L'horizon s'obscurcit à l'est. A moins qu'il n'en ait jamais été autrement. Il est temps de passer à la caisse, de rendre des comptes et Panacea attend au coin du bois pour poinçonner les tickets.

Il y a chez ces polonais une forte dose de talent qui, pour le moment, est assez délicate à définir, mais bien réelle. En tout cas révélatrice de la qualité d'une scène emo-crust dont le filon n'est pas près de se tarir. Des impulsions nerveuses d-beat allant d'Ekkaia, Down To Agony à Fall Of Efrafa ("Survived", "The Pressure", "Cases"), aux rivages screamo Us de pg.99 ou Jerome's Dream, Panacea se prend la tete à deux mains, met son amertume et sa désolation sur la table dans des démontrations poignantes de mélancolie, jusqu'à l'ivresse.
Sans foncer dans le mur tête baissée, les polonais tempèrent, pondèrent, posent le jeu, prennent le temps de souffler après des cavalcades éperdues, dans des clairières au bucolisme cynique qui arracherait presque des frissons un peu comme le faisaient les défunts Silence ou, plus récemment les très bons Romeo Must Die et Easpa Measa. Et, si par hasard, quand le démon de la facilité fait des tentatives pour prendre le dessus ("Empty Well"), Panacea annihile l'assaut pour reprendre la main in extremis.

Mélancolique jusqu'à la moelle, la formation de Lublin appose sa griffe au bas d'une œuvre urgente à découvrir, même si avec seulement six titres, une irrépressible frustration, une sensation d'inachèvement fera obligatoirement jour. C'est à peu près tout ce qu'on peut lui reprocher.

Tracklist : 1. Lost; 2. Dying Civilization; 3. Survived; 4. The Pressure*; 5. Empty Well*; 6. Cases*