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Biographie

Pensées Nocturnes

Vaerohn est Pensees Nocturnes. Pensees Nocturnes est Vaerohn.
Débutant en 2008, le compositeur français enregistre rapidement un premier album Vacuum qui sort en 2009 chez Les Acteurs De L'Ombre Productions. Celui-ci va plus loin qu'un classique disque de Black-Metal allant jusqu'à combiner éléments Blues, Classiques ou Folk dans sa musique. Toujours dans cette optique d'alimenter se musique d'éléments nouveaux, un second opus intitulé Grotesque sort l'année suivante.

Grand Guignol Orchestra ( 2018 )

Alors que les Pensées Nocturnes s’égarent dans le bourbier d’un cauchemar éthéré les apparitions se multiplient, fugaces, tordues, comme un spectacle de marionnettes désarticulées et terrifiantes. Après les cabarets crasseux de Nom D’une Pipe, c’est le Cirque Infernal qui sera le thème de Grand Guignol Orchestra.

Le monstre de maquillage et de latex


La dernière œuvre de Vaerohn nous contemple de son œil brûlant d’une folie et d’intelligence calculatrice. Se confronter à pareille création est une épreuve tant psychologique que physique : il n’a jamais été question de rendre le spectacle agréable. Inspirant et sauvage, brutal et subtil, il ressemble à une hallucination de fièvre aux lumières trop fortes et embrumées. Les pistes déroutent, mettent mal à l’aise et laissent derrière elles une terre contaminée d’où sortent des fruits interdits, riches d’idées étranges.

Le jongleur aux lames de rasoir


Et pourtant au détour d’un rythme inattendu on se surprend à sourire en sortant les dents : la folie est contagieuse. Les guitares tranchantes et dangereuses se révèlent fascinantes quand elles sont contrebalancées par les cuivres patauds, la double pédale hystérique s’invente une charme énergique alors qu’elle joue avec les accordéons et le piano. Le chant au bord de la rupture d’un maître de cérémonie en phase terminale de poésie mélancolique se meut en une fraction de seconde de moquerie en tristesse et de rage en rire hystérique. Poil de Lune illustre à elle seule la cacophonie sublime que renferme le chapiteau de l’enfer.

Le cadavre dansant


Désarticulé, se mouvant par une force qui n’a rien d’humain, un zombie danse sur la piste. Ses pas n’ont rien d’aléatoire : il a été un grand danseur autrefois, le tango, la valse viennoise, le swing et même la samba n’ont pas de secrets pour lui. Son numéro bien que figuratif n’en est pas moins captivant, ses mouvements retiennent l’attention et donnent au spectacle un aspect plus accessible, une prise pour ne pas perdre pied dans le maelstrom furieux des compositions alambiquées.

Les cuivres sanglants

Plus que jamais, les instruments à vent délivrent leurs mélopées envoûtantes. Véritable chant des sirènes, elles séduisent et teignent l’ensemble de couleurs fiévreuses. Les Valseuses ont même droit à l’apparition d’un didgeridoo probablement ramené d’une expédition à l’autre bout du monde. Souffle mystique issu d’instruments aussi malades que leurs possesseurs elles proposent des interludes, breaks et montées en puissance comme peu ont la pertinence.

La plongée dans l’univers de Pensées Nocturnes se fait en étant averti et Grand Guignol Orchestra ne fait bien entendu pas exception à la règle. 10 ans après Vaccum, et avec un concept autour du grotesque qui se tire maintenant sur 4 albums la thématique du cirque était logique. Le brio avec lequel Vaerohn créé ses univers est époustouflant, allant toujours plus loin tout en rendant son œuvre plus accessible, il est sans aucun doute un des grands compositeurs de Metal français.

A écouter : Avec le sourire
15 / 20
1 commentaire (15/20).
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A Boire Et A Manger ( 2016 )

Par ici ! Entrez donc dans l'univers fantastique de Pensées Nocturnes ! Ne vous inquiétez pas, pas de joyeux rêves ici, seulement les cauchemars incessants d'un esprit malade. Monstres asymétriques, sons irréguliers ... tout y est pour vous faire passer un moment inoubliable ... car dès que vous aurez franchi cette porte, vous serez pris au piège. Accrochez vous chers amis, il y a A Boire et A Manger dans cet antre sombre, mais croyez moi, vous ne serez pas déçus.

Commençons notre voyage par rappeler le concept de base de Pensées Nocturnes. Quelque part entre le cabaret grotesque et le cirque horrifique, A Boire et A Manger est dans la droite lignée des ses prédécesseurs, mélangeant avec un talent aussi subtil qu'improbable Black Metal et musette, double pédale et accordéon, growls furieux et trompette. Une fois n'est plus coutume, Pensées Nocturnes dérange, perturbe et ne laisse jamais indifférent, et ce n'est pas avec la présente production que nous reviendrons sur ce constat. Les ambiances sont léchées, peintes avec soin comme la pochette de l'album remplies d'un contraste saisissant entre l'apparente bonhommie et le malaise profond. 

Il est évident que nombre d'entre vous ne supporterons pas le voyage. Allant toujours plus loin dans le concept, Vaerohn et sa bande ont concocté un ensemble de pistes d'une grande complexité. Mélanger autant d'influences et références est difficilement supportable pour l'auditeur non averti. Le cabaret horrifique n'est pas fait pour plaire à tout le monde ... si Vaccum et Grotesque étaient avant tout centrés sur les différentes variation de musique classique, depuis Nom d'Une Pipe, nous sommes entrés dans une période aux influences plus jazzy. Malgré cela, il n'y a pas beaucoup d'éléments de comparaisons valables entre A Boire et A Manger et ses prédécesseurs : plus sombre, plus décousu, plus violent et encore plus inaccessible, il faut du cran pour découvrir les mystères de ce cirque infernal.

La diversité des instruments et des rythmes permet au concept de vivre tout le long de l'album sans s’essouffler. Même après de nombreuses écoutes il reste difficile de comprendre par quels procédés cela peut fonctionner mais les faits sont là : il s'agit une fois encore d'une belle réussite. Dans le groove malsain d'une guitare malade dans La Marche de Travers à la fois grandiose et grotesque, évolue au gré des folies vocales d'un Vaerohn qui nous gratifie de sa voix claire empreinte de l'énergie du désespoir. Dans le jeu sur le temps dans Les Yeux Boiteux qui est une matière molle qui se tend et se détend à loisir. Ou alors dans la reprise fort judicieuse de La Javanaise intitulée ici La Java Niaise ... autant de détails qui, font un tout d'une solidité remarquable.

A Boire et A Manger est un concept judicieusement appliqué par un groupe de musiciens de grand talent. Malgré tout il s'agit d'une oeuvre extrêmement complexe dont le feeling très glauque peut être un frein pour beaucoup. Il est néanmoins clair que l'objectif ici est atteint, ce qui fait du disque le brillant héritier de la carrière déjà bien remplie de Pensées Nocturnes.

A écouter : En y étant préparé
17 / 20
6 commentaires (15.17/20).
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Grotesque ( 2010 )

Pénétrez dans le monde de l'étrange, de l'obscure, où les formes sont floues et l'antre de la folie pas aussi lointain qu'on pourrait le penser. Un univers peuplé de personnages inquiétant, de décors sordides et d'idées tortueuses. Ce monde, c'est celui de Grotesque, le second album de Pensées Nocturnes.

Enregistré à peine six mois après Vacuum, Grotesque ne pèche nullement par un travail bâclé et fait à la va-vite. Une fois n'est pas coutume, la qualité des arrangements et la richesses des structures saute aux yeux (ou aux oreilles), signe que Vaerohn a encore fait du très bon boulot dans la composition de ces huit titres. Vaerohn va même plus loin dans son art qui se trouve d'une certaine manière différemment orienté sur Grotesque. Tout d'abord les vocalises ont évoluées. Le chant qui accentuait cette dimension dépressive à son Black-Metal se veut peut-être moins dominant mais demeure surtout plus grave et austère que précédemment. Les instrumentations sont encore une fois accrue, poussée à leur paroxysme notamment grâce à la diversité des instrument utilisés (flûtes, piano, violon, accordéon, orgue etc.) et les rencontres stylistiques se multiplient. On note toujours des compositions Néo-classique, mais qui se sont cette fois-ci diluées et nouées dans les morceaux, une trace de Blues sur Eros, quelques accents Folk acoustique dans les compositions...

Tout cela prouve une seconde fois que Pensées Nocturnes est bien plus qu'un simple groupe de Black-Metal. Ce que l'on aime dans ce disque c'est se laisser porter au gré des ambiances, des sonorités, des rencontres. Des rencontres qui se font au fur et à mesure des climats inquiétants instaurés, des passages plus calmes mais pas pour autant plus rassurant (les sonorités préoccupantes sur Paria). Avec Grotesque on entre dans le royaume des peurs, des craintes, des angoisses, des visages déformés par toutes sortes de vices. On y côtoient des lieux saugrenus, théâtres, fêtes foraines, foire aux monstres, on évolue parmi la nature cauchemardesque de Râhu, on ère tels des pantins désarticulés, sensation renforcée par les instruments dissonant (sur Monosis par exemple), pour enfin se faire surprendre par l'univers dérangé, telles les notes funèbres d'orgue sur Thokk ou le coucou qui sonne le glas sur Hel.

Il ne sert à rien ici d'assimiler pleinement la musique de Vaerohn. Déjà parce qu'il est peu aisé de comprendre tout ce qui nous arrive, plus que sur Vacuum, car Grotesque est un monde véritablement plus difficile d'accès et opaque. En outre, tout le ressenti de ce disque passe par le fait d'être transporté d'un lieu à un autre sans rien maitriser d'un bout à l'autre, ce qui en fait tout son charme... et ses appréhensions.

Vacuum était un coup de maître, Grotesque en est la confirmation de son auteur. Plus abouti sur tous les points (chant, instrumentation, production) que son prédécesseur il se laissera cependant moins vite dompter. Cette seconde galette de Pensées Nocturnes confirme tout le bien que l'on pouvait attendre de ce one man band. Grotesque se doit d'être écouté attentivement pour en percevoir toutes ses subtilités et encore, même après de nombreuses écoutes on y découvre toujours de nouvelles choses, mais surtout, on se relaisse embarquer dans cet univers tourmenté avec plaisir.

Le disque peut se commander sur le site des Acteurs de l'Ombre.

A écouter : dans un th��tre
17 / 20
5 commentaires (18.4/20).
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Vacuum ( 2009 )

La scène Black-Metal française est devenue prestigieuse aux fils des ans avec les productions entre autre de Peste Noire, Blut Aus Nord ou Deathspell Omega en tête de proue. Il y a fort à parier qu'il faudra désormais compter sur Pensées Nocturnes et sa première offrande Vacuum, dans les rangs des groupes influents de la scène française. L'entreprise est personnelle et ambitieuse, quitte à laisser sur la touche ceux qui ne la trouveront pas assez proche de l'essence Black-Metal.

Pensées Nocturnes fait parti de ces récents groupes à tenter une nouvelle approche du genre et rejoint d'ailleurs en plusieurs points les canadiens de Sombres Forêts ou de Gris dans leur démarche mélancolique et désespérée à l'extrême du style qu'on qualifie souvent de Black-Metal dépressif. Vaerohn, tête pensante du projet, s'en distingue pourtant nettement car il souhaite mener Pensées Nocturnes au delà de cette classification en mariant avec talent la grandeur de la musique classique et la noirceur du Black-Metal. Il n'est nullement question de jouer à la manière des groupes de Black-Metal-Symphonique non, rien de majestueux ou de grandiloquent ici, car Vacuum est une œuvre belle, torturée certes, mais raffinée et surtout intimiste. Le point fort de ce disque est incontestablement l'atmosphère qui se dégage de Vacuum, lugubre qui évoque la contemplation des cieux, une nuit de pleine lune (Lune Malade) ou figure d'anciens châteaux du siècle des lumières. Il en résulte un disque coincé entre deux époques, celle romantique et celle moderne, créant un entre deux monde, une sorte d'anachronisme qui pourtant est amplement réussi.

En outre, Vacuum est un disque complexe (et décomplexé d'une forme classique du Black-Metal), incroyablement riche en textures sonores et en recherche musicale. Quelques passages Folk sont par exemple à noter comme sur Flore ou Repas De Corbeaux, mais la prédominance reste tout de même la musique classique agrémentée d'une multitude de détails et de sonorités diverses par des instruments tels que le piano, le violon, la clarinette... Les idées sont de plus là, surtout que l'exécution suit avec des vocaux agonisant et plaintifs (Shining) des riffs entrainant l'auditeur dans les profondeurs du mal-être de son géniteur. Et puis, Vaerohn c'est aussi un type qui a le culot de glisser du Blues/Jazz façon bar obscur malfamé dans son Black-Metal (Coup De Bleus) et rien que ça, ça mérite que je tire mon chapeau. Et en plus c'est bien fait, au point de porter à bout de bras l'opus, tellement Coup De Bleus transcende le disque de façon assez extraordinaire en se payant le luxe de sonner résolument très classe. Certes, certains agencements entre les deux genres sont parfois un peu brutaux ou maladroits, mais ils confèrent aux compositions une aura et un charme certain.

Pensées Nocturnes possède tous les atouts pour marquer les esprits et la scène Black-Metal. Ancré d'une personnalité et d'une volonté forte afin d'offrir quelque chose de nouveau dans le genre, Vacuum est la preuve d'un talent de composition indéniable et d'une véritable réussite qui pourrait grandement se classer dans les sorties majeures du genre cette année. En plus le sieur nous promet d'inclure des éléments Jazz et Post-Rock dans son futur album. Vivement la suite!

A écouter : seul, marchant au clair de lune