Pennywise partage un point commun avec AC/DC. Les deux formations font partie d’un petit club, celui dont les détracteurs disposent d’un argument facile : l’extraordinaire homogénéité de leur discographie (dit plus frontalement : « tous leurs albums se ressemblent »). On pourrait légitimement opposer aux critiques que l’absence de compromission des californiens qui, jusqu’au bout, resteront fidèles à une esthétique, un son, et ne céderont pas aux sirènes du mainstream est à mettre à leur crédit mais, par honnêteté intellectuelle, reconnaissons également que tout cela n’est pas sans fondements. Pour autant, au milieu d’une discographie riche de 12 LP enregistrés en 33 années d’existence (ce genre de chiffre reste toujours aussi incroyable) quelques-uns émergent et réussissent à traverser les décennies en continuant à s’inviter régulièrement sur nos platines. Land of the Free? sorti jour pour jour il y a 20 ans, le 19 juin 2001, en fait définitivement partie.
“A soundtrack for political activists all over the world”
Succédant à deux disques (Full Circle et Straight Ahead) marqués par le traumatisme du suicide de leur bassiste Jason Thirsk, Land of the Free? occupe une place particulière dans la discographie de Pennywise : c’est l’album de l’émergence des préoccupations sociales et politiques dans les textes du groupe. Se replonger dans le contexte de l’époque, c’est désormais se replonger dans l’histoire contemporaine : l’élection controversée de George W. Bush, les manifestations de Seattle, symboles de la naissance de l’altermondialisme, la fusillade de Columbine… Tous ces événements ont profondément marqué cette période, les sociétés occidentales et, en ricochet, les artistes et leurs œuvres. Rappelons également que Land of the Free?, au moment de sa sortie, se situe encore pour quelques mois dans un monde pré 9/11. Autrement dit un tout autre monde tant le jeu de domino qui s’en est suivi est vertigineux. Pour en revenir à notre sujet, le single Fuck Authority sera d’ailleurs interdit de diffusion radiophonique quelques temps après les attentats.
Land of the Free? n’échappe pas à quelques écueils faits à Pennywise, comme celui, récurent depuis Straigth Ahead, d’être un peu trop long pour le genre. Mais ce n’est pas ce que l’on retient. Non, ce qui reste longtemps gravé dans les esprits, c’est cette entame parfaite, cet enchaînement imparable de quatre tubes : Times Marches On / Land of the Free? / The World / Fuck Authority. Ça va droit au but, les riffs sont acérés, la batterie incisive et nerveuse et les paroles percutantes. Que vingt ans après on s’en rappelle sans effort montre la puissance des mélodies de Jim Lindberg, mises ici au service d'un engagement politique. La suite du LP n’est pas du tout de mauvaise facture mais disons que, globalement, elle donne l’impression d’un groupe en pilotage automatique. Au milieu de titres plus anecdotiques se glissent néanmoins de nombreuses pépites. Les brûlots comme Enemy et WTO alternent avec des morceaux plus mélodiques ne sacrifiant que très peu au tempo soutenu imposé par Byron McMackin : Divine Intervention et son approche quasiment pop ou encore It’s Up to You et ses chœurs taillés pour la scène.
Land of the Free? n’est généralement pas reconnu comme le meilleur album de Pennywise. Difficile en effet de détrôner les productions de la décennie des années 90. Porté par des titres phares et un engagement politique notoire, c’est en revanche un des derniers (si ce n’est le dernier) de leurs disques ayant à la fois marqué les esprits et rencontré un certain succès commercial.
Un album aussi simple qu’efficace. A l'image de la discographie voir même du groupe tout court sans prétention, pas original pour deux ronds mais vraiment plaisant a écouter. La prod de cet album est quand même sensiblement plus épaisse que les précédents. Du punk rock de bonne facture !