Opprobre

Post Black progressif

France

Fragments de Destinées

2021
Type : Album (LP)
Labels : Klonosphere
Tracklist
1. Vertige, Pt.1 01:06  
2. Vertige, Pt.2 07:02  
3. Renouveau 07:55  
4. Reddition 07:31  
5. Absence 06:38  
6. Steppes 06:03  
7. L'épreuve 08:43  
8. Indifférence 12:43  
9. Cendres 12:31  
Durée totale : 01:10:12  

Chronique

par Rillettes

Installez-vous confortablement. Enlevez vos chaussures, desserrez votre ceinture, mettez-vous en pyjama tant qu'à faire et allez vous servir une grande tasse de votre boisson favorite. Fermez les yeux, lancez Fragments de Destinées et laissez-vous porter. Le téléphone en mode avion, les gosses dans leur chambre (sauf s'ils ont d'aussi bons goûts musicaux que vous), en clair : écoutez cet album d'une traite, en lui offrant toute l'attention dont vous êtes capable. 

Avec ses soixante-dix minutes, Fragments de Destinées va vous accrocher un petit moment, si tant est que vous soyez sensible à ce que Opprobre propose : un Post Black Metal progressif, chargé d'émotions et emprunt d'une personnalité très marquée. Dans la forme déjà : une production étonnante qui demande un court temps d'adaptation, à la fois moderne de par sa clarté et rétro dans sa dynamique. Les voix possèdent aussi ce petit truc qui fleure bon le home studio, avec cependant un résultat plein de charme, et surtout de sincérité. C'est d'ailleurs ce qui décrit le mieux Fragments de Destinées : la sincérité.

Chaque seconde de cet album, chaque note jouée transpire l'envie de bien faire, et surtout de faire. Faire de la musique, raconter quelque chose, transmettre des sentiments. Dans les paroles et dans les compositions, Opprobre irradie d'une mélancolie poignante tantôt lumineuse, tantôt tragique. Malgré sa durée conséquente, l'album donne cette impression d'urgence, d'avoir tellement à dire que les mots ne suffisent plus. Les mélodies qui s'entremêlent, les arpèges qui s'entrecroisent et toisent les lignes de chant clair : la complexité du Post Black d'Opprobre ne paraît à aucun moment surfaite, mais bien nécessaire pour s'affranchir du langage, forme d'expression trop limitée pour le sextuor.

S'il est avant tout mélodique et mélancolique, Fragments de Destinées est un album de Black Metal. Vincent à la batterie n'est pas avare de blasts et de tapis de double pédale, les guitares grincent et frottent allègrement et la majorité des lignes vocales est en chant crié. Un Black assez cru, froid, loin du Post de Deafheaven mais similaire aux vieux jours d'Opeth sur Orchid et imprégné de la seconde vague scandinave. La réussite d'Opprobre est de parvenir à faire cohabiter ses deux univers à merveille par le biais des claviers, gracieux et pertinents, et également de ce chant clair imparfait, presque hésitant dans son exécution mais encore une fois d'une authenticité troublante.

Baroque, nuancé, ce second opus foisonne d'idées et semble prêt à déborder à chaque instant. Pourtant, on sent que tout est sous contrôle et que les musiciens savent parfaitement où ils vont, offrant à Fragments de Destinées une cohérence remarquable qui s'avère salvatrice lors des premières écoutes qui pourraient en larguer plus d'un. Complétée par un artwork où cohabitent lumière et noirceur, l'humain et la matière, l'oeuvre est bouclée et pensée de bout en bout. Et toutefois, on a la sensation qu'elle nous dépasse.

Sans être exempt de défauts, notamment ses chants clairs qui manquent de maîtrise et sa durée qui peut sembler rédhibitoire, Fragments de Destinées est une franche réussite qui saura trouver une place dans le cœur de celles et ceux qui sauront lui donner une chance. Oui c'est dense, oui c'est long mais ça ne digresse pas, ça ne se la pète pas et c'est sincère. C'est une proposition originale, personnelle, émouvante. Pleine d'humanité.

17

Les critiques des lecteurs

Moyenne 0
Avis 0