Papier Tigre
Math Rock / Noise Rock

The Beginning And The End Of Now
Chronique
A l'Ouest, du nouveau. On ne fera pas l'affront à Prévert de faire un inventaire (des pommes, des poires et quelques scoubidous) mais les scènes math-rock et noise en France se portent plutôt bien, merci. En écumant le terreau national depuis quelques années, Papier Tigre participe à la floraison, côté gauche de l'hexagone, de ces groupes décomplexés qui accueillent en le maltraitant à bras ouverts l'héritage de leurs aînés anglo-saxons (The Jesus Lizard, 31knots, Codeine).
Notes grasses ou enchevêtrements mélodiques discrets, batterie libre de s'envoler ou patates martiales, The Beginning And The End of Now surfe sur une vague poppement bruitiste qui donne, sans conteste, envie de dodeliner de la tête pour faire honneur à l'énergie de ces compositions distillées sur un peu plus d'une demi-heure. Deux guitares complémentaires pour un jeu hâché ("Health And Insurance"), tout en finesse ("Green Around The Gills"), jamais démesuré ni présomptueux.
Constamment sur le fil d'une distorsion bien sentie ("When Will We Get to Meet The Boss?") et l'urgence de quelques sonorités (l'excellente "Pricing"), le rock de Papier Tigre se situe à mi-chemin entre Charlottefield, 31knots et These Arms Are Snakes, alliant à la facilité apparente d'une mélodie l'incisif d'un riff et le rocailleux de la voix, comme sur des graviers.
Trio inspiré, les nantais misent souvent sur des compositions efficaces, minimalistes, toutes en retenue. Ce qui peut transformer une balade maussade en pique mathy / catchy ("Scribble" ou "A Killer Gets Ready" et ses accents lizardiens) peut, aussi, parfois lasser un auditeur qui attend de l'explosif et du plein les oreilles au détour de chaque riff ("Indoor Islands" et quelques passages sur la fin, moins inspirés). Sans aller jusqu'à l'hyperbole, on pourrait leur reprocher trop d'humilité ou pas assez d'audace pour pondre le morceau qui achève, celui qu'on retient pour le brandir comme un emblème; au lieu de s'asseoir sur ses lauriers et perdre un peu la dynamique de la première partie.
Néanmoins, une fois la touche "Replay" activée et dès la piste d'ouverture, "Restless Empire", ce moment de faiblesse s'efface, aussitôt rattrapé par l'ambiance du reste de l'album et le soupçon de gros potentiel qu'on a tout de même hâte de voir confirmer sur scène.
Un album juste excellent! Ce groupe a vraiment un petit air de Fugazi en plus pop et sa s'est bon!
ps : j'adore la façon de jouer du guitariste!!