Home : premier projet pour les canadiens de Numenorean et nouvelle pièce venant s’insérer sur le marché
déjà foisonnant des albums de Post Black Metal à tendances atmosphériques.
Signés par le prestigieux label Season Of Mist, les musiciens dévoilent un
disque à l’artwork cru pour certains, résolument esthétique pour d’autres, mais
qui après quelques écoutes se révèle un complément décisif à la compréhension
d’une œuvre aussi scabreuse que délicate.
Sans foncièrement innover ou renverser les codes de manière
arbitraire, Numenorean propose une musique aboutie et condensée, riche de sens
et parcourant les ambiances et états d’âme avec adresse. S’ouvrant sur ce qui
semble être des sanglots féminins, Home fait ensuite errer au travers des motifs cleans et généreusement réverbérés des guitares célestes
ainsi que devant les murs de riffs orageux couplés à la voix grondante de
Brandon Lemley. Une alternance non-dénuée de beauté mettant un point d’honneur
à cette tornade musicale aussi gracieuse qu’abrupte.
On décèle promptement les
influences de groupes comme Ghost Bath, la différence principale étant les
vocaux, beaucoup plus caverneux en ce qui concerne la formation canadienne
–Numenorean tiendra d’ailleurs la première partie de Ghost Bath aux côtés de Frosthelm lors d’une tournée américaine annoncée pour cet automne. Quelque fois
même, l’on saisit quelques similitudes avec les français de Regarde Les Hommes
Tomber, notamment lors des montées en puissance instrumentales.
Numenorean évoque par ses notes et
ses paroles la recherche de l’accomplissement et du bonheur, entravé par le
vide et les déceptions continuelles de la vie. Seule l’innocence de l’enfant ne
connaissant rien au monde perverti qui l’entoure peut permettre d’y accéder
mais en devenant adulte et en traversant les désillusions du quotidien, les
hommes se blessent et ne peuvent finalement accéder à la félicité que par la
mort. La pochette symbolise ainsi la mort de l’innocence et la perte d’un
espoir vain.
In fine, Home fait partie de ces
disques que l’on ressent avec le cœur avant dissection par le cerveau, et où
l’on oublie quelque peu les instruments ainsi que le côté technique, préférant
considérer la musique comme un tout indissociable. Sans s’adonner à l’originalité,
Numenorean nous offre une œuvre complète, aboutie et plus que jamais esthétique.
Un disque introspectif et torturé, extrêmement concluant pour un premier projet
et qui accompagne à merveille les voyages méditatifs à travers la brume.
A écouter : Si vous aimez Ghost Bath et consorts.