Biographie

Pilori

C'est au cours de l'été 2015 que le projet prend forme, à Rouen (Normandie), sous l'impulsion de membres (ou anciens membres) de Nuisible, The Birds End, VenosaElephantsSutter Cane ou encore Toboggan, désireux de monter une formation mélangeant des influences crust, grind, et black metal.

A partir de mars 2016, Pilori sort de son local de répétition pour commencer à jouer en live (avec Regarde Les Hommes Tomber, Harm Done, Cowards, ...). Une première demo 4 titres sort sur Bandcamp (en téléchargement libre) au mois de mai, puis en format cassette fin juillet via un jeune label du Kazakhstan, Red Truth Records. Un split avec Dakhma (Post-Black) est annoncé pour fin 2017, ainsi qu'un premier opus pour le début de l'année suivante. Cet album arrive au final début 2020, A Nos Morts, avec deux featurings (Matthias de Calvaiire / Fange et Dylan Walker de Full Of Hell).

15.5 / 20
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Quand Bien Même L'Enfer et le Déluge S'abattraient sur Nous ( 2022 )

Paysage apocalyptique amorcé et nom de l’opus dans la même veine, le ton est dit. Déjà avec A Nos Morts, on sentait ce rouleau compresseur évoquant Hexis, mais orientant son côté evil vers une sensation cataclysmique. Sur Quand Bien Même L'Enfer et le Déluge S'abattraient sur Nous, Pilori continue mais le contour blanc de l’opus précédent semble avoir complètement été absorbé par les teintes de noir / gris présentes ici.

Et si la batterie était le Déluge et les cordes l’Enfer ?
C’est un peu ce que l’on pourrait se dire après quelques écoutes. Que serait le chant ? L’orage qui gronde ? Les litanies des morts ? Difficile de juger, mais tout s’abat de façon brutale sans jamais vraiment s’arrêter, jusqu’aux émotions de « … Et le déluge ». C’est presque comme cela qu’on voit la fin : une violence soudaine, ininterrompue et puis plus rien, si ce n’est cette maussade pluie de cendres qui recouvrira tout.

Il faut dire que l’entrée en matière de « De Guerre Lasse » ne laisse pas de place pour l’adaptation : tout démarre en trombe pour redescendre quelques minutes plus tard, mais Pilori amène son Blackened Hardcore sur un paysage désolé qu’il ne relâche que rarement, malgré quelques breaks qui gardent malgré tout leur lourdeur (« Quand bien même l’enfer »). Une fois que l’on a passé ce cap de l’acceptation d’un fatras sonore, on se prend à apprécier des titres comme « Ou Gisent Les Ancres » et « Une Livre de Chair », cacophonies construites pour être des trompettes de l’apocalypse entre l’intense « Maelstrom » et le « Au Prix de Tous les Sacrifices ». Car ce nouvel opus alterne les durées, dépassant de peu les 45 secondes ou flirtant avec les six minutes, si bien que la première impression de longueur se dissipe peu à peu. Oui, on pensera à nouveau à Hexis, mais également au côté infernal du dernier Hierophant.

Déluge de violence, dans une gros vide Blackened Crust, ce nouvel opus de Pilori hausse encore le ton.
Pas dénué d’intérêt mais presque trop massif pour le digérer d’une traite, Quand Bien Même L'Enfer et le Déluge S'abattraient sur Nous confirme un très bon niveau d’écriture, notamment au travers de titres comme « Une livre de chair ».

15.5 / 20
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À Nos Morts ( 2020 )

Dans le genre Blackened Hardcore, Pilori a franchi un sacré cap avec A Nos Morts.
Entre les deux featurings (avec Dylan Walker de Full Of Hell et Matthias Jungbluth de Fange / Calvaiire), Pilori s’est entouré d’invité de marque (le disque a notamment été mixé par Cyrille Gachet, qui s’est occupé du dernier Verdun ou de plusieurs Year of No Light). En résulte un disque assez intense, qui rappellera parfois la lourdeur de Hexis ou justement Young and In The Way boosté niveau volume sonore.

On y retrouve cet aspect Black Metal du riffing (« Que La Bête Meure » ou « Sous Mes Mains ») avec l’assurance du Hardcore, parfois lourd (« Roi des Rats » / « A La Recherche Du Roi Perdu »), à d’autres instants virulent mais au jeu de batterie assez varié. S’il s’intègre parfaitement dans un mouvement artistique déjà bien établi, à la fois instrumentalement mais aussi lyriquement parlant, A Nos Morts n’en demeure pas une vague copie. S’il doit se révéler être un potentiel mur de son en live, le rendu studio n’a pas à rougir et fait office de parpaing dans les dents. Un champ lexical volontairement violent tant Pilori rend l’ensemble haineux et guerrier.

Ainsi, les affinités évoquées sont à compléter par Nails, All Pigs Must Die, Magrudergrind … Tout autant de références qu’ont assimilé les membres de Pilori pour sortir quelques brûlots comme « La Grande Terreur », dont la qualité est largement à la hauteur des noms cités. Peut-être regrettera-t-on l’intensité viscérale du disque qui écrase parfois certaines subtilités (le trop court « Roi des Rats » ou la fin de « Poursuite du Vent ») mais A Nos Morts est un bloc de granit pur.

Au niveau des paroles / thèmes abordés, le chant en français n’altère en rien l’effet de cet opus, et on est à nouveau dans quelque chose qui n’est plus une découverte : des textes un peu écartés des schémas traditionnels, s’orientant plutôt vers des textes construits que le classique couplet / refrain. Ca parle, comme on peut s’y attendre, de regrets, de morts mais aussi d’une sorte de fin de l’humanité qui se rapproche à grands pas (« Lorsque Viendra La Nuit »).

A Nos Morts est extreme dans son approche et son rendu final. Déjà, sur le split avec Dakhma, on sentait une évolution dans la musique de Pilori. Un nouveau cap est franchi ici, pas forcement le plus facile dans le jeu du premier album.

Split avec Dakhma ( 2017 )

Pour ce split avec Dakhma, les normands de Pilori sont passé à la vitesse supérieure, que ce soit en termes de production (avec Camille de Smohalla aux manettes) comme de composition et d’intention.

Via Crucis donne le temps dès les premières secondes : un très bon mix d’énergie brut (le chant est particulièrement jouissif), d’ambiances malsaines (arpèges nauséeux blackisants du plus bel effet) et de passages chaotiques des plus furieux. Le Baiser s’avère dès son intro, plus aérien, permettant de révéler une facette d'avantage intimiste et mélancolique du groupe. Bien que plus mélodique, ce second morceau n’en reste pas moins fidèle à la patte du groupe, avec une touche Hardcore catchy prononcée.

Le silence devient larsen, les paroles deviennent morsures.

Deux excellents morceaux, plus que prometteurs quant à la suite des hostilités. Dakhma quant à eux nous viennent du Michigan, et évoluent dans un Black Metal plus traditionnel qui rappelle les grandes heures scandinaves des années 90, ce qui s’avère paradoxalement particulièrement rafraîchissant à l’heure où tant de groupes tendent et peinent à se détacher de l’influence des monstres sacrés de la nouvelle génération, Deathspell Omega en tête. La plus-value vient ici de la sincérité qui transpire du chant d’écorché du hurleur, ce qui assure une certaine cohérence avec les morceaux de Pilori malgré le grand écart apparent stylistiquement parlant.

Un excellent split, une très belle découverte donc.

Démo ( 2016 )

En a peine quatre titres, Pilori s’emporte dans des contrées extrêmes : la combo signe ici sa première démo, annoncée comme dans la continuité de groupes comme Rotten Sound, Gaza, Cult Leader, … Au menu : d’un mix brutal entre Crust, Hardcore et Black, le combo lâche des ambiances (intro de « Seul Contre Tous » aux dissonances blackisées ou le côté très Hardcore de « Ce que je suis … ») mais ne tombe pas dans une redondance sonore (parties rythmiques variées, riffs bien loin de deux accords sans âme), même si la partie vocale est l’aspect le plus linéaire ici.
Dans les affiliations sonores, on retrouvera Young and in The Way (période When Life Comes to Death), Trap Them ou Cult Leader, mais le principal soucis est que l’aspect Démo se ressent sur l’ensemble des quatre compos, à la fois dans la prod mais aussi dans la justesse de l’ensemble : le son crade mais également les cordes manquant de finesse (« Seul Contre Tous ») ou les ralentissements de tempo cassant le rythme de l’ensemble. D’autres groupes arrivent très bien à obtenir un rendu équilibré tout en pratiquant des styles extrêmes (on prendra en exemple Gasmask Terror, Pilori aborde les mêmes thèmes dans ses paroles), mais ici il manque quelque chose pour se dire que Pilori a sorti une démo idéale : ce disque est taillé à coups de burin, laissant les finitions abruptes et à vif, qui ne plaira pas à tous.

Résolument sombre dans sa musique et ses lyrics, Pilori souffre peut être de quelques écueils (on aurait aimé que les parties les plus lentes soient moins présentes ou un peu plus de précision dans les compos) mais la base est là, solide et assumée. On attendra le split à venir ou le premier LP pour valider les espoirs que l’on porte sur le combo.