Vous avez peu de chance de trouver cet album chez votre disquaire préféré, même chez celui que vous détestez d’ailleurs. Reste donc le net et le bouche à oreille. Pericles n’aime pas les étiquettes puisque ça gratte. Mais il faut bien avouer qu’une chronique se doit d’étiqueter, en tout cas de référencer, l’œuvre dont elle parle. Et Pericles annonce clairement le tempo, puisque les 12 titres de la galette sont executés en à peine 23 minutes. Mais attention, cette urgence, cette débauche d’énergie, cette surconsommation de produits vitaminés est un gage de réussite. Souvenez-vous, dans le même genre « inconnu à découvrir », des Espagnols de Los Ass Dragger qui avaient enregistré en une journée leur 21 titres pour 22 minutes au milieu des années 90. On en reste encore coi.
Pericles est le genre de groupe qui mixe la puissance d’un punk-rock super rapide, avec un son assez cryptien et des passages ska, saccadés (chaloupés dirait-on ailleurs) et une voix qui doit autant à Rancid qu’aux New Bomb Turks (Coquettish n’est pas loin aussi dans le côté bad ska saturé gueulé!). Intro, couplet, refrain, couplet, parfois un pont et un refrain qui se transforme souvent en « outro ». Classique, efficace, très direct. Uppercut, à terre.
Les gars envoient chier tout le monde, homophobes, religieux… et surtout les américains, il faut bien dire, de la "génération pepsi" au "G.I. fuck !", de "fuck the police" en passant par les poétiques "Lets Welcome the united states (fuck no)", et autres "as these piggies do for (money) and drag ya down if you don’t conform, so we burn this fucking flag" (bonus quote: « the god must be taking a shit on us, or it doesn’t give a flying fuck »). Dans ce dédale de revendications, "Puercos Bad, Pericles Good" sort du lot avec un groove skaïsant et des breaks bienvenus (souvenez-vous "bababylone, babababylone" des feu-Uncommonmenfrommars). Idem pour "Cradle of Dumb", qui commence comme une gentille pop song, pour finir dans un défouloir basse-batterie-gratte-chant « au taquet ».
Un album qui passe trop vite, durant lequel on ne s’ennuie pas, on s’empresse d’en remettre une fournée, d’attendre le prochain passage, d’envier le prochain document sonore. Go Pericles !
A écouter : Puercos Bad, Pericles Good