Old Man Gloom

Sludge / Doom / Noise Hardcore

États-Unis

NO

2012
Type : Album (LP)
Produit par : Kurt Ballou
Tracklist
  1. Grand Inversion
  2. Common Species
  3. Regain/Rejoin
  4. To Carry The Flame
  5. The Forking Path
  6. Shadowed Hand
  7. Rats
  8. Crescent
  9. Shuddering Earth

Chronique

par Tang

Putain, il aura fallu attendre huit ans, huit années durant lesquelles nous écoutions Christmas à tous les Noël en étant à chaque coup subjugués par l’intensité du son d’Old Man Gloom. Un son pur, profond, parfois perturbant ou irritant, distillant régulièrement un groove malsain tout à fait incontournable...

Alors le voilà ce NO, annonçant déjà sa couleur négative par son titre en majuscules et son artwork grisâtre. Une introduction bruitiste (Grand Inversion) permettra d’appréhender l’aventure sonore qui nous attend, qui nous guette et nous accroche lourdement à partir de Common Species, huit minutes trente de sludge/doom/hardcore écrasant, Aaron Turner expulsant toute sa bile à travers sa voix glaireuse emplie de haine, quasi inhumaine. Regain / Rejoin suivra de manière limpide sur une rythmique monolithique percutante et réjouissante, pour un court instant afin d’enchaîner sur To Carry the Flame, plus proche d’un Isis dans sa construction, en plus sale bien sûr. Scofield martyrisera ses quatre cordes avec souplesse et brutalité sur The Forking Path, Turner et le bassiste sus-cité entamant une discussion gueularde dans une atmosphère déconstruite pour finir. Après cette pépite de violence brute, viendra un autre morceau fleuve (Shadowed Hand), cette fois blindé d’ambiances et d’expérimentations soniques, telles que ce vrombissement s’étalant le long de la piste, relativement accidentée par endroits, percée progressivement par des notes de guitare dépressives d’abord, par des riffs et une section rythmique de diplodocus ensuite, Turner assurant sans faiblir une voix chaotique, qui déborde de rage aveugle et de crasse.

Oui, car la production de NO - encore assurée par Ballou - est étouffante et dégueulasse, dans le bon sens du terme, c’est-à-dire que la plupart des morceaux sont imprégnés d’une nappe sonore grésillante et subtile, induisant des variations plus ou moins stridentes, baignée dans une mer de basses. Sans dire que le son de Christmas était propre (loin de là !), le quintet pousse ici encore plus loin l’idée de violenter nos fébriles oreilles. Rats par exemple, vous enfoncera vicieusement un jack dans la tête après avoir bien préparé le terrain à coups de mandales grasses et bien rythmées. Comme sur Christmas, on retrouve un passage partiellement acoustique et un chant clair (Crescent), toujours agrémenté de bruits environnants, faisant planer la menace d’une nouvelle déflagration négative, qui ne tardera pas à s’abattre sur NO.
Et vlan, le final Shuddering Earth, soit quatorze minutes quarante constituées de l’ensemble des éléments cités plus haut, évoquant à peu près tout ce qu’a pu produire Old Man Gloom en matière de groove, d’ambiance et de bruit. Autant prévenir, les trois quarts du morceau se résument à des grésillements et des larsens, contrôlés certes, mais il faut se les enquiller. Une fois la chose assimilée, l’on est embarqué vers une forme de dimension adjacente, où le vacarme est d’une telle constance qu’il en devient naturel et même agréable, de part toutes les subtilités qu’il renferme, qu’il est nécessaire d’exploiter et d’apprécier.

Old Man Gloom, c’est tout ça : du bruit, du sang et du groove. Cinq musiciens aguerris transpirants de sincérité qui ont pris le temps de composer un album d’une intensité rare, bourré de subtilités, plus dense, hargneux et difficile d’accès que son prédécesseur. Pas nécessairement meilleur, mais qui fait parler des émotions sensiblement déviantes, pour une aventure différente, plus…négative.

Attention, la première écoute de NO peut causer quelques contusions cérébrales en fonction de la réceptivité de l'individu, préconiser une multitude d’écoutes pour en capturer l’essence.

18

A écouter : 1

NO s'écoute dans son entièreté sur le bandcamp du groupe.

Les critiques des lecteurs

Moyenne 16.25
Avis 6
metgopsypeth123 February 11, 2015 21:24
La chronique dit tout, cette galette est une merveille de lourdeur.

Et en plus ça groove, que demander de plus!
17 / 20
zonzons September 16, 2012 14:42
j'ai découvert cet album et ce groupe grâce à cette chronique. étant un fan d'Isis et appréciant beaucoup Converge, je n'ai vraiment pas été déçu !! premièrement, on retrouve la voix dAaron turner, plus en forme que jamais temps en chant hurlé qu'en chant claire (qui était un peut faiblarde sur les derniers Isis). les ambiances dégagées par l'ensemble du disque sont sublimes et la prod est vraiment excellente. ce n'est pas "violent" (comme pourrais le laisser croire la chro) mais plutôt lourd, très lourd... écrasant... et malsain... et groovy en plus !!

à défaut d'être véritablement expérimental (préférez un mike patton ou john zorn pour ça...) ce disque est très original. le final ( c'est moi ou c'est une flûte qu'on entend ???) est fantastique !! les morceaux ne ce ressemblent pas mais gardent une véritable cohérence.

au final, on obtient un disque léché, bourré de nuances, groovy (bravos à la section rythmique), qui dégage une atmosphère captivante. à recomander aux fan d'Isis, converge, gaza...
17 / 20
Pentacle September 14, 2012 16:43
Plusieurs essais, mais toujours le même constat : je ne ressens pas grand chose à l'écoute de ce No. Dans un style similaire "truc dégueulasse, lourd, malsain & co", le I, Guilt Bearer de This Gift Is A Curse, me bouffe bien plus les entrailles.
13 / 20
Lhuz September 11, 2012 21:37
Et dire qu'Hydra Head Records vient de fermer portes... :(
15 / 20
Mr Piotr July 29, 2012 11:19
mind blowing!mind blowing!mind blowing!mind blowing!
18 / 20