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Biographie

Oathbreaker

Oathbreaker est un quatuor originaire de Ghent en Belgique, formé en 2008. Composé de Caro Tanghe (Chant), Lennart Bossu (Guitare - Amen Ra), Ivo Debrabandere (Batterie) et Gilles Demolder (Basse), le groupe joue un Hardcore chaotique, noir et extrêmement violent. Un premier éponyme voit le jour en 2008 puis le groupe se fait connaître peu à peu en partageant la scène avec Converge, Blacklisted, Entombed, Trap Them ou Amen Ra. En 2011, ils signent chez Deathwish pour la production de leur premier album : Mælstrøm. Deux ans plus tard, une suite nommée Eros|Anteros lui est donnée, suivie par Rheia, qui amène une évolution différente en 2016.

Chroniques

Rheia Eros|Anteros
12.5 / 20
22 commentaires (15.82/20).
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Rheia ( 2016 )

Le chant clair n’est pas en soi une nouveauté chez Oathbreaker. Maelstom sur l’éponyme, The Abyss Looks Into Me ou encore Clair Obscur sur Eros|Anteros constituaient ainsi autant de respirations, de ruptures nettes au milieu du chaos dans lequel la formation nous plongeait. L’impression de relief qui en résultait était alors simplement énorme. Vous l’aurez sûrement compris, le chant clair est à l’honneur de ce troisième LP. Pour autant, même s'il en constitue l’élément le plus saillant, résumer l’évolution artistique des Belges à ce seul point serait réducteur car c’est bel et bien un changement radical d’ambiance qui nous est donné à entendre. Transparaissant notamment au travers des textes, la mélancolie est omniprésente et flirte même un peu trop souvent dangereusement avec son pendant négatif, l’apitoiement. Que Caro Tanghe ait une belle voix est une chose acquise cependant, passé un stade, les lamentations finissent par fatiguer et on se demande où est passé l'emblématique sauvageonne mi-effarouchée mi-féroce.

Dépassant cette question du chant, Rheia souffre de plusieurs maux que les écoutes successives ne font que renforcer. Vendu comme un disque repoussant les limites entre les genres musicaux, ce nouvel album des Belges donne plutôt l'impression de verser dans les clichés Post, multipliant les interludes inutiles (la production signée Jack Shirley donne le sentiment, avec I’m Sorry, This Is, d’entendre une chute de SunBather) voire dans le facile, Immortals nous inondant de nappes de guitares mollassonnes et paresseuses. Passé Where I Live, on sombre définitivement dans un ennui dont hélas, rien ne viendra nous tirer.
Au-delà de la qualité des compositions, c’est d’une façon globale la production qui pose question tant l’absence de rythme qu’elle insuffle est pénalisante. Le meilleur exemple pour l'illustrer est l’acoustique Stay Here / Accroche-Moi qui vient briser la dynamique qui émergeait à peine de Being Able to Feel Nothing. Le groupe passe ainsi de façon assez incompréhensible à côté de la transition et de la montée en puissance naturelle vers Needles in Your Skin qui leur tendait grand les bras. Le dynamisme, pierre angulaire de l’identité de la formation  est également sacrifié au profit de titres dont la longueur, hors interludes, dépasse allégrement les 5 minutes sans forcément toujours convaincre.

Contrairement à ce que pourrait penser les amers paragraphes précédents, tout n’est pas à jeter, bien au contraire. Second Son of R., Needles in Your Skin et dans une certaine mesure Being Able to Feel Nothing ou Where I Live sont autant de pépites où cohabitent à la perfection rage hystérique et tension émotionnelle. Force est de constater que ces morceaux sont musicalement ceux les plus proches des précédentes productions d’Oathbreaker...

L’histoire de ce LP est vieille comme le monde : après deux parpaings balancés avec rage, les Oathbreaker ont légitimement eu envie de faire évoluer leur musique. Rheia est donc ce si fameux et si complexe album de transition, en quelque sorte leur White Pony, pour reprendre un poncif du genre. En creux est donc posé le sujet récurrent de l’évolution, celle-ci ne pouvant être une fin en soi et n’étant en rien gage de qualité. Une redite n’était évidemment absolument pas ce que l’on attendait des gantois mais c’est bien la déception qui domine au sortir de la grosse heure que dure le disque. La volonté de bien faire, de s’appliquer et de ne pas tourner en rond est clairement perceptible mais décidément, l’ensemble ne fonctionne pas aussi bien qu’on l’aurait voulu. On ne sait désormais s'il faut attendre ou redouter le prochain essai.

A écouter : Second son of R, Needles in Your Skin
16 / 20
6 commentaires (15.83/20).
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Eros|Anteros ( 2013 )

Dans le domaine très en vogue du Hardcore chaotique à la Converge, difficile de se faire une place au soleil. Entre les Trap Them, Alpinist, Black Breath, Cursed, The Secret, et autres Rise and Fall, les groupes se bousculent au portillon remportant plus ou moins de succès. Avec son premier album sorti en 2011, Oathbreaker a montré une capacité singulière à mélanger les genres qui leur a valu de très bons retours autant de la presse que du public. Outre le fait que le chant soit assuré par une chanteuse -chose assez rare dans ce milieu- Oathbreaker avait su marquer de son empreinte un genre qui aurait plutôt tendance à rester sur ses acquis. Eros|Anteros, une mythologie pour tous ou un burning out musical ?

Première écoute ? Ainsi soit-il ! On ne peut pas nier une volonté d’apporter une touche plus aérienne aux compositions. Avec deux morceaux allant au delà des neuf minutes, Oathbreaker a accentué l’aspect atmosphérique de sa musique sans pour autant perdre son penchant pour la bastonnade Hardcore.


Entre Eros et Anteros, la musique d’Oathbreaker, entre amour et désunion, nous jette au centre de la friction créatrice des genres, celle qui laisse entrevoir les meilleurs crus. Dualité donc où frappent l’opposition des forces, des énergies, des émotions. L’ambivalence déchirante en testament d’une créativité diabolique. Oathbreaker ose la confrontation et souffle sur les braises d’un genre en quête de salut. Alliant la puissance du Crust Punk et la lourdeur d’un Sludge teinté de Doom, le groupe réussit le pari audacieux d’amocher avec classe et volupté.

Le chaos orchestré par Oathbreaker est d'une intensité rare et la voix de la chanteuse y est pour beaucoup. L’antagonisme énoncé en préambule est décelable dans la voix majoritairement criarde et enragée de Caro Tanghe : entre hurlements crève-cœurs à en faire pâlir les maîtres du genre et une voix claire cristalline passant du chuchotement à l’aigüe sans aucune difficulté ! Bien loin d’un quelconque artifice, elle apporte une véritable plus-value à la musique du combo flamand. Pour tous mes éventuels futurs détracteurs, je vous propose The Abyss Looks Into Me où elle passe du hurlement au chant clair avec une facilité déconcertante.

Cette variété défenestrée des genres était déjà présente sur le premier LP du groupe. Même si l’album était très majoritairement ancré dans un Punk Hardcore teinté de Crust, le morceau final Maelstrom venait conclure l’album en pointillé acoustique. Sur ce second opus, Oathbreaker s’est donc pris au jeu du brouillage de pistes avec bien plus d’aisance. Alliant des passages tantôt Black Metal sur entre autre No Rest For The Weary et Agartha -où le groupe nous fait penser aux excellents Deafheaven- tantôt Hardcore Crust sur No Rest For The Wearyles ou Upheaval, les morceaux les plus courts ont un penchant Black n’ Roll terriblement efficace qui lorgne sur ce qu’un groupe comme Kvelertak peut proposer.

Mais la grande nouveauté sur cet album est bien entendu l’apparition de morceaux où un apaisement relatif est assumé. Au delà du fait de partager le même guitariste, Oathbreaker et Amen ra partagent dorénavant cette même créativité destructrice entre noirceur crasseuse et mélodies malsaines. Les montées en puissance rageuses sont bien présentes au même titre que le déchaînement de guitares plombées. Sous certains aspects, l’influence d’Amen ra est donc plus que jamais présente chez Oathbreaker. The Abyss Looks Into Me, Clair Obscur voire Offer Aan De Leegte en sont les témoignages les plus marquants : le tempo y est ralenti, les voix éthérées et les crescendos dévastateurs. Clair Obscur en particulier, où le chant clair de Caro Tanghe laisse peu à peu présager du cataclysme final à la manière de Nowena | 9.10, morceau clôturant le Mass V d'Amen ra.

C’est donc dans la belligérance des genres que cet album tire son salut. Alliant avec brio les genres précités, Oathbreaker devient le poumon d’un genre souvent en déficit d’originalité. Le groupe parvient à varier les plaisirs et à nous charmer par un éclectisme assumé renversant. Moins facile d’accès que le précédent, Eros|Anteros garde tout de même cette immédiateté jouissive qui a fait la renommée de ses compositeurs.

A écouter : No Rest For The Weary, The Abyss Looks Into Me, Offer Aan De Leegte, Clair Obscur