O'Brien disait dans 1984 d'Orwell que si l'on désirait une image de l'avenir, on n'avait qu'à imaginer une botte piétinant un visage humain...éternellement. Jamais groupe de hardcore n'aura si bien transfiguré cette assertion que One Eyed God Prophecy.
Troisième larron du triumvirat d'Ontario formé avec Union of Uranus et Shotmaker, le groupe signait avec son premier album, le seul et unique à ce jour, une démonstration où dominent les idées du mal, du nihilisme et du chaos. Chez OEGP, c'est l'urgence qui s'impose dans cette avalanche de riffs, combinaison de ce que tous les genres hardcore, grind ou screamo peuvent apporter d'ultime. Alors certes, l'influence d'Uranus est omniprésente - pas étonnant que Yannick Lorrain ait voulu absolument sortir leur méfait sur The Great American Steack Religion - mais le groupe s'en affranchit pour évoluer dans des circonvolutions plus lourdes, plus metal, pour ainsi dire ("Toddler").
Porté par le chant carnassier d'Alex Bibeau, volontairement en retrait pour illustrer une existence proche de l'asphyxie, OEGP jette un regard pas aussi cynique que désabusé sur ce qui l'entoure, ce qui nous entoure, nous aliène et finit par nous achever/diviser (" I saw the people. Millions of them. Crowded together in cities. Living side by side in towns, villages, rural areas. But I didn't see a single community" - "Wilf").
Six pauvres titres (parfois sept, ça dépend des éditions) mais qui ont marqué d'un noir monolithe l'entrée d'un royaume de ténèbres dont se réclameront plus tard des formations telles que Zann ou June Paik.
A écouter : Toddler, Wilf