Ville Fantôme. Avec un pareil titre il y a matière à faire quelque chose de tout à fait intéressant. Mais une énième fois, le genre commence sérieusement à se mordre la queue et quand Omega Massif arrive avec son bloc de 45 minutes la question persiste: arriveront-ils à tirer leur épingle du jeu? Verdict:
Dommage de commencer la chronique de cette manière, mais il relève de l’impossible de ne pas citer au moins Pelican comme influence majeure du groupe. Mais le Pelican des débuts, plus particulièrement celui du premier EP et d’Australasia (dans une moindre mesure), quand le groupe était encore d’une lourdeur sludge tellurique. Certains passages de ce Geisterstadt en sont malheureusement trop imprégnés (flagrant sur les premières secondes de In der mine). De plus, comme son homologue américain, Omega Massif a fait le choix du tout instrumental. Parfois très ressemblant donc mais sans tourner au pillage pur et simple, plus l’album avance et plus on se prend au jeu. Au fil des compositions il apparaît que certains plans dénotent une certaine créativité, notamment l’utilisation d’un accordéon sur Nebelwand. Sauvés, la qualité est bien là. Maintenant que la chose est dite, trêve de comparaisons.
Avec un nom pareil aucun doute possible. La musique d’Omega Massif est bel est bien massive (hum), lente et presque doom par moments. Mais de ce bloc s’extirpe toujours un feeling assez mélodique avec parfois de lointaines montées post-rock fixées sur un mur de guitares vibrantes. Du coup le groupe produit une musique qui parvient à être relativement immersive (Nebelwand). A ce propos, l’artwork est l’un des points forts de cet album, constitués de plusieurs photos sur le boîtier comme dans le livret. Ces photos ont été prises dans les Pyrénées par Olivier Hummel dans des villes fantômes justement. Il s’en dégage une atmosphère très particulière, proche de ce que peut évoquer la musique d’Omega Massif.
Omega Massif signe donc là un album agréable mais dans lequel on aurait aimé une créativité plus conséquente. Heureusement il y a des moments de bravoure assez exceptionnels qui donnent bon espoir quant à la suite, à condition que ces allemands se forgent une identité beaucoup plus forte. Si il n’est pas exempt de défauts, on ne peut nier une certaine réussite dans ce Geisterstadt, ne serait-ce que pour l'ambiance.
A écouter : Nebelwand, Unternull, Arcanum