Puis, deux chefs d'oeuvre suivent encore, synthèse progressive au son ultime de tout ce qu'ils ont fait : Wish You Were Here et Animals. Pourtant, le groupe ne s'arrête malheureusement pas là. La drogue et le succès enivrent Waters, qui prend définitivement les commandes avec The Wall (double album conceptuel qui donnera lieu à un film d'Alan Parker) et The Final Cut. Ce sont de bons albums, mais dénués d'ambiances réellement psyché comme jadis. Waters décide de quitter l'aventure et lance un procès aux autres membres pour leur interdire d'utiliser le nom mythique. Peine perdu, les autres membres pondent encore deux albums, A Momentary Lapse Of Reason et The Division Bell, véritables catastrophes popisantes et aseptisées en émotions. S'ajoutent alors best of inutiles, lives et sempiternelles rééditions de Dark Side Of The Moon. L'élan divin donné à ce groupe génial a toujours été l'inspiration psychédélique d'un de ses membres. Quand celle-ci s’est évaporée, Pink Floyd n'existait plus.

18 / 20
18 commentaires (18.81/20).
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Animals ( 1977 )

On pensait les Floyd vieillis, mûris et apaisés, lors de leur précédent cd d’une maîtrise absolue des émotions. C’est la ou on attend le moins les grands groupes qu’ils se présentent, disent souvent les puristes. Mais alors là, pour le coup, on ne pouvait pas s’attendre à ça. Animals est un brûlot, un coup de massue dans la scène rock, un crachat haineux et malsain.

En effet, exit les ambiances nostalgiques et berçantes, ici, les trois morceaux centraux, entourés de deux pigs on the wind servant d’intro et outro (tiens tiens, la construction inverse de Wish You Were Here) sont plutôt longs, et difficiles d’accès.

L’ambiance est rageuse, desilusionée, mais pas d’un romantisme passif, sinon d’une envie d’agir et de tuer le mal à la racine, de s’insurger et de montrer les dents. Tous les instruments sont déchaînés et livrent des parties malsaines. Exit les mélodies claires de gilmour d’une naïveté jazzy, ou encore la basse groovy de waters et les touches de piano presque niaises. Ici, les instruments se dévergondent, et noircissent une ambiance en la salissant, en la tachant de couleurs chaudes, du rouge, du violet, du pourpre.
Certes, le cd est rempli de mélodies, mais même les voix ont perdu cette illusion de bien être et leur capacité à rassurer. Une sorte de duel oppose celui qui surrenchera le plus, ou qui éclipsera la folie d’un clavier omniprésent dans tous les plans. La basse retrouve une énergie et un toucher de corde lancinant, très agressif. Tous les sons se noient dans une production certes propre, mais mettant en avant une rage facilement discernable.

Animals est imprévisible, met en avant une rage impressionnante de la part d’un groupe que l’on croyait apaisée, et définitivement joyeux. Définitivement philosophique (A rapprocher de la ferme des animaux d’orwell), et définitivement malsain, Animals retranscrit une ambiance glaciale et haineuse, sans concession et sans aucune porte d’entrée apparente.
Même les passages plus folks sont chantés de manière inquiétante. Animals est un peu ce que sera le Pornography des Cure, une sorte de haine libératrice et sournoise.
Pink Floyd livrent ici un cd à part dans leur discographie, loin de tous les clichés auxquels on aurait pu s’attendre.

A écouter : Tout
17 / 20
19 commentaires (17.79/20).
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Wish You Were Here ( 1975 )

Ce qui est frappant avec Wish You Were Here, c’est que finalement le groupe ne fait pas une embardé a 180 degrés pour revenir à ses ambiances initiales, pré Dark Side Of The Moon, sinon que le groupe ajoute une couche de richesse à sa manière de composer, tout en gardant l’expérience Dark Side Of The Moon en tête.

Car oui, Wish You Were Here est different de The Dark Side Of The Moon. Hommage à Syd Barret, l’album conserve les nouveautés introduites sur le précédent album, à entendre Influence jazzy (le saxophone est toujours présent), la guitare sonne de la même façon, production d’une limpidité rare, et travail vocaux époustouflants.

Mais Wish You Were Here va plus loin, et fait preuve d’une inspiration plus proche de sa façon d’envisager les morceaux dans le tout début des années 70, avec Meddle et Atom Heart Mother. L’album comporte une chanson de 25 minutes coupée en deux qui prend en sandwich trois piéces plus courtes, mais loin d’être des déchêts.

Shine On You Crazy Diamond est un réel récital, où tous les instruments sont passés en revus, pour peu à peu se rejoindre dans une alchimie déroutante, sur des voix emprises d’un désespoir mélancolique. Waters et Gilmour se confondent, sans aucune ambition masquée, dans un bien être et une plénitude qui n’a d’égal que leur jeu, et la diversité des parties instrumentales.

Rien n’est de trop, tout sonne très propre, moins malsain qu’avant, plus maîtrisée et a la fois très puissant. Les chansons ne sont pas psychédéliques, mais très nostalgiques, la diversité des instruments prend le pas sur la présence de réels samples (bien qu’il y en ait encore, par exemple sur Welcome To The Machine).
Le groupe n’hésite pas a perdre en électricité, a calmer son jeu, là ou guitares sèches fréquentent claviers et nappes organiques. La ballade Wish You Were Here est poignante, bien que singulière pour le groupe. Le flou des précédents albums s’écarte, et livre plus de couleurs froides, un côté pointilliste et perfectionniste.

Wish You Were Here est un peu la synthèse de tout ce qu’à fait le groupe en ne reniant pas son dernier album en date, mais en insufflant plus d’âme que ne possédait ce précédent. Syd Barret le méritait. Finalement, il permet à ceux qui ont découvert le groupe avec Dark Side Of The Moon a ne pas être complètement perdus et à pouvoir intégrer les ambiances du début de carrière du groupe. Pour les autres, ce cd restera atypique, car d’une sérénité peu commune pour le groupe, présentant une maîtrise des sentiments typiquement romantique.

A écouter : Shine On You Crazy Diamonds et Welcome To The Machine
16 / 20
24 commentaires (18.63/20).
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Dark Side Of The Moon ( 1973 )

Il paraît que certains CDs sont cultes. Il parait que certains groupes sont cultes. Dark Side Of The Moon est le genre de cd qui a déjà fait couler beaucoup d’encre à son sujet. Malheureusement, ce n’est pas le cd qui a rendu le groupe culte, loin de là, sinon celui qui a réellement rendu le groupe populaire. Simpliste (du moins plus qu’avant) dans l’aspect, The Dark Side Of The Moon amène de grands changements dans la façon dont le groupe envisage sa musique.

Tout d’abord, le son est beaucoup plus professionnel, limpide que sur Meddle, et donc moins directement percutant mais beaucoup plus aseptisé. Le groupe vieillit et soigne son aspect extérieur et la richesse de ses sonorités, dans une recherche très scientifique de comment sonne chaque instrument. D’ailleurs, le cd est construit autour de thèmes urbains (un tiroir caisse, des horloges), qui entrent dans la modernité.

Les voix sont aussi différemment travaillées. Elles sonnent plus riches, plus incisives, plus variées et plus talentueuses, et bénéficient d’un traitement quasi parfait lorsqu’il s’agit des doubles voix, ou de l’introduction de chœurs (The Great Gig In The Sky).

La construction des morceaux délaisse le double aspect que le groupe expérimentait jusque là : grandes pièces de plus de 15 minutes côtoyant des chansons pop terriblement psychés. Ici, toutes les chansons tournent dans les 5 minutes et frôlent la construction plus basique, directement moins progressive, plus axée sur des moments forts (couplets/refrains), tout en gardant un corps suffisamment riche.

Le groupe délaisse aussi l’aspect terriblement psyché et terriblement effrayent des terreurs passées procurées par les substances illicites. Bien que les samples, des fois sonnent étranges et invitent toujours à un voyage certain (On The Run), on est bien loin des délires narcotiques des précédents efforts.

Pourtant, tous ces points ne concourent pas à un cd mauvais, ni gâché, mais à un cd réellement reconnu, et qui le mérite. En effet, le groupe gagne en facilité d’accès mais se permet d’explorer de nouvelles contrées, sans jamais tomber dans un aspect putassier. Les émotions dégagées sonnent différentes, moins tracassés mais plus nostalgiques et mélancolique (Gilmour et Waters chantent d’une manière déconcertante sur Time, où Gilmour lance un solo de guitare démesurément poignant). Le groupe a l’air de s’être assagi, mais en explorant des contrées directement plus jazzy (la ligne de basse de Money, bien que rapidement trop entendue, des claviers qui s’éparpillent ci et là, une guitare au son très sexy, le saxophone de Us And Them), et ainsi plus mélancoliques, et non plus horrifiantes.

De tous les albums indispensables des Floyd, c’est celui qui finalement a le moins d’âme, mais il reste très novateur, et le groupe a su renouveler son propre son, en gardant une credibilité et une sincérité qui leur sied finalement assez bien pour cette époque. Alors, oui on regrettera A Saucerful Of Secrets, Atom Heart Mother, Meddle même la pop sous LSD de The Piper At The Gates Of Dawn, mais le groupe livre son album à part, qui a tout de même beaucoup d’interêt, et qui présente une jolie cohérence.

A écouter : Tout pour la coh�rence mais sinon Time, Us and them, Brain Damage
17 / 20
22 commentaires (18.14/20).
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Meddle ( 1971 )

Succéder à Atom Heart Mother, tâche difficile. Meddle est sa suite. Logique me direz vous. Mais finalement, peu de groupes ont réussi à créer une suite à leurs chefs d’œuvres. Au plus haut de leur inspiration, le groupe délaisse l’orchestre présent sur leur précédent opus pour livrer leur chef d’œuvre rock. 
Rock, le mot est bien faible vu la teneur de chacun de ses morceaux. L’ambiance de Meddle est tendue, beaucoup plus que sur les albums précédents. Les structures concourent vers un moment libérateur,  délivrée puisamment dans un déluge mélodique invocateur. Le groupe invoque, joue avec les nerfs tout d’abord dans des montées en puissance (Fearless, One of these days), puis dans des passages complétement psychés et délirants (un chien aboyant sur Seamus, ou un morceau jazz/bar St tropez, plutot inquiétant placé tel quel).

Les musiciens jouent plus que jamais avec leur cœur, et renouent avec l’ambiance religieuse terriblement narcotique de A Saucerful of secrets en délivrant un mal être malsain, dans des morceaux poignants et angoissants. Pour finir, la tradition semble s’ancrer chez le groupe avec un morceau incroyablement génial : Echoes, où les éléments qui ont fait la grandeur de leurs trois précédents chefs d’œuvres sont repris : passages citadins psychédéliques rencontrent sons marins, aériens sur des parties rythmiques lancinantes et riches, bouclées par des voix d’une désillusion palpable, lâchant leurs dernières forces dans une bataille avec eux même, puis d’un passage organique qui n’est pas sans rappeler le final poignant d’une très rare intensité de la chanson éponyme de A saucerful of secrets..

Echoes clôt de maniére grandiose un cd d’une grande richesse, trop souvent mis de côtés par son grand frére Atom Heart mother, mais conceptuellement différent, plus dans la continuité de son père A saucerful of secrets.

A écouter : Echoes, One of these days, fearless.
19 / 20
22 commentaires (17.45/20).
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Atom Heart Mother ( 1970 )

Un groupe de rock qui s'offre le luxe paradoxal de jouer avec un orchestre, ceci reste étrange et unique. Pour les membres du groupe, une expérience à ne pas renouveller: horaires et façons de travailler resteront incompatibles. Pourtant cet album est peut être le plus grand album jamais composé.

En effet, sa piste éponyme est le morceau le plus attendrissant, le plus puissant, le plus angoissant de tout le monde du rock. Autour d'un thème principal formé sur base de cuivres et de violons, s'ensuit une envolée lyrique, batterie, puis clavier, puis guitare, se greffent pour nous livrer des parties mélodiques complexes et limpides. Au delà de cet ensemble rock se dégage un feeling classique évident dans la façon de renouer avec le théme de départ ou dans des choeurs mixtes endiablées et crescendo. Cette sucesion de moments clés donne une ambiance psyché complètement onirique réhaussée par une base rythmique déroutante. Elle se permet des escapades jazzy divinement éxécutées. Ce dépassement d'un rock composé avec tant de maestria garde un feeling très impressionniste. Les sons nous touchent par ce qu'ils sont et non par ce qu'ils sont censés représenter malgré quelques incursions dans l'art moderne avec des sons angoissants très contemporains. Cette toile de maître de pas moins de vingt minutes est une synthèse sous acide de la musique.

Mais le corps central du cd est une phase de décompression: des chansons dans une veine plus classique permettent d'ingurgiter une pelote impressionante pour une premiére écoute . Chanson intimiste où enfin les voix aparaissent (If) sur une guitare sèche très tzigane et mélancolique, pop enjouée sur un piano gaillard (Summer) où la voix n'est parfois pas éloignée du travail des Beatles et enfin rock psyché d'une tristesse qui rappelle les longues nuits d'hiver ambiance King Crimson (Fat Old Sun).

Le corps plus accessible instaure une relation de confiance avec l'auditeur qui ne peut être que dérouté par le mauvais coup qui lui est préparé: le petit déjeuner psychédélique d'Alan. Cette pièce théatrale à l'ambiance très filmesque donne un fond aporétique au cd. L'ambiance rappelle Kubrick tout comme Travolta saupoudré d'une tierce muse nommée drogues. L'histoire racontée est une experience psychédélique parfaitement personnelle mais qui immerge d'une façon confuse dans un monde dépravé et décadent: joie et tristesse se mèlent pour arriver à une alchimie parfaite et désillusionnée. A la fois belle et folle, cette pièce sortirait presque des turpitudes d'un Dorian Gray (Le portrait de Dorian Gray par Oscar Wilde) musicien. Un cd à ne surtout pas rater qui s'écoute avec toutes sortes d'états d'esprits mais qui les radicalise.

A écouter : Au moins la piste �ponyme.
17 / 20
13 commentaires (16.35/20).
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A Saucerful Of Secrets ( 1968 )

1968, la vague hippie submerge le monde, la mode est à l'hallucination de masse, au regroupement en communautés sous une seule bannière: le rock'n'roll. Pink Floyd sortent à cette date emblématique un cd d'une complexité peut être jamais égalée. On note là la patte The Doors dans le clavier mais l'influence s'arrétera là. Un jour Morrison avait affirmé au cours d'une interview: "Acid, sun, friends, the ocean, poetry and music". les Pink Floyd s'accaparent cette citation et la reprennent à leur gout: acide, obscurité, grandiloquence, immensité, désillusion et musique.

Acide : On sent l'influence maudite des drogues dans des compositions psychées, dans un jeu de batterie halluciné, dans des aigues de guitares ne ressemblant à aucun son connu, dans des coupures de rythme molassones mais surprenantes.

Désillusion : Cette influence des drogues montre un rél mal être de la part du groupe qui exprime une mélancolie attristée dans des complaintes sonores. La voix se fait lente et fatiguée dégagant un désespoir palpable. La basse propose un thème souvent itératif et mentalement éprouvant (Set The Controls For The Heart Of The Sun : martèlement d'intro avec une batterie et une voix complètement désespérés.)

Obscurité : Ainsi, le cd offre une ambiance totalement sombre, une photo de l'époque contrastant avec ces débauches de joie apparente (festival de Woodstock, épicurisme exacerbé). Les ambiances psychédéliques proposées ne tendent pas à faire sourire mais angoissent et opressent réellement, exercent un pouvoir maléfique.

Grandiloquence : Ce pouvoir maléfique posséde une attraction malsaine et désobligante , on a du mal à y rentrer, on en veut, on en veut pas, on veut s'en échapper et l'on reste scotchés. Le tout est réhaussé par un clavier qui enfonce le clou. Il pose des ambiances lentes et progressives, proches d'un expérimental de Philip Glass (froides et lointaines). Même quand l'aspect festif semble apparaître, il est de suite coupé par un passage d'une rare tristesse (Corporal Clegg). Certains passages organiques nous évoquent un moment spirituel avec un son de cathédrale d'une taille gigantesque . Le groupe s'invite au dessus de la race humaine tel le poète Victor Hugo l'avait proné ("Fonction du poéte") en tant que guide au front éclairé.

Immensité : Pour cela, le groupe transforme le registre rock hippie à un rock progressif expérimental aux sonorités tronquées et distordues. Le feeling est classique, avec des instruments rock, ce qui donne une unicité incomparable au groupe:montées en puissance, accalmies, théme général qui se reprend. Nous sommes bien loins d'une musique festive, elle sort des turpitudes d'une génération blasée en quête d'identité. "Il est interdit de s'interdire" ce plaisir masochiste.

A écouter : Bien s�r