Oxbow

Noise Rock

États-Unis

Thin Black Duke

2017
Type : Album (LP)
Tracklist
1) Cold&Well-Lit Place
2) Ecce Homo
3) A Gentleman's Gentleman
4) Letter of Note
5) Host
6) The Upper
7) Other People
8) The Finished Line

Chronique

par Tang

Hydra Head n'est pas mort ! Ou du moins le label d'Aaron Turner s'est permis de ressusciter pour offrir un hébergement au nouveau-né d'Oxbow, dix ans après The Narcotic Story, l'un des plus éminents objets circulaires de l'année 2007, peut-être même le plus mieux d'entre tous. Beaucoup de temps et d'expériences accumulées depuis, aboutissant à ce Thin Black Duke. Un album pensé de longue date que les Franciscanais ont bichonné au maximum, aidés partiellement par une campagne de financement participatif, poussant le vice jusqu'à créer une édition spéciale ultra limitée, ornée de dorures... Ajoutée à la sortie simultanée du disque et d'un livre, Thin Black Book (logique), relatant les dix dernières années du groupe.

Oxbow est de ces formations qui aiment les choses (plus que) bien faites, « perfectionniste » serait le terme qui convient. Et Thin Black Duke représente incontestablement tout ce qui fait la particularité de ce quartet, échappant aux normes et à la temporalité. Nous voilà donc happés par Cold&Well-Lit Place, son sifflement aguicheur, ses violons, ses cuivres et un Eugène un peu moins déviant qu'à l'accoutumée. Déjà ravis après cette entrée en matière étonnamment « pop », nous ne serons pas au bout de nos surprises avec le cinématographique et sinueux Ecce Homo, porté par une orchestration absolument magistrale qui se révélera orgasmique à chaque fois qu'elle sera employée. La palette vocale sera étendue sur un spectre Noise-Blues à partir du plus véloce A Gentleman's Gentleman, à base de chuintements et grognements animaux laissant place à la gravité d'une situation théâtralisée, donnant les frissons et sueurs froides de circonstance le long de Letter of Note. Le socle guitare-basse-batterie force continuellement le respect, parfois appuyé par des cordes additionnelles et récurrentes, ou bien du piano, comme sur le bouillant mais guilleret Host. Alors que l'ambiance un chouïa western de The Upper dressera les moustaches et durcira les épidermes, dessinant le lien avec le vaporeux Other People, où le désordre s'intensifie, toujours sur un coussin de volupté cuivrée. Les aventures se terminent et se (con)fondent peu à peu dans une mare vaseuse d'instruments empêtrés, Eugène se débattant de toute sa carcasse, étirant ses cordes vocales jusqu'à épuisement, parfois sur des gammes nouvelles, ce qui témoigne une fois encore de la grandeur épique du monsieur.

Bien que les albums d'Oxbow soient tous différents, il y réside la cohérence d'un chapitrage, où le texte fait corps avec la musique. On aurait beau égrainer et disséquer chaque titre indépendamment, l'excellence et la majesté transpirent partout, tout le temps. Globalement plus lumineux et plus serein que l'écorché The Narcotic Story, Thin Black Duke poursuit en des terrains moins accidentés mais toujours savoureux, uniques, insaisissables.

17

A écouter : 1

Thin Black Bandcamp.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.75
Avis 2