La qualité du postcore suisse n'est plus à démontrer. Disposant d'une densité de groupes et surtout d'un ratio à faire crever de jalousie pas mal de ses voisins, nos célèbres dépositaires de la neutralité ne cessent de compter jour après jour de nouveaux adhérents.
Dernier rejeton, Palmer qui sort son premier album This One Goes to Eleven. Rythmique carnassière et mélodies en fusion, ce premier lâcher démontre une fois de plus une puissance dévastatrice comme seuls en sont capables de fournir les Alpages. Eléphantesque comme un Zatokrev, un Knut ou un Vancouver, le quatuor de Langenthal ne demeure pas moins soucieux d'offrir autre chose qu'un visage monolithique, intégrant à l'ensemble une bonne dose de vicié, altérant ses tournures de riffs dissonants parfois accompagnés d'un violoncelle mais à l'effet contrebalancé par quelques parties curieusement jazzy ("Who Am I", "Bitter Sweet Revenge").  
Palmer choisit donc le parti d'une expérimentation réelle mais mesurée mais qu'il n'arrive pas toujours à dépasser. Même si les suisses tentent quelques manoeuvres de diversions salutaires sur "Bury the Ashes" et "Temptation", optant pour un enchainement plus réactif, l'inspiration n'est pas systématiquement au rendez-vous ("Deception"). A l'inverse quand elle l'est, le pêché de gourmandise devient tellement attirant que Palmer tombe dans la facilité, exagérant la longueur de ses structures avec pour effet d'annihiler totalement son impact, phénomène flagrant sur "Souls Divided".

Bref, même si un talent indéniable et de bonnes idées transparaissent tout au long de This One Goes to Eleven, les suisses ne parviennent pas, pour le moment, à trouver la bonne formule qui leur permettrait de transformer les ingrédients en une potion redoutable. A mon avis ce n'est que partie remise.