Il y a maintenant quelques années, une foule de groupes s’orientaient vers un Hardcore Chaotique et sortaient une vague d’albums cultes : Bless the Martyr and Kiss the Child pour Norma Jean, We Came The Romans de Botch, Miss Machine de The Dillinger Escape Plan ou plus simplement les premiers Converge. Tous différents, mais avec un amour des changements de rythmes saccadés, de cassages de nuques. Nous avions eu quelques relents sur le territoire français avec le très bon How Hate Is Hard To Define de Plebeian Grandstand un peu plus tard, mais certains n’ont pas éteint le flambeau, comme le prouve Oddism avec Dance In the Maze.
Difficile de passer après autant d’années, surtout qu’au final les gens ont tendance à murmurer souvent les mêmes noms, et ce même si toute nouvelle formation donne le meilleur d’elle-même. On en retiendra aussi quelques noms plus obscures (Playing Enemy) mais Oddism semble décidé à prendre toutes les cartes en main pour faire la meilleure impression possible : de l’entrée en matière bruitiste de « Foul Scale » rappelant légèrement un « Memphis Will Be Laid To Waste » avec ses plans millimétrés, « Lost Sleeper » s’essayant à des variations vocales entrecoupées de larsens, c’est un opus hétérogène mais aussi malheureusement un brin prévisible que livre Oddism.
L’effet « Chaoscore » n’est en effet pas surprenant. On devine que l’on sera malmené, chahuté, et on s’y attend tellement que des titres comme « Golden Heavens » seront l’attendu, dans un style qui veut que l’on soit déstabilisé. L’absence de schémas sera classique et les musiciens connaissent bien les ficelles inhérentes au genre, ce qui permet au disque de ne pas s’auto-étouffer : on parlera encore d’efficacité, qui est au final un minimum, mais qui bénéficie d’une production assez clean sur son ensemble (« Golden Heavens » justement).
Soyons fou. Prenons le disque à l’envers, laissons-nous bousculer par « Young Bones », puisqu’au final c’est en cela que Oddism s’en sort le mieux : créer des morceaux syncopés, et la partie instrumentale s’y évertue. Que l’on compare aux noms précédemment cités ne serait pas un décalage avec la perception que l’on peut avoir de Dance In the Maze, même si l’on aurait pu souhaiter un grain de folie un peu plus développé sur l’ensemble que la trop calme « Dum Anima Est ». Néanmoins, reconnaissons l’une des vraies qualité de cet opus, à savoir proposer des sonorités qui se font un peu trop discrètes actuellement, et ne pas en faire un brouhaha inécoutable, et ce sur un premier album. Le résultat est là, clairement, surtout si l’on prend en comparaison les deux premiers EPs beaucoup plus classiques.
Bon, pour les fans de la période early-2000 de Norma Jean, The Chariot ou Converge, voire même des délires capharnaümiques de Botch, Oddism livre avec Dance in the Maze tous les éléments attendus pour relâcher un opus chaotique au possible. Certes, on aura toujours l’envie de s’acoquiner avec les classiques, mais une petite entorse aux habitudes ne fait pas de mal parfois.
A écouter : Foul Scale - Aegroto