Paraffine

Tripcore

France

Intérieur Nuit

2004

Chronique

par Schisophrenia

Cet Intérieur Nuit était plus qu’attendu par mes tympans avides et me laisse simplement médusé … Au delà d’un jeux de mots un peu facile se cache une réalité inébranlable : Paraffine a mûrit et dépassé son adolescence à une vitesse impressionnante. On se retrouve face à un changement de ton discernable dés l’objet entre les mains ; les teintes se font plus sombres et l’ambiance plus posée. Le travail sur le son est saisissant et même si le tout conserves des structures rock relativement classiques, la qualité des samples transporte les compos dans un univers que seul le groupe maîtrise. Furieusement tripcore, ils ont su le resté et l’introduction d’un Silence Tv plante un décor fidèle à leur identité. La rencontre des rythmiques mécaniques posées et des éclats vocaux et électriques semble bien partie pour se loger de nouveau entre cœur et cerveau.
Le souvenir encore frais de 22:22 reste présent à mon esprit et force est de constater que Paraffine s’en est quelque peu éloigné. L’agressivité industrielle s’est partiellement effacé pour laisser place à un registre plus pop-rock furieusement électronique se rapprochant d’un Prohom perfusé à la rage. Les maillons nous enchaînent tour à tour en étalant leurs appâts séducteurs et la voix de Nico traverse des registres bien plus variés et contrôlés dorénavant. D’un sensuel et technoïde Striptease à un oppressant et apocalyptique Extrême Paranoïa on se retrouve à arpenter des voies trop peu inexplorées à mon goût. La superposition de nappes de sons organiques et machines fonctionne et dépasse toute les prévisions : l’orage répand son torrent de décibels saturées.
Au-delà de l’emprise du sonore se dévoile un visage résolument humain. Les textes aux allures introspectives poussent la conscience et la réflexion dans les retranchements les plus profond de l’être. On se mets à songer à une sorte d’exploration spirituelle à l’image d’un Me Visiter, les lourdes entraves de nos angoisses cédant laissant une ouverture béante sur nos âmes. Tares et lacunes sont exposées au grand jour avec une justesse parfois déstabilisante (A Cœur Ouvert, Intérieur Nuit) et un sens de l’accroche certain : le mental en sors entamé, abîmé, mais surtout libéré. L’égarement n’est pas loin, pourtant Paraffine reste avant tout auditif et même si l’efficacité un peu «facile» de certains titres (D’infinis Couloirs, Insomniac) n’entache en rien le plaisir, certaines compos se découvrent une dimension fabuleusement aérienne. Intérieur nuit est de celle là et nous enveloppe avec ses arrangements d’une densité rarement atteinte. On est irréversiblement submergé, la face électronique gagnant un territoire immense, où s’invite l’organique calfeutré, dans une osmose parfaite… et que dire de la conclusion instrumentale si ce n’est que la maîtrise de toute les dimensions auditives démontre à quel point le potentiel du groupe était resté comme bridé. Transformé pourrait apparaître comme le sombre alter ego de cet effort, établissant le lien agressif entre le Paraffine d’hier et celui d’aujourd’hui, où les influences hargneusement métal tentent, à force de riffs et de hurlements, de reconquérir nos tympans.
Les 4 grenoblois signe ici une véritable petite merveille en surpassant de loin ce qui était déjà un premier essai surprenant. Ils démontrent, avec talent, qu’en terme de rock électro, l’évolution n’en est qu’à son stade embryonnaire, et demeurent à mes yeux l’une des meilleures formation dans l’hexagone.

16

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