Pianos Become The Teeth

Screamo / Post

États-Unis

Keep You

2014
Type : Album (LP)
Labels : Epitaph Records
Tracklist
01. Ripple Water Shine
02. April
03. Lesions
04. Old Jaw
05. Repine
06. Late Lives
07. Enamor Me
08. Traces
09. The Queen
10. Say Nothing

Chronique

par Euka

La surprise est de taille. Pensez donc, un nouvel album de Pianos Become the Teeth sans toute la partie scream, avec uniquement un registre Indie / Emo / Rock, on pouvait avoir des difficultés à laisser s’épanouir cette idée avec Old Pride ou The Lack Long After. Et pourtant, en quelques mois, les américains se sont forgés une nouvelle identité qu’ils prennent un malin plaisir à dévoiler sur Keep You.
Même si la tradition Post reste omniprésente (« Repine »), Pianos Become the Teeth s’envole vers des horizons plus radieux, avec un frontman laissant couler sa voix sur chaque titre. De la douce montée en puissance de « Late Lives » aux effluves vaporeuses de « Say Nothing » (et un retour aux origines sur les dernières parties vocales), les musiciens n’ont pas délaissé leur histoire peuplée de Post / Screamo, mais en ont atténué la fureur.
Si le poids des instruments est toujours aussi important, les paroles jouent toujours leur rôle. Touchantes, il faut reconnaitre qu’elles cachent toujours une amertume poignante, même si l’on devine assez aisément les thèmes abordés lorsqu’on lance chaque titre. Le ressenti global de Keep You est émotionnellement agréable, un peu comme si The National décidait de mettre en avant un côté moins Indie. Ce nouvel album captive, émeut, effleure et donne des frissons : de la fragile poésie de « Enamore Me » à la délicatesse malmenée de « Say Nothing », Pianos Become the Teeth exécute ses dix compos avec passion.

A première vue, ce Keep You est plus que prometteur. Pour autant, 2 points de vue s’opposent aisément.
D’une part, ceux qui n’attendaient rien ou qui ont apprécié la tournure prise par le combo : rien à redire, Keep You aura son charme et en ravira certains.
De l’autre côté, les déçus, qui attendaient un album dans la continuité de The Lack Long After avec un peu plus d’envolées screamo. Ils auront peut être raison puisque l’un des atouts de Pianos Become the Teeth s’est ici dévoilé sous une autre facette, même si le résultat manque encore de véritables forces : trop homogène, ce disque n’a pas de moment fort, certains passages se succèdent et se ressemblent, la folie et l’émotion de « I’ll be damned » ou « Filial » sont ici diluées dans un océan qui parfois semble trop calme. En s’évertuant à trop changer, Pianos Become the Teeth peut avoir perdu en intensité et en poigne.

Evolution intéressante que celle de Pianos Become the Teeth et en s’orientant sur des compos et interprétations beaucoup plus emo, le combo surprend. Pour autant, au travers de titres comme « April », il est une capacité à canaliser les sentiments qui accapare l’attention. Véritable réussite ? Il serait peut être un peu présomptueux d’aller jusque là, mais il faut reconnaitre que la prise de risque et les perspectives engagées par les Américains sont plus qu’intéressantes. Reste à peaufiner les détails.

13

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.25
Avis 4
Pentacle January 1, 2015 15:21
L’évolution qu'on présentait depuis le split avec Touché Amoré est donc définitive et louable. Le problème, c'est que Pianos Become The Teeth se perd en cours route et semble ne pas savoir quelle tournure donner à leur nouveaux morceaux. Manque de vrais moments de bravoure, de passages trop calmes et surtout de compositions bien trop homogènes pour se révéler pleinement intéressantes, Keep You pâti de tout cela à force de taquiner les frontières de Indie / Post, qui n'est visiblement pas à la portée du premier groupe de Screamo venu. N'est pas Comadre qui veut.
12 / 20
Ark Age December 7, 2014 23:32
Il est paradoxal de nommer un album Keep You quand celui ci comporte un aussi gros virage stylistique. Car oui, PBTT fait ici disparaitre le chant crié pour le remplacer par le chant, et l'on sait que ce genre d'évolution musicale peut flinguer un groupe

- "qui a parlé de Linkin Park... hein qui??? non mais quand même l'on en est loin là"

Oui exactement, comme vient de l'annoncer mon autre moi-même, ce genre de virage est généralement l'équivalent d'un harakiri, entre les morceaux qui sombrent dans le plat (voir le carrément mou) et la "fanbase" qui s'effrite, se fissure...

Et c'est là que se trouve le coup de génie de PBTT (et de son Keep You), en faisant un tel changement, non seulement ils évitent la redite (car faire un The Lack Long After bis aurait été très mal accueilli, j'en suis certain) mais en plus ils subliment le répertoire, le font voler en éclat pour mieux le reproduire, pour mieux nous conquérir. Comment ne pas fondre devant les envolées pop de Still Water Shine et Late Lives, les mouvements folk de Repine ou les vocals cathartiques de April et Say Nothing. Et le tout se finissant sur les murmures de Kyle



Cause the sand keeps you



La boucle est bouclée, Keep You est l' (mon) album de l'année.
17 / 20
Radioshack December 5, 2014 23:34
Pianos Become The Teeth exploite à fond son côté emo indie et post-rock sur ce nouvel effort qui m'a littéralement troublé (pour le coup, merci Ark Age). J'ai découvert de ce fait PBTT avec Keep You, et je ne suis donc pas déçus comme certains fans des premières heures ont pu l'être.

Étant en pleine période d'Emo Revival et toujours aussi passionné des sonorités post-rock, ce nouvel album est tombé à pic. Ce n'est pas une mais plusieurs grosses claques que Keep You m'a collé, avec ces montées riches en émotions (April, Repine, Say Nothing), la courte Traces et autres perles qui constituent cet opus, Keep You prouve l'envie au groupe d'explorer non pas seulement ces terrains bien connus mais au delà sans forcément trop déborder sur les frontières des genres. Pour les auditeurs comme moi, découvrant PBTT via ce Keep You et étant réceptif au style joué sous cette nouvelle tournure musicale, je ne suis plus que ravi de cet album. Très bonne surprise.



Si je me fis à leurs productions antérieures Le son est plus calme, plus posé, clairement donc l'album de la maturité.
16 / 20