En seulement 2 albums, Obscura s'est
taillé une réputation dans le cercle fermé des tous meilleurs
groupes de Techno-Death Progressif, mélodique et tout le tatouin. Un
style qui gagne un renouveau, et une nouvelle popularité
gigantesque pendant les années 2000 après les précurseurs du début
des années 1990 qu'ont été Death ou Atheist. Obscura fait partie
de cette nouvelle vague de Deathsters intellos et complexes, et ce
nouvel opus est très attendu par les mordus du genre.
Alors pour le Death metalleux plutôt
classique que je suis, restant cantonné aux groupes « non
techniques » comme Nile ou Cannibal Corpse (Quelle hérésie..)
chroniquer un album aussi cérébral et complexe comme on dit
n'est pas chose aisée. Commençons par les points positifs si vous
voulez bien. Avant tout on précise que l'artwork est vraiment beau.
C'est un plaisir pour les yeux et les tons
sont jolis, ce qui est assez rare dans le genre pour le faire
remarquer. Et puis, il illustre bien le côté
« cortex cérébral cosmique intense ».
Définir la musique jouée par Obscura
en quelques mots est difficile. Je décrirais ça comme du Metal
extrême progressif avec de fortes influences jazz. Attention à ne
pas considérer ça comme du Death Metal « pur » : la
déception serait trop grande. Eh oui, point de riffs à Headbanger
violemment ou de Mosh-parts dévastatrices messieurs, c'est autre
chose dont on parle.
D'abord, qui dit Death Progressif dit
forcément passages instrumentaux, grattes acoustiques et voix
claires. Obscura s'essaie à ces trois éléments, après deux opus
plutôt orientés brutal. Et l'essai est concluant. En effet, le
premier morceau par exemple, Septuagint ouvre l'album de manière
magistrale avec ses guitares acoustiques et une progression
dramatique de la structure à la Opeth. Parfait. On note donc que ces passages sont plus nombreux est très bien foutus, ce qui
n'est pas une tare quand on connait le talent mélodique et technique
des mecs.
Les fans de plans jazzy, fins et puissants à la fois seront ravis : ce skeud en contient certainement de très
bons comme le Break/Solo central complètement lunaire de Vortex
Omnivium ou l'intro de Prismal Down. Et si Stephen Kummerer n'a pas
énormément bossé sur sa voix - c'est globalement la même que les
deux précédents, entre voix Death éraillée et âpre à la David
Vincent de Morbid Angel, et Grunt profond typique du Death Metal - , l'on sent que ce n'est pas vraiment l'élément central de la
musique. Toutefois l'on note
quelques passages en voix claire volontairement vocodée mais qui
convient totalement à l'ambiance futuriste. Dommage qu'elle ne soit
pas plus présente. Et finalement, les morceaux les plus
réussis sont clairement ceux développant le plus d'atmosphères
progressives, comme Septuagint, Celestial Spheres ou la pièce
quasi-instrumentale sublime qu'est A Transcendental Serenade.
C'est à peu près tout pour les
qualités selon moi. Et c'est peu. Parlons des défauts. D'abord, la production est beaucoup
trop plate, clairement indigeste. La basse est toujours mise en avant
comme chez beaucoup de groupes du genre, ce qui ravira les bassistes,
surtout que Jeroen Paul Thesseling assure derrière. Mais c'est bien chez
les guitares et surtout chez la batterie que le bât blesse. Cette
dernière a un son beaucoup trop volatile, trop enfantin. La caisse
claire a un son jazz et léger, mais le problème est que
cela fonctionne uniquement dans le jazz justement. Ici, ça donne des
blasts au rendu franchement mauvais, où l'on entend presque que la
caisse claire qui joue à une vitesse tellement folle qu'elle en
devient ridicule... Et quasiment pas les cymbales. Ceux qui ont été
un peu rebuté par la production un peu légère d'un Ithyphallic de
Nile par exemple, vont être dégouté par le son produit ici. Sans
parler du trigg beaucoup trop excessif. (Le « trigg » est
la façon de modifier la batterie électroniquement afin d'obtenir un
son plus propre et plus lisse surtout au niveau du Blast, utilisé couramment dans le Death
moderne.)
Et puis, le son, l'accordage et les
effets sur les guitares sont parfois ridicules et pas un poil
crédible.. (Le solo central de A Transcendantal Serenade qui gâche
vraiment le morceau.) et bien sûr les plus allergiques au
techno-death vont rire à certains riffs s'assimilant presque à du
Nintendo-core. Et au delà de l'aspect purement musical, certains
trouveront l'idéologie et le mouvement de « Death Metal
technique » risible : surenchère de technicité façon
« branlette de manche » et de rapidité. Sur les premiers
albums du genre (Death, Cynic) ça restait complètement pertinent et
intéressant, mais là c'est trop.
Bon alors, à écouter ou pas ce nouvel
Obscura ? Oui, pour ses morceaux progressifs et ses passages Jazzy, planants et passionnants
(Vortex Omnivium, Transcendental Serenade), mais pas pour les mauvais
passages de Death Technique comme sur Ocean Gateways ou Euclidean
Elements. Une conclusion mitigée.
A écouter : Septuagint, A Transcendental Serenade, Vortex Omnivium.