Initialement sorti en 2010, Asleep Next To Science mêle, pèle mêle, un peu tout ce qui peut se côtoyer sur certaines scènes US : des musiciens issus de la scène Post-Hardcore, Black-Métal / Deathcore, Metalcore Prog ou encore Hardcore, répartis aux 4 coins des Etats-Unis. On pourrait de fait s'attendre à des sons à 100 km à l'heure et des déferlantes de riffs, mais, grosse surprise, Orbs se range du côté d'un Rock aux multiples facettes, lorgnant plutôt du côté de Muse ou des Smashing Pumpkins.
On retrouvera en effet des orchestrations à la Muse première période (le son et la thématique spatiale y sont pour beaucoup), le côté ensoleillé et happy de The Polyphonic Spree même si les relents plus Métal des différents combos originels ne sont pas délaissés pour autant (Lost at Sea définitivement assimilé à Fear Before). C'est d'ailleurs une similitude entre Orbs et les groupes dont sont issus ses membres : cette volonté de proposer quelque chose de complexe, de ne pas se cantonner à un style musical en particulier. Post-Hardcore, Emo, Rock, Metal, ... Difficile d'identifier la musique jouée sur plus d'une heure, la faute à des multiples ingrédients, agencés pour filer le tournis sur des compos comme Megaloblastic Madness.
Niveau frontman, Adam Fisher lance toute sa fougue d'un timbre rappelant parfois celle de Billy Corgan (Smashing Pumpkins) lors des parties les plus posées, reculant sur ses positions propres - tel qu'on peut l'entendre sur Fear Before - lorsqu'il s'agit d'élever la voix. C'est ce qui se révèle d'ailleurs être, en dehors des orchestrations, l'un des points les plus attrayants de Asleep Next To Science.
Il est à préciser que ces "airs de" sont aussi un poids assez important sur les épaules d'Orbs : ce sentiment de rattacher les Américains à quelque chose peut leur faire défaut dans l'appréciation de Asleep Next To Science, et ce malgré la qualité de composition. Les détracteurs insisteront sur le fait que le combo, en dehors de la qualité de composition, ne se révèle parfois qu'à travers des influences volées çà et là, que les cordes couplées au piano respirent Muse à plein nez, que les sonorités spatiales et quelques envolées pourraient être affiliés à The Mars Volta (Eclipsical, pièce maîtresse de l'album). Après, il s'agit pour beaucoup d'une histoire d'affinités, et personnellement, j'aurais plutôt tendance à apprécier ce disque pour ce qu'il est, sans chercher à le rattacher à quelque autre étant donné la richesse de Asleep Next To Science.
Lorsque Orbs annonce un opus rattaché aux thèmes de l'escapade et de la nature, on n'éprouve aucune difficulté à retrouver cette première partie dans la musique en elle-même (ou au sein des paroles de Eclipsical : "She sleeps with the planets. I know because I've seen it. [...] She flirts with the moons, and lets them think they have her"), la seconde se cachant plus régulièrement au travers de paroles, comme sur Sayer Of The Law ("I wandered off the path one day. Great watcher turned, and I ran away / I lost myself amongst some trees / Birds and lizards paid no mind to me / Sat atop the mushroom growths and drank the tea of forrest folk.").
A se demander comment on a pu passer à côté d'Orbs et de Asleep Next To Science mi-2010. Ensemble cohérent, compos originales, un son foutrement efficace, ce all-star band n'a de tort que d'être quelquefois "aux airs de", car ce premier opus est une petite bombe.
A écouter : Eclipsical - Megaloblastic Madness