Pour ce premier album le relativement jeune trio parisien n’a pas fait les choses à moitié et s’est manifestement engagé corps et âmes dans sa composition. Le Shoegaze de Pencey Sloe gratte au-delà de ses influences originelles que sont The Jesus And Mary Chain ou Slowdive, ne craignant pas de fouler avec finesse les souterrains du Doom autant que les atmosphères Dream Pop ou Coldwave. Un croisement plutôt audacieux mais finalement assez naturel, tous les éléments s’imbriquant de manière fluide sur ce Don’t Believe, Watch Out au message qui apparaît clairement derrière le voile de vapeur.
Voix (faussement) angélique, parfois lointaine ou fantomatique, évoquant Chelsea Wolfe ou Emma Ruth Rundle, reverb caractéristique du genre, guitares cristallines et / ou massives mais toujours enchanteresses, et batterie nécessairement aérienne, aux frappes amples et justes comme il faut, la sauce prend instantanément et la lassitude n’est pas de ce monde. On ferme les yeux et on se laisse aller avec Lust Of The Dead et les premiers coups de baguettes magiques.
Diane Pellotieri envoûte nos âmes tristes et réchauffe nos cœurs, puis les six cordes en rajoutent une couche sur le frissonnant Buried Them All et ses airs bluesy du bayou, sans occulter l’aspect rythmique, d’une souplesse addictive qu’on retrouvera tout le long de l’objet. Il semble dès lors impossible de décrocher une seconde, surtout pas avec All Ok (joliment clippé), aux harmonies délicates, aux structures simples mais hypnotiques, tandis que le morceau-titre nous trimbale entre ciel et terre, via de subtils roulements et mélodies qui chatouillent les étoiles. Un édifice temporel se construit entre les 80’s et aujourd’hui, dont Gold And Souls serait probablement l’un des piliers. Plus loin l’éclatant Empty Mind nous installe dans une bulle fragile et illusoire dont il nous extirpe peu à peu, dans une veine assez proche de Nothing. Fragilité renforcée par un It Follows acoustique et potentiellement lacrymal, où la voix agrippe nos récepteurs sans forcer. Le trio termine son exploration de nos psychés d’abord par un Bright Water lumineux en surface, sombre et menaçant en profondeur, malgré une légère sensation de manque après son passage, et enfin 17 Printemps remplis de rêves et d’espoirs éthérés, conclusion idéale d’un premier disque émotionnellement chargé, dans lequel des spectres bienveillants nous causent, nous rassurent tout en nous mettant en garde face aux désillusions.
Pencey Sloe a rapidement trouvé la formule pour faire léviter les foules. Don’t Believe, Watch Out se vit un peu comme une expérience sensorielle, à la fois lucide et perchée, par l’intermédiaire d’une instrumentation limpide, efficace, et d’une voix qui mène la danse et contribue grandement à la magie qui opère ici. Ne croyez pas, écoutez, tout simplement.
A écouter : pour léviter.