Quand on réunit des musiciens norvégiens solides pour créer une nouvelle formation, on peut s'attendre à ce que le résultat soit à la hauteur. Et en effet, Pantheon I s'incarne dans un black mélodique de bonne tenue, qui emprunte tant au prog' qu'au dark metal avec talent, pour nous livrer son deuxième opus, The Wanderer and His Shadow.
On y retrouve évidemment de la brutalité, avec des riffs costauds, dont certains évoquent Satyricon, ou encore Keep Of Kalessin, mais aussi pas mal de trouvailles mélodiques faites de cordes bien placées, violons et violoncelles donnant au disque de bonnes respirations instrumentales, en soulignant régulièrement les mélodies de guitares. Si on ajoute au tableau que cet album s'inpire tout spécialement du Humains, trop humains de Nietzsche, auquel il emprunte son intitulé, The Wanderer & His Shadow, et que la pochette du disque ressemble à une étrange toile funèbre, on a là un bon aperçu de l'univers déployé par les norvégiens. Capables donc d'une certaine recherche à tous les niveaux, le gang norsk se montre aussi chaotique dans la plus pure expression black sur certaines pistes notamment Cyanide Storm, tout en riffs entêtants et en attaques de batterie, ce qui n'est pas pour déplaire. L'explosive Where Angels Burn donne quant à elle toute sa mesure aussi bien dans l'agressivité du black metal norsk, production froide et rêche à l'appui, que dans une outro plaintive où une fois de plus les cordes font merveille.
Avec ses trames musicales fouillées, Pantheon I assure une bonne variété mélodique, avec des ambiances qui doivent tout au métal noir et le lui rendent bien, en témoigne par exemple Coming To An End ou le mix guitares - cordes classiques délivre de beaux passages émotionnels, qui ne sont pas sans évoquer dans l'esprit une certaine filiation doom death pour le coup. On relève par ailleurs sur ce morceau le featuring très remarqué de Lazare (Solefald) qui apporte tout son talent de soliste avec un chant clair empreint de noblesse, rehaussé de ses propres choeurs. Certains riffs, notamment ceux de Shedim, évoquent des formations black atmosphérique telles que Borknagar ou encore Agalloch, achevant de placer Pantheon I dans le bon wagon des formations de talent. Autre titre très réussi, My Curse, avec son riffing varié, créant une ambiance désolée du plus bel effet, sublimée par une outro classique où le couple violons/violoncelles se taille la part belle.
Avec ce nouvel album, Pantheon I doit pouvoir s'installer dans le groupe des formations à suivre. Peu de déchets, hormis un brin de répétitivité des procédés et un jeu de batterie un peu primaire, mais beaucoup de qualités. Beauté des mélodies, richesse des ambiances, maîtrise du riff qui tue, recours extensif aux cordes avec brio, tout concourt à faire de The Wanderer & His Shadow une réussite.
A écouter : Coming To An End, My Curse, The Origin of Sin