Si ces 3 new-yorkais affamés de pilonnage en règle ont décidé de se nommer "Pigs" c'est peut être dans l'espoir que l'on évite de trop tourner autour du pot quand il s'agit de parler de leur musique. Pour cause, et il est utile de rapidement le préciser, ce disque est tout sauf une cour de récréation pour des types déjà très bien occupés avec leurs projets respectifs (cf. plus haut). You Ruin Everything n'est donc pas un disque de branleurs plié en dilettante, mais bel et bien un putain de pavé noise rock, urbain et nauséeux, massif et nerveux.
Malgré toute la bonne volonté des gaziers à injecter de la testostérone en intraveineuse dans chacun des 10 morceaux, You Ruin Eveything parvient à conserver tout au long de sa course effrénée, entre tunnels gazés au pétrole et ruelles crasseuses dominées par les blocs de béton, une étonnante diversité. On y retrouve évidemment les mâchoires musculeuses et prédatrices de la noise façon Unsane au minimum en toile de fond, mais Pigs ne se fait pas prier quand il s'agit d'alimenter un foyer nettement plus metal façon Keelhaul. Se jouant du songwritting, le trio acte en permanence quelque chose comme un tour d'équilibriste jouissif, entre punk et métal, noise et sludge, saccades sauvages ultra-plombées et aplats d'acier nettement plus glissants. Au final on ne sait jamais trop de quel côté les coups vont surgir. Même les mélodies - il y en a tout un tas - savent parfaitement gifler derrière les oreilles.
Il manquait un vrai Grand Huit aux nouvelles attractions new-yorkaise de Coney Island (cf. la superbe pochette du disque). A New York, il y a désormais Pigs et il faut croire que la paire de Ronald MacDonald totalement ravagés au premier plan du visuel en sortent tout juste, la gueule en sang et du sable plein les molaires encore baignées d'alcool frelaté ingurgité la veille.
Aussi en avant soient-ils, on ne fait plus vraiment attention aux instruments (ils sont énormes et il est inutile d'en dire davantage) sur ce premier disque de Pigs. C'est le signe qu'au coeur de la mêlée, ce sont bien les sensations et l'adrénaline qui priment sur tout le reste. Quoi de plus normal pour un album composé par 3 mecs habités par une même flamme rougeoyante en provenance directe de l'anus d'une usine à grosses cylindrées de Détroit.