A l’annonce d’un nouveau groupe rassemblant trois orphelins d'Isis (soit Jeff Caxide, Bryant Clifford Meyer et Aaron Harris) et Chino Moreno (Deftones), nous étions en effervescence, nous bouillions d’impatience d’entendre le résultat de cette rencontre qui paraissait tout à fait naturelle au vu des accointances musicales entre les deux parties. Notre attente fut finalement comblée avec ce premier disque éponyme de Palms, surprenant au premier abord, mais pas tant que ça lorsque l’on se rappelle de la direction prise par Isis sur son ultime album Wavering Radiant.
Aérien, lumineux, voilà les termes qui reviennent souvent à la lecture des différents papelards sur l’objet en question. Il y a de ça effectivement. Chino est dans son élément, sa voix - identifiée instantanément - mélancolique, se meut avec aisance entre les lignes mélodiques "made in Isis", elles-mêmes parcourant la totalité de l’album. Les nappes synthétiques sont légion également, s’étalant allègrement sur chaque piste, mises en avant ou bien plus discrètes, en assise sonore d’arrière-plan. On détecte alors quelques réminiscences de Red Sparowes, d'Isis en périodes d’accalmies, ou encore d’un Deftones planant dans ses plus récentes compositions. L’aspect atmosphérique de toutes ces formations est donc entretenu bien que les saturations s’accentuent lors de certains refrains (Future Warrior) et autres sommets d’intensité sublimes (l’éblouissant final de Shortwave Radio).
Cet album fait globalement la part belle aux ambiances fouillées à base de guitares scintillantes, de basse rondelette, de richesse rythmique en mutation permanente et de gestion magique de l’écho. Le quatuor ne s’aventure jamais en territoire métallisé, privilégiant les mélodies trempées dans le cristal liquide, incluses dans une certaine homogénéité, entre espace infini (Mission Sunset) et fonds marins (Antarctic Handshake). Après un effort d’écoutes répétées, Palms dévoile toutes ses cartes subtiles et nous embarque pour un voyage sans destination que rien ni personne ne viendra perturber. On ressent alors un travail de composition dantesque, valorisé par une production d'Aaron Harris flamboyante.
Il n’y a rien à jeter. Les six titres et les 47 minutes de cet album éponyme sont d’une cohérence inouïe, exprimant une musique inspirée de la vie californienne (dixit Harris), imprégnée de Post-Rock et de contemplation. Les structures aériennes, éthérées, progressives et sensiblement craquelées parsemant l’objet s’emparent de nos sens cognitifs pour mieux les orienter vers une lumière perçante et chaleureuse, touchée par une grâce cosmique.