19, 9, 1 : 19 ans de carrière, 9 albums studios, le seul groupe de l'époque grunge ayant survécu, voilà ce qu'il en est de la carrière hallucinante de ce groupe de Seattle, résumée très simplement. Considéré par beaucoup comme un des meilleurs groupes de rock, les 5 membres de ce groupe incroyablement soudé sortent en 2009 un nouvel album : Backspacer. En 19 ans de carrière, on ne peut pas vraiment dire qu'ils aient accouché une seule fois d'un mauvais album. Pearl Jam c'est avant tout une certaine constance niveau qualité...
L'album débute avec Gonna See My Friend et son riff fracassant que seul Stone Gossard est capable de pondre, suivi d'un bridge remarquable par son efficacité. L'énergie est là. Un bon début, plein d'entrain, on a déjà envie de pogoter. 2'48 de bonheur, c'est court mais c'est bon (oui on dit plutôt l'inverse d'habitude). Puis on enchaine sur Got some et son intro toute en guitares aiguisées et coups de buttoir de Matt Cameron (ancien batteur de Soundgarden, le grunge c'est une affaire de famille) qui font tout de suite penser aux plus vifs des morceaux de VS, pas de doute, Pearl Jam est en forme ! Eddie Vedder vieux ? Cette deuxième piste semble bien prouver le contraire, force est de constater qu'il est toujours capable des prouesses vocales qui ont fait les beaux jours du groupe dans les années 90 : puissance, justesse et une patte incomparable.. chapeau monsieur...
Quatre chansons énergiques pour débuter cet opus, rappelant que Pearl Jam joue dans la cour des grands du rock'n roll... Le producteur Brendan O’Brien (producteur de Ten) est de retour aux commandes, et ça se sent !
Puis tout bascule.
Just Breathe est une composition folk dans la lignée des chansons que l'on peut entendre sur le film "Into the wild" dont Vedder a signé la B.O. Magnifique chanson, ce genre de ballade qui vous touche sincèrement, tant la voix et les accords de guitare acoustique sont prenants et forment un tout harmonieux.
Le reste de l'album s'oublie malheureusement assez facilement : Speed of Sound est franchement nulle, Force of Nature a du mal à trouver son souffle et Supersonic et ses "yeah yeah yeah" énervants est plutôt ratée. Seule la dernière chanson permet de relever cette deuxième partie de l'album vraiment décevante. The End est, tout comme Just Breathe, une ballade touchante aux arrangements magnifiques.
Parlons maintenant un peu des thèmes abordés sur ce dernier album. Les textes de Pearl Jam ont souvent été très sombres, pessimistes et emprunts d'amertume (Alive, Once et Footsteps par exemple qui racontent la vie d'un garçon abusé sexuellement, qui devient tueur puis attend son heure dans le couloir de la mort), ou encore l'album Riot Act qui était fortement marqué par la guerre en Irak et tous ses abus et plus généralement un certain activisme politique qui teinte la plupart de leurs albums. Sur Backspacer, les thèmes principaux sont la mort (Gonna see my friends, The Fixer, Got Some), et paradoxalement une certaine envie de vivre façon Carpe Diem que Vedder arbore, tout ça pour dire, et arrêter les analyses littéraires à deux balles, que le ton est relativement plus léger, les chansons moins lourdes de sens qu'à l'accoutumée ; sans être vides de sens pour autant, loin de là. On peut penser que le groupe cherche à sortir de ses carcans habituels. Cela se ressent également sur la musique. Dommage.
Cela fait longtemps que Pearl Jam n'a pas sorti d'album original, le dernier en date étant No Code, on ne retiendra donc pas cet album comme un "must have", mais comme un album efficace, court (37 minutes seulement) mais qui rappelle que Pearl Jam, un des pionniers du grunge, est toujours là, toujours le dernier représentant d'un genre qui a connu ses années de gloire, et que leurs concerts sont toujours excellents. On a presque cru avec cette première partie d'album punchie qu'ils étaient de retour avec leur pêche légendaire des 90's, et bien pas vraiment. Un album en demi teinte, qui déçoit un peu.
A écouter : Gonna See My Friend, Got Some, Just Breathe, Johnny Guitar, The Fixer