Il est clair qu'Orelsan vient de se
poser avec ce second album, cet essai transformé, comme un futur
grand du Rap et de la « vraie » chanson française. Son
premier opus Perdu d'avance avait fait l'effet d'une bombe dans le monde fermé et un poil stéréotypé du Rap mainstream : un style authentique, rafraichissant, vrai et
pas prise de tête (« Jimmy Punchline ») , voilà à peu
de choses près ce qui pourrait résumer sa musique, bien que
celle-ci fourmille de détails, et de paradoxes.
Sur le plan musical, le Chant des
Sirènes se pose comme le successeur de Perdu d'Avance. Entre
chansons personnelles et trip « rap de looser » à la
Fuzati (Klub des Loosers), évoquant un certain mal-être à la Mike Skinner (The Streets), délires
égotrip avec Punchlines et flow d'enfer comme les excellentes 1990
et 2010, drames emplis de haine comme Suicide Social ou Finir mal, ou
même titres plus pop et dansants comme Plus rien ne m'étonne. Cet
album se veut comme un recueil d'états d'âme, de sentiments,
d'impressions d'un ado romantique juste un poil attardé, mais
tellement attachant et sympathique. L'exercice est difficile et
demande tellement d'implication personnelle que l'on ne peut que
respecter ce choix artistique. On sent que c'est vraiment sincère et
que c'est rappé avec les tripes.
De plus, l'évolution se fait
clairement ressentir depuis Perdu d'Avance, en témoigne le clip futuriste et assez classe de Raelsan. Aurélien a grandement
gagné en maturité, en confiance, et sa plume n'en est que plus
belle. Les exemples sont nombreux, mais on note tout particulièrement
La Morale, qui parle de cet d'ami d'enfance un peu perdu de vue..
(« T'as toujours été le plus populaire de la bande,
t'inventais une expression j'étais fier de la reprendre ») une chanson bourrée d'une nostalgie sous-jacente,
malgré la production un poil joyeuse et typée balade. Petit mot sur
la production par ailleurs, qui est bien dosée et vise un public
plus grand. Tout le monde sera servi avec des morceaux électroniques,
rap old-school, pop rock, et même dubstep (Des trous dans la
tête). On note aussi La petite marchande de porte clés et son
excellent story-telling dans les titres marquants, ou encore Finir
mal... Bref, Orelsan a le talent de toucher une partie en nous sur
chaque chanson, que ce soit pour les plus ou les moins jeunes, et
d'être le chroniqueur de l'époque moderne et d'un certain style de
vie. C'est peut-être pour ça qu'on l'aime bien.
A écouter : Finir Mal, La Morale