Pelican
Post Core / Post Rock

Forever Becoming
Chronique
Une carrière musicale qui s'embourbe et la perte du guitariste et principal compositeur. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'avenir de Pelican ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices. Le nouvel album, Forever Becoming n'était donc pas vraiment attendu et il aurait fallu un bon coup de collier pour revenir dans le peloton de tête des musiques lourdes et atmosphériques.
Pour tout vous dire, ce nouveau Pelican, on n'y croyait pas franchement et l'on doutait que les chicagoans aient encore quelque chose à dire. Quant à nous surprendre, c'était une partie loin d'être gagnée. Mais tout compte fait, après avoir fait plusieurs fois le tour du propriétaire, Forever Becoming est une bonne surprise car le volatile s'est remplumé et offre ici une bonne synthèse Post-Rock / Metal instrumental de leurs précédents travaux. Pas d'évolution à l'horizon donc, mais un disque qui fait le lien situé quelque part entre The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw et City Of Echoes.
Plusieurs choses ont changées pour ce Pelican nouvelle mouture, déjà parce que le quatuor a su retrouver un son massif qui fait plaisir à entendre. Certes on n'est pas revenu à Australasia, mais quand même, on évite les riffs en demi-molle et c'est bien là l'important. Car Pelican s'est offert des sessions de musculations pour perdre l'empattement de ses dernières années. Le batteur sait enfin apporter une rythmique persuasive qui cogne avec précision et le bassiste se montre d'avantage présent (et groovy) que par le passé. Pareil pour le duo de guitariste avec l'arrivée de Dallas Thomas qui semble apporter un souffle vivifiant en terme de compositions. Passé l'introduction de mise, Deny The Absolute est pourtant hyper simpliste dans sa construction, mais tape fort, juste et à au moins le mérite de ne pas faire tourner trois riffs neurasthéniques pendant plusieurs minutes.
D'une manière générale, on ne ressent plus la formation de Chicago en roue libre d'il y a quelques années puisque Forever Becoming est mieux structuré avec une progression cohérente évitant le titre par titre. L'oiseau a enfin lissé ses plumes au plomb et revient avec des compositions qui tiennent la route et donnent sérieusement envie d'en découdre comme The Tundra qui sonne étonnamment Kylesien. On y trouve donc beaucoup plus de riffs massue avec Immutable Dusk et Threnodey par exemple et Pelican prouve qu'il a encore de belles mélodies en réserve avec le break aérien au milieu de Immutable Dusk ou la lente progression envoûtante de Perpetual Dawn. Notons également la petite perle de cet album qui vient se hisser parmi les meilleurs titres de la formation : The Cliff avec un thème rampant à la basse repris rapidement par des arpèges cristallins et dont les deux se superposent avec brio, puis une fin qui progresse vers les cieux.
Forever Becoming est donc la preuve du retour en grande forme de Pelican. On n'espérait plus grand chose de leur part et on avait tord, ce qui fait d'autant plus plaisir. Bien sûr les allergiques au groupe n'ont aucun intérêt à écouter cet album, c'est pas avec celui-ci qu'ils changeront d'avis, par contre, ceux qui avaient lâché l'affaire en cours de route feraient bien d'y jeter une oreille...
Sans forcément revenir aux succès de leurs débuts (City of Echoes, The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw), Pelican reprend confiance avec ce Forever Becoming.
Emporté par des compositions de bonnes factures (Immutable Dusk, Vestiges, Perpetual Dawn), le groupe offre un skeud énergique et vitalisant après des anciennes productions quelque peu mitigées. Ce n'est plus rien, maintenant, Pelican compte bien nous surprendre de nouveau et ce Forever Becoming en est la preuve en cette année 2013, bien que le style emprunté ne soit pas différent de leurs meilleures sorties.
(ps: et puis, superbe pochette en passant)