Une baffe qui aurait pu être magistrale : Old Gray a fini par foutre le feu à ses compos, passant des braises chaudes de dex aux flammes ardentes de Slow Burn, malmenant le Screamo originel sur « Razor Blade » pour en tirer sa quintessence en 29 brèves secondes.
Des samples qu’utilisait Louise Cyphre aux envolées d’Orchid, les Américains prennent tout à contre-pied, les interludes se font titres, les compos se transforment en coupures bruitistes. Le combo va jusqu’à partir sur un PostRock / Core sur « On Earth, As It Is In Heaven » pour clôturer l’ensemble, mais montre clairement son meilleur jour sur les fragments Screamo disséminés ça et là (« Blunt Trauma », « Razor Blade » ou « Pulpit »).
C’est sans conteste la meilleure production à ce jour de Old Gray, sans retenue mais pourtant pleine de poésie, capable de t’emporter dans les cieux sur son dernier titre après t’avoir roué de coups. Les mots sont des armes, le groupe l’a bien compris en s’éloignant peu à peu de certains artistes auparavant proches tels Tiny Moving Parts (avec un excellent Celebrate sorti quelques mois avant), Park Jefferson ou Brave Bird. Le côté Emo a mûri, pris en fougue ce qu’il a perdu en délicatesse pour devenir Portrait ou Orchid (période Chaos is Me).
Là ou le résultat final atteindra ses limites, c’est dans cet enchainement de morceaux au tempo et durée tous plus instables les uns que les autres. Les opus précédents trouvaient un équilibre, là ou Slow Burn est un roller-coaster musical, perdant parfois le fil conducteur que le groupe aurait pu vouloir dessiner : une première moitié renversante, une seconde que les détracteurs qualifieront de poussive, à l’encontre de l’urgence voulue au début.
Avec Slow Burn, Old Gray signe une oeuvre époustouflante sur sa première moitié et son dernier instant. Dans la continuité de ces albums qui ont imposé leur présence sur une scène, ce disque fera plier n’importe quel adepte des deux styles représentés sur ses extrémités, après un très délicat passage à vide sur quelques minutes. On pensait déjà énormément de bien du groupe, cette fois ce dernier confirme qu’ils maintiennent le cap.
A écouter : Razor Blade, en boucle.