Entre les transmissions vaporeuses et les bonbons au goût troublant, Orgy n’avait pas vraiment trouvé son audience, les deux premiers efforts étant malgré tout de bonne facture, ficelé comme il le faut et avec assez de créativité pour en séduire plus d’un. Il faut croire que le rock industriel du groupe ne séduit pas malgré ses nombreux atouts. La sortie d’un troisième rejeton peut-il changer la donne ? A l’écoute du single sorti en avant-première, les choses n’ont pas beaucoup évolué. The Obvioust sonne comme du Orgy pure souche : loin des rivages néo, ambiances électriques lorgnant vers la pop, la voix toujours aussi particulière de Jay Gordon soutenue pas des samples judicieux … pour ma part j’adhère mais la révolution ne semble pas les avoir approché.
Erreur totale de jugement (par manque de données sera le motif). L’assaut n’avait été qu’amorcé et le gros de l’artillerie était demeuré en soutien. Ma stratégie d’approche fut totalement inefficace et face à la déferlante de décibels je fut balayé. Une étude balistique montrera plus tard que je ne pouvais que me retrouver désarmé dés les premières minutes. Orgy économise ses cartouches et même si Beautiful disgrace laisse paraître quelques sonorités inconnues ce n’est pas suffisant pour troubler nos sens demeurés passifs. Rupture … on n’en prends conscience qu’une fois touché. Vague s’est déjà logé quelque part entre l’omoplate et la nuque. C’est toujours le même groupe mais pas la même musique, reconnaissable dés les premières secondes mais pourtant si étrangère à nos conduits auditifs. Les guitares se sont alourdies, la basse est plus présente, le chant se fait par moment hurlement et on se surprends à songer à Korn. Ashamed renforce ce sentiment d’intensification de la violence et même si le style des musiciens est identifiable le rendu demeure bien loin de ce que à quoi ils nous avaient habitué. Orgy est devenu machine de guerre mais s’appuie sur leur passé hybride ce qui leur permets de construire un édifice vraiment personnel. Leurs origines n’ont pas totalement sombrées et certaines compos sont demeurées très proches de l’aspect balade pop et sombre de Vapor Transmission mais sont ici plus accessibles (plus « néo » on pourrait tenté de dire … Make up your mind et Pure sont les dignes détenteurs de cet étendard de la formation). Difficile de trouver des comparatifs dans l’arsenal mis à notre disposition, pourtant Adema pourrait s’en approcher par le biais de leurs chansons les plus agressives.
Entre rafales et accalmie se situe une zone où le groupe semble plus à l’aise : Inside my head (j’avoue mon péché mignon …) réunis tout les ingrédients de ce que fut et de ce qu’est Orgy. Riffs lobotomisants, ligne de basse hypnotisante, refrain qui se fixe immédiatement aux cordes vocales ; on en demanderait plus, on devra s’en satisfaire. Can’t take this se loge, quant à elle, directement dans le crâne pour nous achever sans aucun doute possible. Frappe ajustée et travaillée, voix retouchées et guitares assomantes de violence, rien n’est laissé au hasard et le coup de maître est inévitable. Seulement 9 titres souligneront certains mais Orgy s’est interdis toute balle perdue et le constat est désastreux en ce qui concerne l’auditeur. Toute guerre a ses vaincus, sans rancune …
A écouter : Vague, Can't take this, Pure, Inside my head ...