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Biographie

Pantera

L’histoire en avait fait un groupe majeur des années 90. La fatalité l’inscrit à tout jamais au panthéon des artistes légendaires que seule la médiocrité insulte.
Pourtant le Pantera des années 80, souvent peu connu du public (et pour cause, les albums sont quasiment introuvables), pratique un glam-rock totalement désuet de nos jours, mais pas dépourvu d’intérêt pour les plus curieux : le talent débordant de l’inégalable Dimebag Darrell se manifeste déjà à travers des solos exceptionnels. La formation originelle est composée des frères Darrell Abbott - Diamond Darrell (guitare) et Vinnie Paul Abbott (batterie) - auxquels s’ajoutent le fidèle bassiste Rex Brown et le chanteur Terrence Lee (alias Terry Glaze). Sous cette formation le groupe enregistre Metal Magic (1983), Projects In The Jungle (1984) et I Am The Night (1985). Ce n’est qu’en 1986 que Philip Anselmo rejoint Pantera en remplacement de Terrence Lee. En 1988 sort Power Metal, premier album du line-up « officiel » et dernier de l’ère Glam-Rock.
Car en 1990, avec la sortie de Cowboys From Hell, la machine Pantera est définitivement lancée. Foncièrement influencé par le mouvement Thrash de l’époque dont la figure de proue est Anthrax, l’album peine à se démarquer, bien que certains titres font désormais partie des incontournables (Cowboys From Hell, Domination, The Art Of Shredding). En 1991, le groupe participe au mythique Monsters Of Rock à Moscou et joue devant plusieurs centaines de milliers de personnes.
1992 est l’année de la consécration avec Vulgar Display Of Power, considéré comme le meilleur album du groupe. Le succès est mondial, et le single Mouth For War détrône même Enter Sandman de Metallica en tête des charts américains. Plus agressif, plus rapide, Pantera forge son identité en marge de la scène actuelle et de la mode, une ligne de conduite exemplaire dont il ne démordra pas.
Mars 1994, Pantera livre Far Beyond Driven, nouvel attentat sonore qui se hisse à la première place des charts aux Etats-Unis et en Australie. Le son de Pantera devient plus lourd, plus intense. Un parcours idéal pour un groupe qui est en train d’écrire certaines des plus belles pages de l’histoire du Metal. S’ensuit une tournée mondiale qui ne fait qu’asseoir son éclatante hégémonie sur le milieu du Metal. La popularité du groupe est à son apogée.
Sombre période que celle qui correspond à la sortie de The Great Southern Trendkill. Les problèmes de drogue de Phil Anselmo deviennent de plus en plus préoccupants. Accroc à l’héroïne, celui-ci succombe à une overdose… l’espace de quatre minutes. Malgré cela, aucun concert ne sera annulé et le groupe assurera l’ensemble de ses tournées, notamment au Ozzfest. L’album, quant à lui, reçoit un accueil mitigé. Un album noir, très lourd, dont ressort surtout tout le malaise de Phil Anselmo à travers ses textes (suicide, autodestruction…). Pourtant certains titres ne tarderont pas à faire l’unanimité (Suicide Note Pt2, Sandblasted Skin, The Underground In America). Face à la déferlante Néo-Metal, le géant Pantera, même affaibli, ne cède pas et voit sa haine pour la mode décuplée.
Cependant la flamme qui animait Pantera commence à vaciller. Malgré un convaincant album live (1997), l’ultime album Reinventing The Steel (2000) déçoit et sonne le glas un peu avant l’heure. Phil Anselmo donne de plus en plus priorité à ses nombreux projets parallèles (Superjoint Ritual et Down en tête) et finalement le groupe se sépare en 2003. Dimebag Darrell et Vinnie Paul fondent de leur côté Damageplan. Reste le souvenir d’un groupe hors du commun qui a toujours su rester droit, qui a marqué de son sceau les années 1990, et qui est resté fidèle et loyal envers ses fans.
Les relations entre Phil Anselmo et Dimebag Darrell se dégradent et donnent lieu à de ridicules joutes par journaux interposés. L’espoir d’une reformation reste toujours présent dans l’esprit des fans. Mais la tragédie de Columbus (Ohio) le 9 décembre 2004 scelle à jamais le destin de Pantera. Dimebag Darrell est abattu sur scène de plusieurs balles lors d’un concert de Damageplan. L’auteur de cet acte aurait prétexté, avant de l’abattre, que Dimebag Darrell était à l’origine de la séparation de Pantera. Son frère Vinnie Paul est aussi visé mais en réchappe. L’ensemble de la communauté Metal est sous le choc. Un album tribute est prévu pour honorer la mémoire de ce guitariste à l’immense talent.

18 / 20
49 commentaires (17.84/20).
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The Great Southern Trendkill ( 1996 )

La discographie de Dimebag et sa bande, tout en restant, au long de leur carrière, variée, est reliée par un fil conducteur.Ce fil pourrait se définir ainsi : Plus lourd et bien plus méchant à chaque album. Depuis Cowboys from hell, album plutôt "joyeux",on pouvait observer une sorte de descente dans un cerveau de plus en plus dérangé, torturé et malsain. Far Beyond Driven, avec des titres tels que Slaughtered (égorgé) ou Good Friends And A Bottle Of Pills ne laissait pas place à l'ambiguïté : Pantera étaient énervés. Très énervés. Il était donc difficile de croire que les Texans pourraient faire plus lourd... et pourtant.

The Great Southern Trendkill commence par un cri déchirant,inhumain. Pendant l'enregistrement de cet album, les problèmes de drogue et personnels d'Anselmo s'étaient intensifiés. Et ça se sent. Il semble perpétuellement au bord de la folie, il n'y qu'a écouter l'énorme Drag The Waters pour s'en rendre compte. Exit aussi, les mélodies plutôt fêtardes, à la Cowboys From Hell. Ici,chaque morceau, chaque note semble marqué d'une rage féroce. On peut aussi noter l'apparition de mélodies plutôt glauque, dans 10's et surtout Floods, contenant ce qui est peut-être le plus beau solo composé par Darrel.
Mais l'album ne serait rien sans la (pourtant décalée du reste de l'album) magnifique Suicide Note pt.1. Sans batterie, uniquement deux guitarres accoustiques et le chant (clair,pour une fois) de Phil Anselmo. Et la deuxième partie, contraste frappant avec la première : peut être le titre le plus violent de Pantera. Pas seulement dans la musique,mais aussi dans les paroles.Ces paroles justement qui, tout au long de l'album, parlent presque uniquement de mort, drogues, suicides, viols, dépressions. De corruption et d'hypocrisie aussi ("your father is rich, he's the man,he's the judge, he's the god, that got your sentence reduced / But in the back of his mind, he well know's what he'd find, if he looked a little deeper in you / Drag the waters for more, like never before").

De tous les albums de la période power de Pantera, c'est celui qui eût le moins de succès. Pourtant, en terme de qualité, la rennomée aurait été largement méritée. En effet, c'est un album extrêmement personnel et torturé, difficilement accessible, et comme le laissait deviner la pochette, venimeux. Ils signèrent ici leur dernier excellent album, laissant derrière eux des milliers d'imitateurs, de fans et la mort d'un guitariste exceptionnel.

A écouter : Floods,Drag The Waters,10's, Suicide note part 1 & 2...
18 / 20
70 commentaires (18.04/20).
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Vulgar Display Of Power ( 1992 )

On connaît le passé de Pantera, les pieds plongés dans un Glam rock que l'on pourrait qualifier d'assez rance de nos jours. Cowboys from hell, paru deux ans plus tôt, avait marqué un changement radical de style pour le groupe, la cuvée 1992 se devait de suivre son auguste prédécesseur, Pantera n’avait comme seul option que de nous tirer un cru d'une qualité exceptionnelle. Et ce fut le cas avec Vulgar display of power, le Power metal est, dans cet album, prédominant et donne tout son sens au titre de la bête.
Pas de dégonflement face a la vague Nirvana noyant le monde entier dans le grunge depuis 1991 avec Nevermind. Un oiseau de bonne augure face à l'imprévisible débarquement du néo metal en 1994 avec Korn et son album éponyme. Pantera s'installe avec son son, son style et ses frasques, et les texans ne sont pas prêts de décamper.

La pochette de l'album est assez explicite : un type se prend un monstrueux coup de poing dans la tête, le tout en noir et blanc avec une qualité proche du zoom sur une photo de journal. Sûrement l'effet désiré par le groupe quant à ce que cet album est sensé vous faire dès la première écoute.
Vinnie Paul Abbott (batteur et membre fondateur) nous offre un jeu éclectique avec tout ce qu'il faut de phases lentes, de montées en puissance et de rapidité pour rendre les morceaux assez divers au niveau de la rythmique, et ainsi éviter l'envasement, qui a piègé des tonnes de groupes Thrash et Power.
Mais c'est aussi un accord parfait (aussi bien musical "qu'amical") avec son frère Diamond Darrell (lui aussi membre fondateur), qui laisse exprimer sa guitare en mixant les rythmiques découpées, plus ou moins lourdes, comme dans la majorité des morceaux de cet album, avec les riffs légers de This love et Hollow. Sans parler des innombrables délires en solo, sans lesquels les morceaux nous paraîtraient peut être un peu fades.
Rex Brown à la basse accompagne parfaitement ses compères. Un instrument très important dans une formation mais qui ne se démarque pas tant que ça, avec l'impression d'inaudibilité face aux crachats des guitares et aux frappes de la batterie. Il nous lègue un petit bijou dans le morceau This love : une excellente introduction à la basse non saturée, reprise pendant les couplets.
Phil Anselmo a un panel de voix limité, mais il arrive tout de même à étonner. Un chant clair dans l'introduction et les couplets de This love, suivit de murmures et de cris francs, rentre dedans; cette cinquième piste est peut être, avec la onzième Hollow, la meilleure démonstration de la diversité de ses capacités vocales, en ce qui concerne cet album.

Pantera a jeté un pavé dans la mare, et les vagues venant de cet épicentre n'ont pas finis de vous raboter les tympans quand elles s’écrasent contre vos oreilles. On pourra toujours se poser des tonnes de questions quant à ce qu'aurait pu faire Pantera suite à une possible reformation du groupe mais il est désormais impossible d’imaginer cela…. La tragique tuerie de fin 2004 où Sir Dimebag trouva la mort sur scène élimina également tous les espoirs des fans. Pantera laisse un héritage incroyable, des albums qui ont marqués et continueront de marquer des générations de metalheads, respect…

RIP Dimebag.

A écouter : Walk, Fucking hostile, This love