Après le très direct All Is One en 2013, Orphaned Land revient en 2018 avec Unsung Prophets&Dead Messiahs, un album plus complexe, aux sonorités plus metal et aux thématiques toujours aussi engagées. Après le départ du guitariste Yossi Sassi, le groupe prouve par ailleurs qu'il a su rebondir.
Kobi Farhi, le chanteur et fondateur du groupe, s'inspire ainsi de l'allégorie de la caverne de Platon pour dépeindre notre monde moderne où les hommes préfèrent s'enfermer dans le superficiel, des news people par exemple, plutôt que d'ouvrir les yeux sur la réalité du monde extérieur. Cet état de dépendance et d'ignorance est mis en exergue dans le très beau morceau qui ouvre l'album, The Cave. Musicalement, la structure progressive de ce titre montre un mix heureux entre les mélodies orientales et le metal propre au groupe. Orphaned Land revient aussi au chant death pour muscler ses compositions, comme We Do Not Resist. L'influence orientale est particulièrement forte tout au long du disque, notamment sur Propaganda avec l'utilisation des saz et bouzouki, tandis que le chant en hébreu apparaît sur Yedidi.
Unsung Prophets&Dead Messiahs propose ainsi un métal grandiloquent où les violons et les chœurs (un chœur d’Israël, le Hellscore Choir, composé de vingt cinq chanteurs) ont la part belle. Le côté plus accessible de All Is One n'a pas disparu, mais l'aspect plus progressif et death nous renvoie à Mabool. L'identité de Orphaned Land s'affirme ainsi avec beaucoup de force et de passion. Chains Fall To Gravity en est un magnifique exemple, condensant en une dizaine de minutes toutes les meilleures intentions de cet opus, y compris un jeu de guitare subtil et mélodique, avec la participation de Steve Hackett, le guitariste d’origine de Genesis.
Placé au coeur de l'album, le single Like Orpheus montre des arrangements aux accents plus pop, notamment sur le refrain. Hansi Kürsch (Blind Guardian) participe d'ailleurs au morceau. Il y est question d'ouvrir enfin les yeux sur la vérité de ce monde et de combattre, en particulier sa propre servitude. My Brother's Keeper explicite par ailleurs le titre de l'album, Unsung Prophets & Dead Messiahs, en évoquant la mémoire de Janusz Korczak, un homme juif qui s’occupait d’orphelins pendant l’holocauste, avec la volonté de changer le monde et de changer l’éducation. Only The Dead Have Seen The End Of The War s'offre la participation de Tomas Lindberg (At The Gates) au chant growl, avec pour résultat un morceau épique et de haute volée.
Toutes les belles intentions du disque, qui en appellent aussi, selon Kobi, aux prophètes George Orwell (1984) et Aldous Huxley (Le meilleur des mondes), trouvent un écho positif dans le metal progressif proposé par les israéliens. Unsung Prophets & Dead Messiahs est tout bien considéré un disque révolutionnaire sur le fond, qui nous offre une issue de secours dans ses lyrics, pour enfin sortir du marasme actuel, tandis que la musique mixe avec beaucoup de talent les traditionnelles influences orientales d'Orphaned Land et son background metal, revigoré pour l'occasion.
J'ai découvert le groupe avec cet album, et quelle découverte! Autant dire que j'ai assez rapidement apprivoisé le reste de la discographie. Finalement il s'avère que je trouve que c'est l'un des meilleurs albums de leur discographie avec The Never Ending Way of ORwarrior.
J'ai l'impression d'entendre un mélange des albums précédents avec des titres plus progressifs et d'autres plus accrocheurs, plus brutaux ou plus calmes tout en restant très cohérent.
Mention spécial au chant de Kobi que je trouve excellent sur cet opus que ce soit dans un registre clair (The Cave, All Knowing Eye, Like Orpheus) ou death (We Do Not Resist, Only The Dead Have Seen The End Of War). Les parties instrumentaux sont de toutes beauté et nous font voyager dans le désert Orient (All Knowing Eye, Chains Fall To Gravity).
Un album magnifique!