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Biographie

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp

Créé lors d’une carte blanche à la Cave12 à Genève en Suisse et emmené par Vincent Bertholet (Contrebasse), l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp est un de ces groupes atypiques entremêlant contrebasse, guitare minimale électrifiée, chanteuse violoniste et accessoires, trombone, batterie, le tout surplombé de marimba. Le groupe sort son premier album éponyme en 2007 puis The Thing That Everything Else Is About en 2010 chez Red Wig. Pop, Jazz, Afrobeat, Post-Punk, Rock font partis de quelques-uns des qualificatifs pour décrire leur musique. Un troisième album Rotorotor tout aussi électrisant, sort en 2014.

Chronique

16.5 / 20
3 commentaires (16.67/20).
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Rotorotor ( 2014 )

A nom de groupe improbable, musique improbable. On ne s'en étonnera finalement pas. Par contre, on écarquillera des yeux, ou plutôt on ouvrira grand ses oreilles sur cette formidable troisième sortie de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp.

Dès lors, par où commencer? Par le plus évident sans doute : ce groupe ne ressemble à pas grand chose de connu. Tu peux toujours essayer d'y accoler des étiquettes soigneusement choisies, tu finiras toujours un peu à côté de la plaque. Si tu parles de Rock, t'en trouves éventuellement, des bouts de Jazz également, mais aussi par intermittence des touches Noise / Post-Punk et Funk. Le tableau ne serait pas complet si l'on ne dessinait pas en arrière plan des grands axes de Pop solaire et de nombreux éléments de musique africaine et expérimentales. Même en disant cela, on est encore loin de la vérité et de la complexité de ce Rotorotor parce qu'il se veut difficilement cernable, tant dans les influences (certains me murmurent The Ex dans l'oreille), les genres musicaux et dans son rendu global. Impossible de définir avec précision ce qu'est l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et c'est sans doute ce qui en fait tout son charme. Néanmoins, ce qui est sûr, c'est son originalité faisant un bien fou pour les oreilles en quête de nouveauté.

Rotorotor n'est pas un album difficile d'accès malgré ce que laisser penser cette description. Au contraire même, et c'est là toute la prouesse de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, déjouer les pièges d'une musique pédante pour en distiller  avec application des sonorités multicolores, un univers dense, mais étonnamment accessible. Six musiciens qui, à la manière de poupées russes, emboîtent idées sur idées où tout semble couler de source grâce à un assemblage minutieux des instruments en parfaite osmose on ne sait trop comment, mais donnent toute l'effervescence et le côté enchanteur du projet. Guitares qui ne tiennent pas en place, dansante comme de beaux diables, contrebasse chaleureuse, rythmiques inventives, le sextet joue sur les courbes, ne suit jamais deux fois le même chemin, y rencontre à chaque détour violon, trombone, cloches, sifflets, marimba et jouets en tous genres. Et puis, il y a cette voix enivrante qui tapisse nos oreilles de velours. Pas forcément juste, mais incroyablement touchante, fragile, gracieuse, parfois doublée de chœurs masculins.

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp hypnotise, livre des douceurs sucrées (Slide) comme il fait ressortir les mélodies trépidantes (The Sheep That Said Moo) avec un groove jazzy sur Close And Different et Cranes Fly, Tralala complètement pété du casque avec un final aux sifflet sous acides ou Apo comme un tube ultra addictif qui ferait presque danser ton oncle raciste. Sunlight, palmiers et noix de coco fraîchement coupée et doigts de pieds en éventail sur It Looked Shorter On The Map, mais Come On In t'accueille avec sa noise saillante et tendue pendant près de six minutes avant que Homs ne calme le jeu avec des cuivres reposant. Tout ça pour dire que pas un seul titre ne se ressemble. Chacun à son propre éclat, sa propre résonance dont le mixage millimétré de John Parish (PJ Harvey, Eels) fait merveille dans chaque phrasé des instruments pour un rendu organique et vivifiant.

Rotorotor est un régal pour les tympans, électrisant pour le cœur, grisant pour les jambes. Le genre d'œuvre unique et captivante dont il ne faut que peu d'écoutes pour en ressentir toute son intensité et les émotions qu'elle dégage. Le meilleur dans l'histoire c'est que l'album est encore plus excitant joué en live. A voir absolument en concert pour en saisir toute sa portée.

En écoute intégrale sur bandcamp.