On savait le Japon capable de nous sortir des aliens culturels, notamment musicaux, absorbant telle une éponge à peu près tout ce que le monde nous offre pour en pondre une interprétation unique, ne laissant personne indifférent.e. Dans le cas d’Otoboke Beaver (dont le nom est tiré d’un « love hotel » d'Osaka) on tape dans le Punk Rock sauce Garage / Noise wasabi shooté aux pilules d’énergie brute. Imprévisibles et tonitruantes, les quatre allumées de Kyoto déchargent leur folie positive à travers une tripotée de singles et d’albums courts depuis plus de dix ans maintenant, mais ont vraiment explosé à l’internationale en 2017 après des passages très remarqués aux festivals SXSW et Fuji Rock.
Techniquement Itekoma Hits n’est pas tout à fait un « album » puisqu’il regroupe différents singles et morceaux issus des EP, cela dit sa construction et la complémentarité des titres en font un équivalent tout à fait recevable. Avec ses 26 minutes tout mouillé l'objet suinte le Punk par tous ses pores, un Punk Garage bruiteux et dépouillé, exécuté avec toute la frénésie nécessaire. Du point de départ Datsu . Hikage No Onna à la ligne d’arrivée Ikezu (torché en 18 secondes) l’énergie est constante, les changements de rythme judicieux, souvent casse-nuques, la basse, centrale et sautillante, la batterie cradingue à souhait (mais toujours juste), les guitares sont les trois quarts du temps épileptiques, quant aux voix on les imaginerait sans mal extraites d’un anime salement déviant. Sur le chemin on croise un Bad Luck ravissant et brinquebalant, subtilement imprégné de musique tradi japonaise, on se fait également souffler par le quasi Fastcore Don’t Light My Fire, ou le formidable remède anti-morosité 6 Day Working Week is a Pain, et on se termine par un petit plongeon dans le bain Punk Noise chaud bouillant Anata Watashi Daita Ato Yome No Meshi.
Et voilà, on vient de se faire expédier une belle gifle made in Japan, sans compromis, inventive et fulgurante. Itekoma Hits n’est pas une bête compilation, il est la synthèse idéale d’un univers propre à Otoboke Beaver, rempli d’animaux arc-en-ciel keupons et de pétages de plomb salvateurs. De fait par ici on ne serait pas contre une suite encore plus vénère.
A écouter : à tête pas reposée.