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Biographie

Pelican

Pelican, composé de Laurent Lebec et Trevor De Brauw (Guitares), Larry Herweg (Batterie) et Bryan Herweg (Basse), nous vient de Chicago et se révèle être une des toutes dernières signatures du label Hydrahead Records. Comme la plupart des groupes du label, Pelican produit avant tout une musique puissante et pesante. Après un premier ep remarqué en 2001, le groupe livre son premier album en 2003, Australasia, composé de longues instrumentales puisant ses sonorités dans des courants tels que le Stoner, le Sludge, le Postcore et le Post-Rock.

Il ne faut que quelques mois seulement à Pelican pour se faire un nom qui enchaine alors en 2005 avec un ep, March Into The Sea, avec un remix d'Angel Tears perpétré par Justin Broadrick (Jesu) précédant d'un petit mois The Fire In Our Thoats Will Beckon The Thaw qui s'oriente vers des contrées résolument plus aériennes. Entre les splits avec Mono ou Playing Enemy, et les tournées (Live in Chicago 06/11/03), les américains reviennentt avec City Of Echoes en 2007 jouant cette fois-ci vers un Post-Rock plus fougueux et expéditif que par le passé.

S'en suivent une série d'eps en tous genres avec une reprise de Pink Mammoth, After The Ceiling Cracked également édité en dvd, deux splits avec These Arms Are Snakes et Young Widows puis enfin Ephemeral qui préfigure le dernier opus de Pelican en 2009 : What We All Come To Need qui revient à des sonorités Stoner. 2012 voit débarquer un nouvel EP Ataraxia/Taraxis, puis le cinquième album Forever Becoming l'année suivante, produit par Chris Common, réédité par lui-même en 2019. Disque investi par un nouveau guitariste, Dallas Thomas, en lieu et place de Laurent Lebec. Un album live (Arktika) sort un peu plus tard. Les trois quarts du groupe évoluent alors avec Tusk (pendant hardcore/grind de Pelican), dont le hurleur Jody Minnoch décède la même année. Ce qui n'empêchera pas le quartet volant de pondre le EP The Cliff en 2015. Il faudra attendre 2019 pour voir arriver du nouveau matériel, soit le sixième long format, Nighttime Stories, signant une forme de retour aux sources autant que de renouvellement.

17 / 20
9 commentaires (16.56/20).
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Nighttime Stories ( 2019 )

On avait un peu perdu le gros oiseau ces dernières années, malgré le pas si dégueu et récemment réédité Forever Becoming qui date tout de même de 2013. L’éclatement géographique du groupe – entre l'Illinois et la Californie – peut expliquer en partie la chose, mais aussi les pérégrinations parallèles et furibardes de Tusk, constitué des trois quarts de Pelican, équipé d’un hurleur (Jody Minnoch) qui a eu la très mauvaise idée de mourir en 2014, ce qui n’a évidemment pas arrangé l’état du volatile. Nighttime Stories fait donc autant office d’hommage que de résurrection créative. Car oui, jetons fissa le suspense aux orties, ce sixième album est un précieux tel qu’on en a pas connu depuis au moins City of Echoes.

Écrit partiellement sur la base des travaux de feu-Jody, ce nouveau disque a le bon goût d’arborer un visuel réalisé par une vieille connaissance du groupe et fondateur du label Hydra Head, Aaron Turner. Un paysage nocturne (forcément) duquel s’extrait un rouge lave irradiant une roche massive dont les formes s’évanouissent dans l’obscurité. Cela se traduit en musique d’abord par une intro dépressive (WST) qui reprend les initiales du père, également décédé, du guitariste (arrivé juste avant Forever Becoming) Dallas Thomas, suivie des surprenants Midnight and Mescaline et Abyssal Plain, dans un registre assez rock n’ roll, toute proportion gardée, quasi optimiste bien que le rendu soit plus granuleux et prodigieusement plombé que jamais. Après nous avoir bien chauffé la gueule, une vague de fraîcheur envahit une atmosphère industrielle, cyclique, que l’on aimerait entendre se répéter à l’infini (Cold Hope). On se dit alors qu’on a retrouvé le Pelican des débuts, ses coups de bec amples et dosés, ses guitares à la fois grassouillettes et volubiles laissant échapper une constante mélancolie.

Confirmation après la centrale et minimaliste transition It Stared at Me, via un morceau-titre à la hauteur de son statut, synthétisant les différentes facettes de l’album, alternant pétage de gencives au ralenti et subtilités mélodiques agencées dans un équilibre idéal, dont le feeling pourra évoquer les regrettés Capricorns. Arteries of Blacktop se permet un doux mélange d’embardées cosmiques et de sludge pernicieux, ceci avant de nous asséner l’ultime orgasme, celui qui détache l’esprit du corps : Full Moon, Black Water, sa basse rampante, ses mouvements incrustés dans le granit qui se désolidarisent au fur et à mesure, puis se reconsolident en un ballet organique, évacué en douceur, sans forcer. Comme un lâcher prise.

Oui, Pelican en a connu des inconvénients, des moments douloureux, d'autres moins pénibles, durant ces six années d’errance. Six ans de vie qui ont toutefois alimenté ce Nighttime Stories, profondément sincère et vibrant, faisant rejaillir l'entière sensibilité d’un quartet qui en avait laissé un peu sur le chemin après 2009.

A écouter : la nuit, mais aussi le jour.
10.5 / 20
2 commentaires (10.5/20).
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The Cliff ( 2015 )

C'est désormais une routine, Pelican profite à chaque fois d'un creux entre deux albums pour sortir un nouvel EP, souvent de bonne qualité, histoire d'avoir un peu d'actualité brûlante et ne pas faire retomber la flamme dans le cœur des fans.

Dans l'absolu pas grand chose de neuf ici avec un contenu dans la moyenne pour intéresser le fan. On rempli le cahier des charges habituel du quatre titres, c'est à dire une version avec chant de The Cliff, deux remix et une nouvelle composition. Ni plus, ni moins. Un EP de Pelican comme un autre finalement. The Cliff dans sa version instrumentale tirait indéniablement l'album Forever Becoming vers le haut, mais ici, le fait d'avoir rajouté une voix (celle de Allen Epley de Shiner) la dénature complètement et la rend assez irritante en sa première moitié. Ce qui aurait pu coller sur du Mastodon dernière mouture, n'apporte ici aucun intérêt à un titre qui était pourtant très classe à la base. Sur la seconde partie, plus éthérée et donc moins portée sur le texte, c'est d'avantage réussi, mais on préférera nettement le format original.
Le premier remix par Justin Broadrick (Godflesh, Jesu), déjà auteur il y a dix ans d'un remix abouti de Pelican avec le morceau Angels Tears, est synonyme de prestation sans surprise. Le musicien allonge le tempo par deux, alourdit légèrement l'ensemble et superpose guitares entêtantes et répétitives à son brouillard d'expérimentations auquel on est bien habitué, comme un titre correct de Jesu pas franchement mémorable. Ce qui est toujours mieux que le remix par Palms, pourtant intriguant au départ. On déchante rapidement face à cette version Electro / Rock de The Cliff assez lourdingue et maladroite (le break à une minute est sacrément moche). L'assemblage est bancal et répète jusqu'à la nausée le riff principal de The Cliff pourtant excellent dans son matériau originel.
Seul The Wait mérite qu'on s'y attarde un peu plus même si elle ne surprendra personne, puisqu’avec cette nouvelle compo, Pelican reste dans les clous et conforme à ce qu'ils font d'habitude : une jolie mélodie posée en ouverture qui évolue vers quelque chose de plus musclé et se révèle peu novateur et sans cette étincelle supplémentaire.

Le résultat est sans appel, The Cliff est plutôt le genre d'EP placé là pour meubler un entre deux et du coup largement dispensable, à moins qu'on apprécie beaucoup le groupe et qu'on soit extrêmement curieux de se jeter sur chaque nouvelle parution. Mais très honnêtement, autant revenir sur Forever Becoming en attendant le prochain opus.

15 / 20
6 commentaires (15.08/20).
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Forever Becoming ( 2013 )

Une carrière musicale qui s'embourbe et la perte du guitariste et principal compositeur. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'avenir de Pelican ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices. Le nouvel album, Forever Becoming n'était donc pas vraiment attendu et il aurait fallu un bon coup de collier pour revenir dans le peloton de tête des musiques lourdes et atmosphériques.

Pour tout vous dire, ce nouveau Pelican, on n'y croyait pas franchement et l'on doutait que les chicagoans aient encore quelque chose à dire. Quant à nous surprendre, c'était une partie loin d'être gagnée. Mais tout compte fait, après avoir fait plusieurs fois le tour du propriétaire, Forever Becoming est une bonne surprise car le volatile s'est remplumé et offre ici une bonne synthèse Post-Rock / Metal instrumental de leurs précédents travaux. Pas d'évolution à l'horizon donc, mais un disque qui fait le lien situé quelque part entre The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw et City Of Echoes.

Plusieurs choses ont changées pour ce Pelican nouvelle mouture, déjà parce que le quatuor a su retrouver un son massif qui fait plaisir à entendre. Certes on n'est pas revenu à Australasia, mais quand même, on évite les riffs en demi-molle et c'est bien là l'important. Car Pelican s'est offert des sessions de musculations pour perdre l'empattement de ses dernières années. Le batteur sait enfin apporter une rythmique persuasive qui cogne avec précision et le bassiste se montre d'avantage présent (et groovy) que par le passé. Pareil pour le duo de guitariste avec l'arrivée de Dallas Thomas qui semble apporter un souffle vivifiant en terme de compositions. Passé l'introduction de mise, Deny The Absolute est pourtant hyper simpliste dans sa construction, mais tape fort, juste et à au moins le mérite de ne pas faire tourner trois riffs neurasthéniques pendant plusieurs minutes. 

D'une manière générale, on ne ressent plus la formation de Chicago en roue libre d'il y a quelques années puisque Forever Becoming est mieux structuré avec une progression cohérente évitant le titre par titre. L'oiseau a enfin lissé ses plumes au plomb et revient avec des compositions qui tiennent la route et donnent sérieusement envie d'en découdre comme The Tundra qui sonne étonnamment Kylesien. On y trouve donc beaucoup plus de riffs massue avec Immutable Dusk et Threnodey par exemple et Pelican prouve qu'il a encore de belles mélodies en réserve avec le break aérien au milieu de Immutable Dusk ou la lente progression envoûtante de Perpetual Dawn. Notons également la petite perle de cet album qui vient se hisser parmi les meilleurs titres de la formation : The Cliff avec un thème rampant à la basse repris rapidement par des arpèges cristallins et dont les deux se superposent avec brio, puis une fin qui progresse vers les cieux.

Forever Becoming est donc la preuve du retour en grande forme de Pelican. On n'espérait plus grand chose de leur part et on avait tord, ce qui fait d'autant plus plaisir. Bien sûr les allergiques au groupe n'ont aucun intérêt à écouter cet album, c'est pas avec celui-ci qu'ils changeront d'avis, par contre, ceux qui avaient lâché l'affaire en cours de route feraient bien d'y jeter une oreille...

A écouter : Deny The Absolute, The Cliff
12 / 20
8 commentaires (11.13/20).
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What We All Come To Need ( 2009 )

En 2009, où en est rendu Pelican depuis City Of Echoes son dernier album? Un split avec feu These Arms Are Snakes, une série d'eps à l'intérêt restreint puis Ephemeral qui n'augurait pas grand chose de nouveau à se mettre sous la dent. Quid de What We All Come To Need?

On pourrait critiquer la carrière de Pelican, leur reprocher la perte de leur son tellurique d'Australasia et leur virage aérien depuis The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw, mais on ne pourra pas nier une évolution artistique depuis plusieurs années. Seulement voilà, pas besoin de quinze écoutes au compteur pour s'apercevoir qu'avec What We All Come To Need, Pelican est au point mort, à croire qu'on aurait presque affaire à un City Of Echoes bis (Glimmer). C'est donc sans surprise qu'on retrouve des titres au formats proches et aux constructions similaires avec un Post-Rock à peine massif qui lorgne tout juste sur un Stoner lissé. Pelican se présente donc en terrain connu si l'on excepte le dernier titre (Final Breath) où le groupe use pour la première fois du chant dans un morceau, et encore, rien n'étonne particulièrement. Panne d'inspiration? Idées mal exploitées? Peu importe la raison, l'effet est bel et bien là, l'opus s'écoute agréablement, sans que l'on se fasse bousculer d'un bout à l'autre. Heureusement, certains titres comme Ephemeral ou Specks Of Light s'en sortent pas trop mal avec ces guitares légèrement teintés de Stoner et permettent de reprendre un peu du poil (plumes?) de la bête. Des passages ici ou là sont sympathiques à l'oreille (What We All Come To Need ou Strung Up From The Sky), des rythmiques pas trop mal foutues font prendre la sauce, mais on était en droit d'en attendre d'avantage de cette nouvelle livraison. Parlons malgré tout des invités qui ne sont là que pour faire bon genre, puisqu'ils ne se manifestent qu'aussi discrètement que possible, Greg Anderson de Sunn O))) par exemple sur The Creeper ne faisant vrombir que l'intro uniquement. N'y avait-il pas moyen de faire un titre monstrueux? Pas la peine de s'attarder sur la présence expresse des autres musiciens (Aaron Turner, Ben Verellen et Allen Epley) puisqu'elle ne rajoute pour ainsi dire rien à la musique du quatuor. Monolithique à la base, la carrière de Pelican s'effrite peu à peu, se ramollie doucement et par la force des choses devient quasiment banale.

What We All Come To Need n'est pas franchement innovant, il se voudrait presque le fils illégitime de The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw accouplé à Australasia. Avec un Post-Rock rêche mais pas assez sulfureux pour accrocher sur ses aspérités, ni assez planant pour décoller, l'oiseau commence à trainer de la patte. On aurait souhaité qu'il retrouve son envol prestigieux d'antan ou qu'il s'enfonce six pieds sous terre à la manière de son premier ep mais cela n'arrivera pas. Un disque décevant qui demeure donc dispensable dans la discographie de Pelican.

A écouter : éventuellement
15.5 / 20
12 commentaires (15.75/20).
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City Of Echoes ( 2007 )

Pelican nous avait déposé en 2005 sur les contrées glaciales dépeintes dans The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw. Mais ce dernier album de groupe instrumental de Boston avait divisé les troupes en adoptant une orientation beaucoup plus atmosphérique, en délaissant la puissance et le son qui faisaient auparavant sa force. Que ceux qui avaient fui se rassurent car City of Echoes marque le retour en grande pompe du Pelican de Australasia.

Retour à Australasia disais-je, mais le passage dans les eaux glaciales du précédent album semble avoir marqué l’animal. L’effet douche froide mais à l’envers, Pelican devient encore plus fougueux et dévoile de nouveaux aspects de son talent. Les morceaux sont moins longs (cinq minutes en moyenne), plus directs qu’auparavant et dégagent une énergie purement rock’n’roll. City of Echoes mélange habilement les mélodies naïves et légères aux chevauchements guitare/basse furieux (Dead Between the Walls), enrichissant l’univers musical du groupe sans jamais tomber dans la démesure. Le son de guitare reconnaissable entre mille d’avant The Fire in Our Throats est une nouvelle fois à l’honneur et redonne au groupe l’aspect sludge qu’il avait mis de côté.

Plus énervé qu’auparavant certes, mais Pelican n’oublie pas pour autant le chemin parcouru depuis le premier EP, avec les riffs métalliques et les mélodies séduisantes qu’on lui connaissait. Une sensibilité mélodique (mention spéciale au sublime interlude acoustique Winds with Hands) qui constitue d’ailleurs le véritable fil rouge de City of Echoes en lui assurant une excellente homogénéité. Seul le dernier morceau souffre d’une légère baisse de régime, renoue avec le feeling post rock dont on se serait volontiers passé vu la teneur du reste de l’album.

Ce City of Echoes est à l’évidence très charmeur, paré d’atouts qui devraient avoir raison de ceux que Pelican avait oublié de prendre dans son bec avec The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw. Il marque le retour aux déflagrations sludge avec un punch qui leur sied toujours aussi bien sans pour autant oublier d’aérer le tout avec classe. Espérons simplement que son côté plus rentre-dedans ne devienne pas un obstacle à sa durée de vie.

City of Echoes est écoutable dans son intégralité sur le site officiel de l'album.

A écouter : Spaceship Broken-Parts Needed, Winds with Hands, Dead Between the Walls...
15 / 20
11 commentaires (15.68/20).
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The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw ( 2005 )

  Depuis la sortie de son premier opus "Australasia" et l’accueil dithyrambique qu’il suscita, tout va très vite pour Pelican. Propulsé très tôt parmi les grands groupes instrumentaux à consonance métallique, le quatuor de Chicago ne sait plus que faire pour rassasier l’appétit pantagruélique de son public. En l’espace de quelques mois les tournées, DVD, splits, EP en guise d’amuse-gueule vont s’enchaîner sans que l’on ait eu le temps de se retourner. Pire, le deuxième album est déjà dans la boîte et les bureaux d’Hydra Head font les cent pas en attendant sa sortie. Voyons donc, sans plus tarder, ce que nous propose la nouvelle étape musicale en sept titres des petits protégés d’Aaron Turner (Isis).

  Les premières secondes de "Last Day Of Winter" confirment les aspirations de Pelican vers une musique beaucoup plus aérienne, dans la logique de leur précédent EP "March Into The Sea". Exit donc les riffs graisseux du sludge, et place à la froideur des embardées post-rock chères à Isis. Le seul lien perceptible entre les deux albums semble être désormais l’aspect progressif des chansons. On retrouve toujours les longues pièces dépassant majoritairement les dix minutes, dans lesquelles les guitares graves s’enchevêtrent en une montée conduisant aux déflagrations soniques les plus pataudes. En outre, le son du groupe semble faire les frais de cette orientation. A la rondeur et au crépitement  stoner/sludge est désormais préféré le son chirurgical et épuré, y compris dans les moments les plus distordus. Dans des considérations plus matérielles, la simple comparaison des artworks suffit à retranscrire cette transition opérée entre les deux albums.

  Les compositions n’en sont pas moins réussies, à l’image du somptueux "Autumn Into Summer". Tout en progression, les guitares passent de la noirceur comateuse d’Isis à l’explosion céleste, sans oublier les gros riffs qui tâchent. Il en va de même sur le puissant "March Into The Sea", dans lequel Pelican installe une atmosphère pesante et presque dérangeante de bout en bout qui n’a rien à envier à l’œuvre de Neurosis. Les possesseurs de l’EP du même nom peuvent toutefois se rassurer, puisque les 10 dernières minutes du titre ont (hélas) été amputées de l’album. Son acquisition antérieure n’aura donc pas été vaine.

  Suite au traditionnel intermède acoustique de milieu d’album (néanmoins plus sombre et "opethien" en l’espèce), Pelican continue d’explorer ses penchants les plus mélodiques et délicats. A trop tirer sur la corde sensible, le groupe tombe cependant un peu dans la surenchère (le simplement mignon "Red Ran Amber"). Mais en abordant sa face la plus post-rock, les titres gagnent en spontanéité. C’est le cas notamment sur "Aurora Borealis", titre mid-tempo rêveur et tout en profondeur qui s’inscrit parfaitement dans le sillon d’un Red Sparowes. La recherche de puissance mélodique semble, bel et bien, constituer le nouveau credo du combo, ce dernier allant même jusqu’à flirter avec les sensations émocore sous Temesta que nous propose "Sirius".

  "The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw" nous dévoile donc un autre Pelican. Si cette démarche est entièrement louable, le groupe perd en revanche ce qui faisait de lui une entité unique dans la scène métal instrumental actuelle : le son sludge explosif. En dépit de la qualité remarquable de l’album, il n’est désormais qu’un élément supplémentaire dans la scène post-hardcore. Au vue de leur potentiel démesuré, les chicagoans méritent beaucoup mieux que cela.

Ecouter : e-card de l'album.

A écouter : Autumn Into Summer, March Into The Sea, Aurora Borealis
16.5 / 20
8 commentaires (16.25/20).
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Australasia ( 2003 )

Fort d'un premier effort de bonne facture laissant sous entendre un potentiel monumental, Pelican se lance tête baissé dans l'exercice difficile du premier album "attendu au tournant". Sans trop tergiverser, il faut bien admettre que le résultat va bien au delà de nos espérances. Le quartet produit une mixture instrumentale liant stoner, sludge et post-hardcore d'une puissance rarement atteinte.

On est d’abord touché de plein fouet par l'homogénéité et la maturité de l'ensemble. Pelican possède un son bien particulier, très travaillé tout en restant explosif et massif, que l'on pourrait aisément reconnaître entre 1000.  Produisant respectivement pointes mélodiques et saturations abrasives, les 2 guitares se complètent à merveille dans un jeu progressif et varié dont la vitesse d'interprétation va souvent crescendo. Australasia forme un ensemble compact et très personnel qui n'arbore en aucun cas un aspect répétitif. En effet, les compositions ne se répètent pas mais sont toutes fortement marquées au fer rouge de la patte si particulière des gaziers. En ce sens, le groupe passe sans complexe du stoner au sludge puis à des parties métalliques plus rapides avec une grande aisance. Pelican s'autorise même des passages acoustiques proches du post-rock afin d'aérer un peu la lourdeur de l'ensemble. Dans le genre, on retiendra particulièrement l'avant dernier titre "Untitled" qui devrait plaire aux inconditionnels de Godspeed you ! Black Emperor et toute la clique.

Outre son explosivité, on ressent assez fortement un côté progressif dans le jeu de Pelican. Chacun des 6 titres gagne ainsi en intensité et en richesse musicale au fil des minutes. La présence des chicagoans est telle qu'on ne rechignerait pas à quelques instants supplémentaires tant l'atmosphère de chaque morceau nous imprègne. Le phénomène rappelle fortement Neurosis ou Isis, dans cette manière de pénétrer les esprits. Une des grandes réussites de Australasia est sans aucun doute la section rythmique. La basse au jeu relativement basique est d'une puissance dévastatrice. La batterie est, quant à elle, un monumental chef d'orchestre tant au niveau sonore que visuel. Dotée de 3 grosses caisses, elle engendre un jeu bourru et dynamique qui mène la troupe à la baguette.

Pelican est tel un océan coléreux qui tente de noyer ceux voulant lui faire face. Pour peu que vous ne soyez pas imperméable aux musiques lourdes et instrumentales, se laisser entraîner aux fonds des abîmes se révélera être une expérience des plus agréables. Pelican est souvent présenté comme l'un des prétendants au statut de groupe au "son le plus puissant"...ce n'est franchement pas usurpé. Dévastateur donc, mais sublime également.

Télécharger : Nightendday

A écouter : 6 titres / 50 minutes totalement indissociables !